Cameroun: « Je ne suis pas camerounais…», les leaders anglophones demandent à être jugés au Nigéria
Ayuk Tabe Sisiku, le président autoproclamé de l’Ambazonie, nom de l’Etat indépendant que les séparatistes veulent créer au Cameroun anglophone, et ses neuf co-accusés ont comparu pour la troisième fois devant le tribunal ce jeudi 10 janvier. Ils ont toutefois été surpris, après une suspension, de voir devant eux de nouveaux juges autres que ceux devant qui ils avaient déjà comparu deux fois.
Après une brève suspension du procès qui a débuté jeudi vers 14 heures, le tribunal a été reconstitué et le président de la collégialité siégeant dans cette affaire, le Colonel Mem Michel a été remplacé par le Colonel Abega Mbazoa épse Eko Eko. Devant le nouveau président de ce procès, les dix séparatistes ont plaidé pour un jugement dans « une juridiction civile et au Nigéria » où ils avaient été interpellés le 5 janvier 2018 et extradés à Yaoundé. « Je ne suis pas camerounais, je suis ambazonien », c’est en ces mots que s’est exprimé chacun des leaders anglophones. « Nous avons été interpellés au Nigéria et nous demandons que notre jugement se passe au Nigéria », a dit le président autoproclamé de l’Ambazonie au juge. Selon le responsable du collectif d’avocats des séparatistes, Maitre Fru Nfoh, ses clients bénéficient d’un statut de réfugiés et ne devraient pas être extradés au Cameroun pour être jugés. « Nous avons demandé un renvoi du procès le temps pour nous de produire des documents qui prouvent que nos clients sont des réfugiés. Une personne qui jouit de ce statut est protégée et ne peut être extradée », explique maitre Fru à l’agence Anadolu. La défense a donc demandé un ajournement du procès et ceci lui a été accordé. Il va sans dire que l’audience prochaine aura lieu le 7 février prochain au tribunal militaire de Yaoundé dans la capitale camerounaise.
Sisiku Ayuk Tabe et les neuf autres personnes qui ont comparu à ses côtés jeudi sont accusés notamment d’apologie d’actes de terrorisme, sécession, financement d’actes de terrorisme, révolution, insurrection et hostilité contre la patrie, selon le tribunal militaire au Cameroun. Plus de 80 avocats anglophones et francophones assurent la défense des accusés. La justice camerounaise avait déjà rejeté mi-novembre en appel, la demande de libération du leader séparatiste anglophone Sisiku Julius Ayuk Tabe et ses compagnons qui n’étaient jusque-là pas passé en jugement. Ayuk Tabe et les 46 autres activistes anglophones arrêtés au Nigeria constituaient la branche politique du mouvement séparatiste anglophone camerounais, prônant la négociation avec Yaoundé pour arriver à leurs fins. Depuis la fin 2017, des centaines de séparatistes ont pris les armes dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Des affrontements entre soldats déployés en nombre dans les régions en crise et ces séparatistes, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s’y produisent depuis quasiment tous les jours.
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