Putsch manqué au Gabon : un parti d’opposition rompt le silence
Lundi, des militaires de la garde républicaine gabonaise ont tenté de prendre le pouvoir par les armes et se sont emparés de la radio nationale pour faire passer leur message. Ils ont ensuite été arrêtés par l’armée et deux d’entre eux ont trouvé la mort. Depuis, aucune voix officielle ne s’est vraiment prononcée sur cette affaire malgré des zones d’ombre qui l’entachent. Un parti politique du pays a donc décidé de rompre le silence et de réclamer une analyse minutieuse du message des putschistes.
« Quelles sont les causes qui ont conduit un jeune officier de 28 ans, produit du Prytanée militaire de Libreville, formé pour servir dans la stricte soumission à l’autorité, à prendre la responsabilité de contester l’ordre établi, risquant au mieux une carrière prometteuse et même sa vie et celle de ses compagnons d’armes ? Est-ce l’expression du désespoir qui gagne la jeunesse de tout un pays ? », s’interroge l’Union Nationale dans une déclaration de son président Zacharie Myboto. Le parti d’opposition a condamné l’acte de ces jeunes militaires qui ont tenté de prendre le pouvoir par la force au Gabon mais s’étonne du silence des autorités tant politiques, judiciaires que militaires. « L’acte de ces jeunes compatriotes est d’une extrême gravité. Nul ne peut le contester. Toutefois, l’Union Nationale constate pour le regretter qu’en dehors du Porte-parole du Gouvernement, ni les chefs de corps, ni le Procureur de la République, ni les Ministres en charge de l’Intérieur et de la Défense Nationale, pourtant tous présents sur le territoire national, ne se sont exprimés sur ces événements qui ont fait le tour du monde », a déclaré Myboto.
Interrogations sur l’acte des putschistes
Pour l’Union Nationale, « la volonté de conservation du pouvoir par tous les moyens qui caractérise le régime, est à l’origine de la crise sans précédent que traverse notre pays et dont les événements de ce 07 janvier 2019 témoignent du niveau d’exaspération du peuple gabonais à travers sa jeunesse. L’acte posé par le jeune Kelly Ondo Obiang, tout en réaffirmant son extrême gravité, n’est-il pas un acte de témoignage ? Témoignage du sentiment qui habiterait chaque Gabonaise et chaque Gabonais, notamment la jeunesse, au regard de la situation du pays et au-delà de toute sensibilité politique. Témoignage qui s’adresserait au pouvoir établi, à la classe politique ainsi qu’à la communauté internationale ». Le parti dénonce par ricochet, les différentes faveurs et les manipulations de la constitution par la cour constitutionnelle pour selon lui, permettre le maintien d’Ali Bongo au pouvoir, lui octroyant plein pouvoir.
« Depuis plusieurs années, particulièrement depuis 2016, la Cour Constitutionnelle s’est autorisée des libertés avec la Constitution en la manipulant pour permettre à Monsieur Ali Bongo de se maintenir au pouvoir, en dépit de tout. Cette situation, que l’Union Nationale n’a jamais manqué de dénoncer, est devenue intenable et fait peser sur le pays un risque réel de rupture », estime l’opposant.
Mais où est passé Bongo?
Il regrette aussi que, malgré la gravité de la situation et les différentes réactions des institutions internationales pour condamner l’acte, le président de la république Ali Bongo, ne soit pas encore rentré au pays en urgence. « L’Union Nationale relève que plusieurs Chefs d’États étrangers, plusieurs États, l’Union Africaine et même les Nations-Unies ont publié des communiqués de circonstance pour relever le sérieux des événements qui se sont produits au Gabon. Malgré cela, Monsieur Ali Bongo n’a pas regagné en urgence le Gabon ni pris la parole, comme la situation l’exige. Pourtant, le gouvernement, relayé en cela par le Parti démocratique gabonais (PDG) n’ont eu cesse d’affirmer qu’Ali va Bongo va très bien et qu’il travaille tous les jours. Pourquoi ne s’est-il jusque-là pas exprimé sur la question ? Pourquoi ne regagne-t-il pas le pays en urgence pour remettre de l’ordre dans la troupe, lui le chef suprême des armées ? », indique Myboto et se posant des questions qui paraissent pertinentes.
Et de poursuivre que «Le silence assourdissant de Monsieur Ali Bongo, à un moment aussi grave, légitime les doutes au sujet de sa capacité à assumer les lourdes charges de sa fonction. Il confirme de nouveau l’urgence de désigner une commission médicale à Rabat, pour constater si Monsieur Ali Bongo est en capacité de remplir consciencieusement les devoirs de la charge liés à la fonction de président de la République, Chef de l’État, Chef Suprême des armées ».
La constitution du Gabon
Des questions du parti d’opposition qui d’ailleurs taraude aussi l’esprit de plusieurs observateurs. Après avoir attiré l’attention des uns et des autres sur l’incident de lundi, l’Union Nationale a conclu sa déclaration en appelant à l’application des dispositions de la constitution. « Avec gravité et au-delà de toute polémique, l’Union Nationale exhorte la communauté nationale, sans exclusive, à prendre l’entière mesure de la situation actuelle de notre pays et invite chacun à admettre l’impérieuse nécessité des décisions qui s’imposent et que la Constitution en vigueur prévoit ».
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