Bénin – Législatives 2019: Patrice Talon répondra-t-il à l’appel historique du peuple?
Le Bénin s’apprêterait à se révéler autrement sur la scène internationale lors des prochaines législatives sans la participation de l’Opposition. Dans ce contexte de crise généralisée, des appels ne cessent de pleuvoir pour la prise en compte de toutes les tendances politiques dans le processus électoral en cours.
« Le miracle est-il encore possible? » C’est la grosse interrogation qui taraude tous les esprits à la veille du lancement de la campagne électorale pour le compte des législatives qui auront lieu le 28 avril prochain. Sauf miracle de dernière minute, ces élections vont se dérouler sans les partis de l’Opposition. Ce sera une première dans l’histoire politique du Bénin depuis la Conférence des forces vives de la Nation de février 1990.
Lors de son dernier conclave hebdomadaire, le gouvernement a pris acte de l’absence de consensus au parlement devant aboutir à des élections inclusives conformément au vœu de l’ensemble des Béninois. Aussi, le gouvernement a-t-il demandé la poursuite du processus et le respect du calendrier électoral. Dès lors, beaucoup estiment que le sort de l’Opposition est scellé. Ainsi, le prochain parlement sera représenté par les députés issus des deux listes proches du chef de l’Etat, l’Union Progressiste(UP) et le Bloc Républicain(BR). Du côté de l’Opposition, la réaction a été prompte. Elle persiste et signe : “Pas d’élection sans l’opposition”, ont réitéré haut et fort, les leaders de l’Opposition lors d’une déclaration publique tenue à Cotonou, le 03 avril dernier. Dans la même veine, l’ancien chef de l’Etat, Boni Yayi a, à l’issue d’une audience accordée à une délégation de la Francophonie ce mercredi 10 avril 2019, martelé que ces élections ne peuvent s’organiser sans l’opposition.
Des arrestations…
Dans son appel le 03 avril dernier, l’opposition avait appelé le peuple en général et ses militants en particulier à descendre dans les rues sur l’ensemble du territoire national pour exprimer leur ras-le-bol et exiger la participation de toutes les tendances politiques au processus en cours. Des manifestations publiques “sans autorisation” qui se sont soldées par des arrestations de plusieurs militants de l’Opposition. Présentés au procureur, les manifestants sont déposés à la maison d’arrêt de Cotonou et seront bientôt fixés sur leur sort. Ce qui amène, sans nul doute, l’opposition à rebrousser chemin en attendant de définir de nouvelles stratégies de lutte pour faire entendre raison au pouvoir.
Echec des différentes tentatives de sortie de crise
Dans ce climat de suspicion et de méfiance entre la classe politique, l’on se demande si le miracle est encore possible. Après plusieurs sessions extraordinaires, les députés de la 7ème législature ne sont pas parvenues à accorder leurs violons pour sortir de l’impasse en vue des législatives inclusives, gage de paix durable. Toutes les tentatives ont échoué au grand dam des Béninois surtout avec la mise en spectacle de l’élite (chacun défendant ses intérêts). De la concertation du Président de l’Assemblée Nationale avec les leaders des partis politiques impliqués dans le processus en cours, rien de concret n’a émergé. D’ailleurs, il avait été disqualifié par les partis politiques de l’opposition pour conduire la mission à lui confiée par le chef de l’Etat, Patrice Talon.
Toutes les propositions de sortie de crise faites au chef de l’Etat notamment la prise d’une ordonnance ou le retour aux anciens textes n’ont pas prospéré. Mieux, les deux rencontres entre l’ancien chef de l’Etat, Nicéphore Soglo et le Président en exercice Patrice Talon n’ont rien apporté à la sortie de crise. Echec total sur toute la ligne.
Recul démocratique…
Si certains partisans du pouvoir estiment que l’organisation des prochaines législatives sans l’opposition n’est pas une remise en cause des acquis démocratiques, d’autres pensent tout à fait le contraire. Dans le rang des tenants du pouvoir, nombreux sont ceux qui soutiennent que ce serait un recul démocratique et appellent de tous leurs vœux à une sortie de crise.
Pour l’honorable Rachidi Gbadamassi du Bloc de la Majorité Parlementaire (Bmp), tout n’est pas encore fini. “Je continue à croire que quelque chose est encore faisable. Ce n’est pas trop tard, ils peuvent revenir encore, parce que le 12 nous sommes invités au parlement par le président de l’Assemblée Nationale, nous allons retourner encore au parlement pour voir, donc nous majorité parlementaire nous sommes disponibles, nous sommes ouverts. Je crois que le 12 nous allons retourner au parlement et peut-être il se pourrait qu’on trouve de consensus pour permettre à tout le monde d’aller aux élections”, a-t-il confié à une radio locale. C’est dire donc que la situation le préoccupe autant que bien d’autres.
Dans la même dynamique, le Parti Force Cauris pour le développement du Bénin (Fcdb) de l’ancien Ministre Soumanou Toléba croit encore en un « Bénin des miracles, un et indivisible » où il fera bon vivre pour chacun et pour tous. Dans une déclaration rendue publique ce mardi 09 avril 2019, le parti a dénoncé l’absence de consensus au sein du Parlement pour des élections législatives inclusives le 28 avril 2019. Contrairement à d’autres, il reconnaît qu’il s’agit d’un manquement grave qui menace la paix sociale et l’unité nationale. Mieux, il s’est engagé à s’associer à toutes les actions qui s’inscrivent dans la sauvegarde de la démocratie, de la paix durable, de l’unité nationale et du développement.
Ce que redoutent les Béninois
A l’analyse de la situation, il est clair que les Béninois ne veulent plus revivre les périodes sombres de l’histoire du Bénin caractérisées par la “pensée unique” sous le Parti révolutionnaire populaire du Bénin (Prpb). “Avec ce qui se passe actuellement, il n’y aura qu’un seul son de cloche au parlement pour légiférer et de ce point de vue, il n’y aura pas de contradictoire. Il n’y aura que la pensée unique. Toute chose que nous avons refusé au Bénin depuis les années de la dictature militaro-marxiste. Quand les dérives s’installent, les lois qui seront prises ne seront pas forcément dans l’intérêt du peuple. Et la démocratie risque de tourner à la dictature”, a confié le Président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption(ANLC) à la Radio France Internationale(RFI) sur la situation électorale qui prévaut au Bénin. Ainsi, se résument les inquiétudes des Béninois face à l’impasse électorale.
Patrice Talon répondra-t-il à l’appel historique du peuple?
En attendant demain vendredi 12 avril 2019 où tout est encore possible au parlement lorsqu’on s’en tient aux déclarations de l’honorable Rachidi Gbadamassi, le chef de l’Etat sera, dans la soirée de ce jeudi 11 avril 2019, face à son peuple. Même si selon certaines sources, Patrice Talon se prononcera sur le bilan de ses trois (03) ans de gestion, ce sera également sans nul doute l’occasion pour le chantre de la rupture de fixer davantage les Béninois sur le processus en cours.
Laissera-t-il les choses en l’état ou répondra-t-il à l’appel historique de son peuple? Il n’est point besoin de rappeler que l’appel du peuple est de faire participer toutes les tendances politiques aux prochaines législatives. “Celui qui a la clé pour donner la solution afin que l’apaisement que nous souhaitons au Bénin puisse avoir lieu, c’est le Président Patrice Talon”, a insisté Jean Baptiste Elias sur RFI.
Un avis partagé par la majorité des Béninois.
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