Bénin: les acteurs de la justice déversent leur bile sur le gouvernement
En assemblée générale ce vendredi 28 juin 2019, les acteurs de la justice ont analysé la situation sociale dans leur secteur et ont dénoncé certains actes qu’ils jugent répréhensibles. Ils sont revenus sur plusieurs point qui les opposent aux gouvernants avant d’exposer les actes que chacun pose pour le bon fonctionnement de la maison justice.
Après les mots de bienvenue des secrétaires généraux et présidents, la situation sociale à la justice depuis la fin des grèves a fait l’objet d’une analyse minutieuse.
De cette analyse, il ressort que la situation sociale à la justice est marquée non seulement par le non-respect des engagements pris par le Chef de l’Etat et le gouvernement à l’occasion de la série de grèves ayant secoué la justice béninoise entre octobre 2017 et février 2018, mais aussi par un pourrissement total de la situation sociale au ministère de la justice.
En ce qui concerne le non respect des engagements, rappelons que le Chef de l’Etat s’était personnellement engagé, lors de la rencontre tenue au palais de la République le 02 novembre 2017, à résoudre les problèmes posés par le collège des syndicats de la justice dont il a lui-même apprécié le bien fondé.
A la surprise générale des travailleurs de la justice, non seulement cette parole du chef de l’Etat n’a pas été respectée, ils se sont vus plutôt arracher le droit de grève. Il s’en est suivi un nouveau bras de fer au cours duquel, le gouvernement s’est, à nouveau fermement engagé à résoudre les problèmes posés. Depuis lors et comme à son habitude, c’est à une politique de ruse et de rage ayant conduit à un pourrissement total de la situation sociale qu’ont assisté les travailleurs de la justice.
Ce pourrissement de la situation sociale est marqué notamment par :
L’extinction totale du dialogue social et le mépris affiché vis-à-vis des partenaires sociaux ;
La remise en cause systématique des acquis : non respect des textes organisant la mutation du personnel, abrogation clandestine et sans motif des textes organisant la promotion professionnelle des agents etc…
La non-satisfaction des revendications ;
L’instauration d’une gestion par la terreur consistant notamment à transformer l’inspection des services judiciaires en un instrument de terreur mis à la trousse des agents à qui l’on demande de réaliser l’impossible sans tenir compte du manque criard de personnel induisant un surcroît insupportable de travail. Le recours maladroit et abusif aux demandes d’explication régulièrement distribuées aux agents comme des bonbons aux enfants, achève de convaincre du climat de terreur instauré. Cette gestion par la terreur a suscité le zèle outrancier de certains responsables de structure sous tutelle tel que le Directeur Général de l’Agence Pénitentiaire du Bénin qui menace et terrorise les agents en l’occurrence le personnel infirmier qui est persécuté, martyrisé et menacé de licenciement en cas de refus d’exécuter la masse horaire hors norme instaurée alors que ce personnel est exclu du bénéfice des primes de risque, de garde et d’heures supplémentaires.
L’engagement tout azimuts de poursuites judiciaires et disciplinaires contre certains greffiers en chef et des greffiers à qui l’on reprocherait des fautes dans les procédures mises en œuvre au greffe alors qu’il n’existe pas de manuel de procédures ;
L’instauration du favoritisme et du clientélisme dans la gestion du personnel ;
Le retard criard dans le paiement des primes ;
L’inexistence de fournitures dans les juridictions et dans les structures de la chancellerie, le retard criard dans la mise en place des subventions aux juridictions et le non paiement des prestataires assurant l’entretien dans les juridictions entraînant l’abandon de l’entretien de presque toutes les juridictions ;
Le mauvais suivi de la carrière des agents, la non-prise en compte des avancements dans le paiement des traitements et le blocage des rappels induits pas ces avancements.
Ce tableau sombre n’est pas sans répercussion sur le personnel qui vit désormais dans le stress permanent avec pour conséquence la prolifération de maladies corrélées au stress important telles que la nervosité, la fatigue excessive, l’anxiété, la dépression, les troubles cardio-vasculaires etc.. Des cas de décès en cours de carrière ayant un lien avec les maladies ci-dessus évoquées se sont multipliés ces derniers mois.
Par ailleurs, le collège a constaté que de façon unilatérale, le cabinet a procédé à la modification de la date de l’Assemblée Générale confirmant ainsi le mépris affiché vis-à-vis des partenaires sociaux.
Au regard de tout ce qui précède, l’assemblée générale :
Dénonce le non respect des engagements pris personnellement par le Chef de l’Etat et du gouvernement ;
Dénonce et condamne la terreur érigée en mode de gestion à la justice ;
Dénonce et condamne les actes et pratiques rétrogrades relevées ;
Dénonce le sabotage de l’Assemblée Générale par la modification unilatérale de sa date par le cabinet.
En tout état de cause, les militantes et militants des organisations syndicales du secteur de la justice ont pris la ferme résolution de se battre jusqu’à satisfaction totale de leurs revendications.
Aussi l’assemblée générale a-t-elle décidé d’organiser un sit-in le lundi 22 juillet 2019 à 08 heures au ministère de la justice.
D’ores et déjà, l’assemblée générale rend le gouvernement et le Chef de l’Etat responsables des déconvenues des actions à venir et qui sont la conséquence du non-respect des engagements et du recours à la terreur érigée en mode de gouvernance.
Cotonou, le 28 juin 2019
L’ASSEMBLEE GENERALE
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