Colonisation et enfants déportés : la Belgique demande pardon
Les enfants « métis » nés de colons belges et de femmes de la région ont été emmenés de force en Belgique et placés dans des foyers par des ordres religieux catholiques et d’autres institutions. Environ 20 000 enfants auraient été touchés. La plupart des pères ont refusé de reconnaître la paternité de leurs enfants.
Les enfants sont nés dans les années 1940 et 1950 et ont été emmenés en Belgique de 1959 jusqu’à l’indépendance de chacune des trois colonies. Certains des enfants n’ont jamais reçu la nationalité belge et sont restés apatrides. S’exprimant au Parlement belge, M. Michel a déclaré que le pays avait violé les droits fondamentaux des enfants, les considérant comme une menace pour le système colonial. Il les aurait dépouillés de leur identité, les aurait stigmatisés et divisé leurs frères et sœurs. « Je jure que ce moment solennel représentera un pas de plus vers la prise de conscience et la reconnaissance de cette partie de notre histoire nationale », a-t-il déclaré dans son communiqué. De nombreux enfants métis ont aidé la Belgique à devenir « une société plus ouverte et plus tolérante », a ajouté le Premier ministre. Il a également exprimé la compassion belge pour « les mères africaines dont les enfants leur ont été arrachés ».
Des belges de troisième classe
Il y a deux ans, l’Église catholique a présenté ses excuses pour son rôle dans le scandale. L’année dernière, des députés belges ont demandé au gouvernement d’aider les enfants affectés à retrouver leurs parents biologiques et à acquérir la nationalité belge. Pendant ce temps, leurs mères ont également recherché leurs enfants. Les groupes ‘’miXed2020’’ et ‘’Métis de Belgique’’ disent que beaucoup d’enfants kidnappés « ont beaucoup souffert » à cause de leur expérience.
Nombre d’entre eux n’avaient toujours pas accès aux registres de naissance et étaient toujours incapables de retrouver leur mère ou leur père belge, qui, selon les groupes, étaient souvent des personnalités bien connues. Georges Kamanayo, l’un des enfants emmenés en Belgique, a déclaré que les excuses de M. Michel constituaient « la reconnaissance ultime d’une injustice ». « Cela fait longtemps que nous nous sentons comme des Belges de troisième classe », a-t-il déclaré au quotidien De Standaard.
« Dans la colonie, nous étions séparés des enfants blancs. C’était de la ségrégation pure. Nous avons essayé de nous immerger en Belgique pour ne pas nous démarquer. En Belgique, nous réagissons toujours un peu plus lentement, d’autres pays nous ont précédés ».
La Belgique a été particulièrement brutale pendant la période coloniale. On estime que 10 à 15 millions d’Africains ont été tués sous le régime du Congo belge, maintenant connu sous le nom de République démocratique du Congo. Le mois dernier, le Groupe de travail d’experts des Nations Unies sur les personnes d’ascendance africaine a demandé à la Belgique de s’excuser pour les atrocités commises durant sa période coloniale.
La discrimination raciale était « endémique » dans les institutions belges, ont indiqué les experts de l’ONU dans un rapport. « Les causes profondes des violations actuelles des droits de l’homme résident dans le manque de reconnaissance de l’ampleur réelle de la violence et de l’injustice de la colonisation », ajoute le rapport.Michel n’a pas répondu au rapport de l’ONU, ont rapporté les médias belges. Cependant, au parlement, il a déclaré que ses excuses aux enfants métis kidnappés devaient également renforcer les efforts pour lutter contre toutes les formes de discrimination et de racisme dans le pays.
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