Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara s’exprime enfin sur l’acquittement de Laurent Gbagbo

Lors du 32e sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, le président ivoirien Alassane Ouattara a été l’invité Afrique de RFI. Il est revenu entre autres questions, sur l’acquittement de son prédécesseur Laurent Gbagbo.

« Quelqu’un doit bien être responsable de ces 3 000 morts »

Le président Ouattara a indiqué n’avoir pas eu de réaction exceptionnelle après l’annonce de l’acquittement de Gbagbo. Il trouve normal sachant que le procès continue. Pour Ouattara, pour  les victimes (3000 morts) de la crise de 2010 il faut bien trouver de coupables et que  la justice  soit rendue. « Quelqu’un doit bien être responsable de ces 3 000 morts. J’espère que la justice fera la lumière sur cela. C’est ce que les victimes demandent », a déclaré à Rfi le président ivoirien tout en soulignant ne pas avoir d’avis en ce qui concerne le caractère juste ou non du procès Gbagbo. Ouattara préfère jouer la carte de la prudence et attendre la fin du procès. « Je n’ai pas d’avis. Ils ont donné une décision, en première instance, je vous signale. Et maintenant, il y aura sans doute appel au niveau du procureur. Mais attendons de voir comment les choses vont se terminer », a déclaré ADO.

Dans un autre registre, plusieurs personnes, dont les partisans de Gbagbo, pensent que la Côte d’Ivoire fait partie des probables « mains invisibles » qui instrumentalisent la Cour pénale internationale ; le président Ouattara, dans une ironie plutôt amusante a trouvé ridicule cette façon de penser en estimant que ce n’est pas de son genre d’interférer dans les affaires judiciaires et de surcroît une justice internationale. « Eh bien, dites donc, nous sommes vraiment puissants (rires). Mais au moins, ils reconnaissent que la Côte d’Ivoire est maintenant un pays puissant, moderne qui a des relations, mais interférer avec la justice internationale ou nationale, ce n’est pas comme ça que je gère mon pays », a-t-il répondu.

Retour de Gbagbo

Sur la question d’un probable retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, alors qu’il est condamné dans une autre affaire dans le pays, le président Alassane Ouattara indique que « la Côte d’Ivoire est un Etat de droit. On avisera à ce moment-là ». Sur ce sujet, plusieurs personnes ont indiqué que les pro-Gbagbo seraient en discussion avec les autorités ivoiriennes pour trouver un terrain d’entente afin que s’il rentre au pays, Gbagbo ne soit pas arrêté. Mais Alassane Ouattara est clair, « pour le moment, il n’y a aucune discussion », a-t-il souligné indiquant n’avoir pas été contacté par qui que ce soit. Il va sans dire que le président reste ouvert  à de éventuelles négociations. « Mais je suis disponible pour discuter de toute chose concernant la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens », souligne Ouattara.

« Sans exclusivité je suis pour la paix, je suis pour que la Côte d’Ivoire continue dans la tranquillité, que les progrès importants que nous avons vus ces sept dernières années puissent se consolider dans tous les domaines économique, social, sur le plan de la gouvernance démocratique, etc. », insiste le président alors même que les partisans de l’ancien président disent que si Laurent Gbagbo rentrait au pays, ce serait dans un esprit de réconciliation. « Mais je le souhaite. Ce serait une très bonne chose », a conclu Ouattara.