Bénin – crise préélectorale : le jusqu’au-boutisme suicidaire des forces politiques
Le Bénin traverse une situation à nulle autre pareille née de l’exclusion des partis de l’opposition dans le cadre des consultations électorales du 28 avril. Une crise politique qui prend des proportions inquiétantes et il est à redouter le risque d’une implosion sociale.
Les élections législatives auront-elles lieu le 28 avril prochain ? La question reste entière et constitue une inquiétude pour le commun des Béninois. Mais le chef de l’Etat, Patrice Talon reste intransigeant sur la tenue à bonne date du scrutin. Toute chose qui renforce la commission en charge des élections au Bénin et elle avance droit dans sa mission régalienne balayant du revers de la main l’appel d’autres forces politiques à une élection inclusive. Le processus électoral a abordé un virage décisif depuis le démarrage effectif de la campagne.
La mouvance contre vents et marées
Les deux partis représentants la mouvance présidentielle, seules formations politiques en lice ne sont pas ébranlés. Ils occupent le terrain et battent proprement campagne depuis une semaine. Les militants sont invités aux urnes le 28 avril conformément au calendrier électoral. Le langage ‘’pas d’élection sans l’opposition’’ scandé ça et là est comme de l’eau versé sur le dos du canard. Progressistes et Républicains foncent la tête baissée ignorant ou feignant d’ignorer les risques de l’exclusion d’autres forces politiques dans cette course à la députation.
L’opposition se renforce et défie la commission électorale
Contre toute attente, l’opposition s’est vue renforcer dans sa posture par l’un des partis satellitaires de la mouvance. Le Parti du renouveau démocratique, alors que les informations faisaient état de ce qu’il serait le joker de Patrice Talon et aurait bénéficié de plusieurs avantages pour laisser le processus suivre son cours, Me Adrien Houngbédji et les siens ont clarifié leur position. Dans un communiqué, le 16 avril, le parti Tchoco-Tchoco a reconnu que les partis de l’opposition ont été écartés du processus électoral parce qu’ils se sont heurtés à l’obstruction du ministre de l’intérieur et de la sécurité publique qui a refusé de leur délivrer un certificat de conformité. ‘’Cette obstruction est contraire à la démocratie et à la paix’’, selon le communiqué. Le parti arc-en-ciel exige l’annulation du processus électoral en cours et l’organisation d’élections législatives inclusives. Tout comme le Prd, le leader du panafricanisme Kemi Seba a donné de la voix et vient en appui aux adversaires politiques de Patrice Talon. Sur sa page Facebook, il a indiqué que ‘’le gouvernement qui exclut les partis d’opposition en vue de gagner sans appel les élections est un gouvernement malade’’.
Risque d’une implosion sociale
Dans cette atmosphère où aucune partie n’entend faire des concessions, il faut craindre le pire. On note déjà les prémices d’une situation belliqueuse dont les conséquences seront néfastes pour le Bénin. De simples contestations qui engendrent de grands conflits.
A Manlomi dans l’arrondissement de Atokolibé, par exemple, le candidat républicain Adam Dendé Affo était persona non gratta. Selon les informations relayées par Bénin 24 télévision, des badauds ont soulevé la population contre lui et il dû rebrousser chemin. A Malanhoui, dans la commune d’Adjarra, il se susurre que des individus ont tenté de mettre feu au siège de l’Union progressiste. Quant aux militants Forces cauris pour un Bénin émergent de la commune de Tchaourou et environs, ils sont en campagne pour défier l’autorité de la CENA qui ne reconnaît pas les FCBE comme étant parti en lice. A N’dali, les forces de l’ordre sont parvenues à maîtriser des manifestants sortis pour crier leur ras-le bol face à l’exclusion des partis de l’opposition.
On ne saurait passer sous silence la descente des anciens présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi dans le marché Dantokpa, ce vendredi 19 avril. Une descente qui a drainé du monde et conduit à l’arrestation de deux individus.
Tous les ingrédients se mettent en place peu à peu pour faire le lit à un soulèvement populaire qui pourrait démolir le modèle démocratique béninois. Et pourtant, la communauté internationale avait dépêché une délégation de la Commission de la CEDEAO, le Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies et une délégation de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour rencontrer les protagonistes et trouver un terrain d’entente. Hélas ! La situation tend vers sa détérioration.
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