Algérie: «la France est très attentive aux événements qui se déroulent », Le Drian
La France suit de près les manifestations antigouvernementales dans l’ancienne colonie algérienne, mais il appartient aux Algériens de décider de leur avenir, a déclaré mercredi 06 mars, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
« Nous devons laisser le processus électoral se dérouler », a déclaré Le Drian, indiquant que « la France, évidemment, à cause de nos liens historiques (…), est très attentive aux événements qui se déroulent. »
Tard mardi soir, des vétérans de la guerre algérienne ont déclaré que les manifestants exigeant la démission de Bouteflika après 20 ans au pouvoir suscitaient des inquiétudes légitimes, et ont exhorté tous les citoyens à manifester, faisant apparaître un autre signe de fissure dans l’élite dirigeante. « L’Algérie est un pays souverain et il appartient au peuple algérien, et à eux seuls, de choisir leurs dirigeants et leur avenir, il appartient au peuple algérien de définir ses aspirations, ce qui implique la transparence et la liberté du processus », souligne le Drian.
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La France compte plus de 4 millions d’habitants d’origine algérienne. Tout bouleversement dans le pays d’Afrique du Nord, qui a obtenu son indépendance de la France en 1962 après une guerre de huit ans, aurait des répercussions inévitables en France. Si la situation dégénérait nettement, les responsables français craindraient un afflux de réfugiés ou de migrants clandestins, ainsi qu’une crise sécuritaire dans une région déjà déstabilisée par des militants islamistes.
Il faut aussi noter que l’Algérie est un important fournisseur gazier de la France. « C’est pourquoi la stabilité, la sécurité et le développement de l’Algérie sont absolument essentiels », a déclaré Le Drian, appelant les manifestations dans cette ville à rester pacifiques.
La carte de la grande prudence
La France a fait preuve de prudence en réagissant à la vague de manifestations, ne voulant pas être accusée d’ingérence dans les affaires algériennes ou ne pas en faire assez pour aider les manifestants cherchant une transition politique dans le pays, ont indiqué des diplomates. La semaine dernière, l’ambassadeur de France en Algérie a été invité à rentrer chez lui pour informer personnellement Le Drian et le président Emmanuel Macron. La réunion a été rendue publique pour envoyer un message au gouvernement algérien que Paris surveillait attentivement les événements. «Nous ne savons pas ce qui se passe. C’est absolument explosif et tout ce que nous disons pourrait allumer un fusible. Nous devons rester très prudents », a déclaré une source diplomatique française.
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans les villes algériennes lors des plus grandes manifestations depuis le Printemps arabe de 2011, appelant le président Abdelaziz Bouteflika, âgé de 82 ans, à ne pas se présenter aux élections prévues pour le 18 avril. Malgré la répression policière et la promesse de Bouteflika de se retiré un an après son élection, les manifestants, en majorités des jeunes, ont continué les mouvements de façon plus intense. Les Etats Unis ont appelé mercredi au respect des droits de l’homme dans le pays et ont apporté leur soutien aux manifestants.
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