Crise au Togo: la « médiocrité politique » de la mouvance et de l’opposition en question

Delali Zognrah, Président de Avé Développement a donné sa lecture de la situation sociopolitique togolaise. Ce jeune ressortissant d’Assahoun et qui fait des tours entre les États-Unis et le Togo s’investit dans le développement de son pays, notamment la préfecture de l’Avé, son origine. Son patriotisme et son dévouement au progrès socioéconomique de son pays ont poussé ses compatriotes à souhaiter le voir postuler aux législatives de décembre passé, ce qu’il n’a pas fait. Au détour d’une interview qu’il a accordé à Togobreakingnews, il fait son coup de gueule sur la politique de son pays et explique le bien fondé de ses distances vis-à-vis de la politique togolaise.

S’exprimant sur la situation de son pays lors de l’interview, Delali Zognrah n’a pas fait dans la dentelle pour dépeindre le Togo comme étant en crise sociopolitique, ce que selon lui, moult togolais refusent de voir ou feignent de ne pas voir, s’est indigné l’interlocuteur de Togobreakingnews. Il n’a pas manqué aussi de mentionner les causes de la chienlit politique qui met la crise dans le pays de Gilchrist Olympio, causant depuis plus de deux décennies, des torts sans nombres et sans noms aux pauvres populations.

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L’une des causes de la crise togolaise est selon lui ce qu’il nomme la culture de la médiocrité très répandue aussi bien du côté du pouvoir que de l’opposition. « Cette culture de médiocrité se répand à tous les niveaux de l’Etat et dans toutes les couches de la population. Le sens du patriotisme n’existe plus. » . Dans la même veine, Il dénonce en sus que depuis cinquante ans d’indépendance, les populations soient laissées pour compte et ne bénéficiant pas du strict minimum de la part des politiques, notamment ceux qui président à la destinée du pays. « Nous sommes dans un jeu politique à somme nulle où les décisions politiques produisent des gagnants dans l’élite politique, alors que le peuple est toujours perdant. » . Il place ainsi dans le fait de bafouer les intérêts de la patrie par les dirigeants, la deuxième cause de la crise qui s’empare du Togo depuis belle lurette.

Au sujet des récentes législatives auxquelles a refusé de prendre part la Coalition des 14 partis de l’opposition, parce que organisées sans consensus, il a renvoyé dos à dos parti au pouvoir et opposition en jetant un discrédit sur la gestion qui a été faite des reformes exigées avant ces élections législatives de décembre. Pour lui, c’est une erreur que de recourir à des facilitateurs qui ne maitrisent pas les tenants et aboutissants de la crise togolaise. « Dites-moi comment peut-on régler la crise des Togolais ailleurs qu’au Togo ? Nous sommes au Togo. Ici on se connaît et nous connaissons nos problèmes, nous n’avons pas besoin d’aller demander la facilitation des pays étrangers qui n’ont pas encore réglé leurs propres problèmes chez eux. Je ne pense pas que Conakry se trouve dans la préfecture de l’Ave et Abuja dans la préfecture de la Kozah. S’il doit y avoir une solution à la crise togolaise, ça doit venir des togolais eux-mêmes. ».

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Il reproche alors à l’opposition d’avoir échoué à faire le contrepoids face à la majorité au pouvoir et dénonce aussi le fait que les personnes qui portent et incarnent l’opposition soient les mêmes depuis pratiquement plus d’un quart de siècle. L’échec du dialogue qui a précédé les dernières élections législatives serait dû selon son entendement à l’incompétence de l’opposition. « L’opposition togolaise ne nous dira pas qu’elle ne savait pas l’issue de ce dialogue dans lequel elle s’est lancée. Nous sommes en politique, il ne faut pas être naïf, il faut être stratège comme le pouvoir. Pour le boycott, l’opposition n’avait pas le choix parce que le peuple étant fatigué de leur routine, ils ont décidé de changer de système de jeu. Toutefois, je me dis qu’ils sont plus incompétents que le pouvoir parce que le pouvoir a su se maintenir et nous l’avons tous vu dans ses manœuvres. L’opposition elle n’a jamais été au pouvoir donc c’est plus de 25 ans d’échecs avec les mêmes têtes.» Il refuse même de lire le problème togolais sous le prisme des élections. Ces élections à son entendement n’apporteront pas la solution au problème togolais, la solution au problème du Togo est plus profonde que les contentieux électoraux.

Quant à savoir pourquoi il n’a pas voulu se porter candidat pour les législatures comme le lui ont suggéré ceux qui croient en lui, il a été mordant en affirmant l’improductivité de la politique et son dégoût pour elle : « Ma candidature aux législatives n’est pas aussi importante comme les gens l’ont pensé. Personnellement, je pense que le peuple souffre trop et l’élite politique en profite. Je me suis engagé pour aider mon pays à travers des actions de développement. ». Il a ainsi fait savoir qu’il n’a pas besoin d’être candidat avant de s’engager efficacement dans le développement de son pays. Il en veux pour preuve ce qu’il fait déjà pour faire reculer les tentacules de la misère dans son Avé natal. « Député ou pas, nous nous sommes donnés des objectifs à atteindre dans le développement de notre préfecture et je crois que nous y parviendrons. »

« Je n’attends rien de cette Assemblée parce que depuis fort longtemps, nos représentants n’ont jamais représenté le peuple. Ils se représentent eux-mêmes pour leurs propres intérêts. C’est une culture dans notre pays, l’intérêt de l’Etat n’a jamais prévalu. Nos députés se contentent de leur salaire et de leurs bénéfices, donc leur engagement, c’est pour eux et pas pour le peuple. » a t-il conclu.