RDC – Présidentielle 2018: l’opposition unie, est-ce la fin d’un conte de fée ?

L’opposant Félix Tshisekedi s’est retiré de l’accord entre les leaders de l’opposition du pays de présenter un candidat unique à la présidentielle de décembre 2018. Cette nouvelle position change désormais la donne pour la prochaine élection.

Après le choix de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition à la présidentielle de décembre en RDC, Félix Tshisekedi, leader du parti UDPS vient de se retirer de cet accord. Une situation qui intervient alors qu’au lendemain du choix de Fayulu, plusieurs milliers de militants se sont mobilisés pour exprimer leur mécontentement face à ce choix des leaders de l’opposition. Cette sortie de l’UDPS signifie donc que Félix Tshisekedi se présentera à la consultation présidentielle contre le candidat de Kabila et celui de l’opposition unie. Sauf un autre revirement de la situation il pourrait avoir un combat fratricide en décembre prochain dans ce pays où le président en place est déjà très décrié et où la population espère la venue d’un « messie » pour y régler tous les problèmes.

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L’union tant espérée ne sera surement pas pour maintenant dans les rangs de l’opposition congolaise. A peine réunie que déjà dispersée par des aspirations et visions différentes. « J’ai compris que l’acte posé à Genève a été mal compris et rejeté par la base. Par conséquent, je retire ma signature de cet accord que nous avions signé hier dimanche au nom de l’UDPS », a déclaré M. Tshisekedi dans un entretien avec la radio Top Congo. Mais pourquoi avoir posé sa signature si tant est qu’il faudra se retirer quelques heures plus tard ? L’opposant semble montrer à quel point il est à l’écoute de sa base, voire la population ; un coup de massue prémédité ou pas dans le dos de ses désormais ex-partenaires politiques qu’il va lui falloir combattre par tous les moyens s’il veut remporter la présidence.

Les grandes questions

Mais qu’est-ce qui le rend aussi sûr ? Pourquoi Tshisekedi pense pouvoir se passer d’une alliance avec les autres poids lourds politiques du pays et gagner la consultation électorale ? Il y a quelques jours, un sondage relayé par les médias locaux et étrangers donnait Félix Tshisekedi devant les autres candidats avec plus de 50% des intentions de vote. Soit, une avance qui pourrait, éventuellement, monter à la tête du leader de l’UDPS qui pense donc avoir une chance en allant au front sans, et contre tous. Si c’est le cas, le fils de l’emblématique opposant Etienne Tshisekedi pourrait avoir une surprise pas très agréable, car les sondages restent ce qu’ils sont, des calculs statistiques basés sur de simples hypothèses et de la théorie.

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Toutefois, l’UDPS n’a-t-il pas raison de prendre ses distances de l’accord de dimanche à Genève, dans le sens où le choix de ses paires était plutôt osé et surprenant ? Plusieurs observateurs s’attendaient à un choix beaucoup plus imaginé de tous les congolais. Celui de Félix Tshisekedi ou de Vital Kamerhe, les leaders des deux partis les plus populaires de la RDC, l’UDPS et l’UNC. « C’est un choix de l’échec, nous accordons 48 heures à Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi pour qu’ils désignent un candidat commun, entre eux, c’est soit Tshisekedi ou Kamerhe », a déclaré à la presse Sele Yemba, porte-parole adjoint de l’UNC. « Leur décision ne nous engage pas. A l’Udps, c’est la pyramide inversée. C’est la base qui commande. Même si Félix décide de voter pour Fayulu, c’est son affaire », a déclaré à Anadolu Léonard Tshikambala, membre du parti de Tshisekedi.

Jeter l’éponge

Des réactions qui pourraient être partagées par plusieurs militants de l’opposition congolaise. De toutes les façons, les jeux sont faits et reste à chaque parti de décider de l’avenir de l’opposition à la fin de l’élection de décembre prochain. C’est soit, rester à sa place et continuer à ressasser (éventuellement) les mêmes critiques contre le candidat de Joseph Kabila qui aurait gagné grâce à sa dispersion, ou soit se retrouver à l’autre bout de la corde (au pouvoir) avec un coup de la providence ou parce qu’elle a eu la clairvoyance  que seule une alliance forte pourrait lui permettre de triompher.

Une dernière option qui ne serait possible que si le camp Fayulu et le camp Tshisekedi/Kamerhe se rendent compte de leur faiblesse à combattre en rang dispersé et que l’un jette l’éponge au profit de l’autre. Dans tous les cas, c’est Joseph Kabila et son équipe qui se frottent les doigts.