Gabon: paralysé par un AVC, Ali Bongo paralyse à son tour le pays

Après leur réunion en assemblée générale mercredi, où la confédération syndicale Dynamique Unitaire (DU) a débattu de la précédente rencontre de ses leaders avec le vice-président gabonais Pierre-Claver Maganga Moussavou, les travailleurs ont rejeté la proposition de trêve sociale faite à eux, confirmant de ce fait, la marche pacifique du 18 décembre prochain à Libreville.

Le bureau confédéral de DU avait été reçu lundi 10 décembre par Pierre-Claver Maganga Moussavou, le vice-président gabonais, pour tenter d’apaiser les humeurs et de négocier une trêve sociale avec les travailleurs qui avaient déclenché trois jours de grèves la semaine dernière et qui promettaient de récidiver. Il fallait pour le vice-président gagner du temps, en attendant que revienne au pays, le seul qui prend réellement les décisions dans ce pays, Ali Bongo, en convalescence au Maroc après un AVC à Riyad. Face à ces propositions, l’assemblée des travailleurs a opposé une fin de non-recevoir au Vice-président de la République. Une réponse qui complique la tâche au numéro 2 du pays qui probablement ne pourrait pas prendre de décision sans l’aval de l’homme fort affaibli par la maladie. Il va sans dire qu’avec la maladie et l’absence d’Ali Bongo, la machine gabonaise est complètement à l’arrêt.

Avec cet échec de Maganga Moussavou, les travailleurs maintiennent leur mouvement d’humeur. Dynamique Unitaire a confirmé la tenue d’une « marche noire pacifique » le mardi 18 décembre dès 8 heures, appelant les travailleurs et tous les citoyens gabonais à se mobiliser pour protester contre les mesures d’austérité, et réclamer la démission de la Cour constitutionnelle, accusée d’avoir modifié l’article 13 de la Constitution afin de ne pas déclarer la vacance du pouvoir, rapportent les média locaux.

La crise prend de plus en plus corps

L’absence du président de la république du Gabon depuis plusieurs semaines commence à créer des frustrations et autres formes de tension dans le pays. Le vice-président a tenté d’apaiser la situation tant bien que mal en assurant que Bongo s’informait de la situation du pays et qu’il lui était possible de prendre des décisions importantes à partir de l’ambassade du Gabon près le Maroc. Il a toutefois signifié que cela ne pourrait se faire que lorsque le président serait en mesure de se déplacer. Des propos qui trahissent les efforts de communication fait par le gouvernement pour tenter de prouver qu’Ali Bongo récupérait très rapidement.

La situation de crise actuelle au Gabon tire son origine d’une part, des mesures d’austérité consécutives à la crise économique que traverse actuellement le pays, et d’autre part de l’instabilité politique engendrée par le contentieux post électoral issu de la présidentielle passé et surtout par l’absence, depuis le 24 octobre dernier, du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba ainsi que la confusion entourant son état de santé et sa capacité à gouverner. Reste à savoir si les autorités prendront les mesures nécessaires afin d’éviter que cette situation de crise ne s’amplifie, souhaite un média local.