Bénin – Législatives 2019: vers un faible taux de participation?

Les prochaines législatives au Bénin vont se dérouler, le 28 avril prochain, sans les partis politiques de l’opposition. Une élection monocolore qui décourage déjà la majorité des Béninois qui se demandent si ça vaut le coup de voter, laissant entrevoir le risque d’un faible taux de participation.

Qui l’eut cru! La chose est désormais possible au Bénin, est-on tenté de dire! Au Bénin, les élections peuvent désormais avoir lieu sans les partis politiques de l’Opposition. C’est une première depuis l’historique conférence des forces vives de la Nation. Ainsi, les Béninois s’apprêtent donc à élire, le 28 avril prochain, leurs représentants tous proches du chantre de la rupture. Seuls l’Union Progressiste (Up) et le Bloc Républicain sont retenus par la Commission électorale nationale autonome (Cena) malgré les “fautes mineures et légères” reconnues par le Président de l’Institution, Emmanuel Tiando lors d’une sortie médiatique. Ceci, en réponse aux graves révélations du Parti du Renouveau Démocratique (Prd) au sujet du traitement de faveur dont auraient bénéficié les deux listes du chef de l’Etat auprès des responsables en charge de l’organisation des élections.

Aucune force de l’opposition ne prendra part à ces élections de renouvellement de la classe politique. Les Forces Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe) de l’ancien Président Boni Yayi, l’Union Sociale Libérale (Usl) de l’homme d’affaires, Sébastien Ajavon et Restaurer l’Espoir (RE) de l’ancien Ministre Candide Azannaï ne seront pas au rendez-vous de l’histoire même s’ils persistent et signent que ces élections ne pourront pas s’organiser sans l’opposition. Même les partis politiques se réclamant toujours du pouvoir en place mais qui ont décidé de faire cavalier seuls sont aussi hors jeu.

Ainsi, le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) du Président de l’Assemblée Nationale, Me Adrien Houngbédji qui a pris part à toutes les élections depuis l’avènement du renouveau démocratique s’est vu disqualifier par la Cena et confirmé par la Cour constitutionnelle. En outre, l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (UdBn) de l’honorable, Claudine Prudencio et la Dynamique unitaire pour la démocratie et le développement (Dud) devront patienter pour les législatives de 2023. Une situation qui donne un goût amer à un grand nombre de la  population béninoise.

Un jeu gagné d’avance…

Beaucoup estiment que le jeu est gagné d’avance par le pouvoir de la rupture. Ils avancent que les législatives qui vont se dérouler dans quelques jours ne présentent aucun enjeu à leurs yeux. “De toute façon, le pouvoir a déjà gagné. A quoi ça sert d’aller voter?”, se demandent-ils. Même s’ils reconnaissent que tout citoyen doit accomplir ses devoirs civiques tels que le vote, ils pensent tout de même que ce serait une perte de temps de se présenter dans les centres de vote le jour du scrutin dans les conditions actuelles.
Aucun intellectuel ne peut accepter ce qui se passe actuellement. C’est inadmissible. Nous n’avons jamais vu ça dans notre pays. Le chef de l’Etat vient d’ouvrir la boîte de pandore”, s’est-indigné un membre fondateur du Bloc Républicain ayant requis l’anonymat avant de souligner que “Ne comptez pas sur moi. Je ne voterai pas parce que les élections sont déjà gagnées par le pouvoir”. C’est dire donc que même dans le camp présidentiel, c’est une pilule amère que certains partisans ont du mal à avaler.

Le rêve des Béninois brisé…

Le jeudi 11 avril dernier, le chef de l’Etat, Patrice Talon s’est prononcé sur le processus électoral en cours caractérisé par l’absence des forces politiques de l’Opposition. Beaucoup de gens espéraient la “solution miracle” de cette sortie du chef de l’Etat pour le dégel de la crise. Mais le chantre de la rupture a laissé les Béninois sur leur faim. Toutes les propositions à lui faites par les forces vives de la Nation notamment la prise d’une ordonnance ont été purement et simplement rejetées. Pas question, insistera le Président de la République qui pense que cette option serait une remise en cause de l’ordre constitutionnel.

De ses déclarations, il est à retenir que les députés de la 7ème législature sont les seuls responsables de l’impasse actuelle. Ces derniers ne se seraient pas entendus sur le minimum conformément à la volonté du chef de l’Etat, le 06 mars dernier, lors de sa rencontre avec la classe politique, en vue des législatives inclusives. En effet, le souhait des Béninois, c’était de voir toutes les tendances politiques (mouvance et opposition) prendre part à ce premier test du pouvoir de la rupture. Ce rêve est désormais brisé.

L’absence de l’opposition à cette compétition électorale fait craindre une faible participation au scrutin. Ce qui aura bien sûr des conséquences sur les prochaines joutes électorales notamment les municipales, communales et locales de 2020 et la présidentielle de 2021.