Bénin : la réaction de Louis Philippe Houndégnon aux faits qui lui sont reprochés
Le 28 juin 2019, Louis Philippe Houndégnon a été suspendu de ses fonctions de Secrétaire permanent de la Commission nationale de lutte contre la radicalisation, l’extrémisme violent et le terrorisme pour indiscipline grave et mauvaise collaboration. Une suspension qui fait suite à une demande d’explication à laquelle le mis en cause a réagi aux faits qui lui sont reprochés.
La suspension du Contrôleur général de Police, Louis Philippe Houndégnon, a fuité sur les réseaux sociaux le 09 juillet 2019. Si l’information en elle-même a suscité déjà beaucoup de commentaires, les motifs de suspension (indiscipline grave et mauvaise collaboration) de celui qui est surnommé le « super flic » sous le régime Yayi ont littéralement enflammé les réseaux sociaux. Les commentaires et les interprétations sont allés dans tous les sens.
Dans la demande d’explication n°0199 MISP/SP-C en date du 12 avril 2019, Louis Philippe Houndégnon est sommé de fournir dans les quarante-huit (48) heures, les raisons qui ont motivé les « propos discourtois, malveillants et injurieux » qu’il aurait tenu le 26 mars à l’endroit du Secrétaire général en présence de ses collaborateurs ; et la « posture agressive, irrespectueuse, avec des propos désobligeants et menaçants » qu’il aurait observé le 28 mars à l’égard du ministre de l’Intérieur et de la sécurité public, Sacca Lafia.
Déférant à cette demande d’explication, Louis Philippe Houndégnon a apporté des explications à chacun des faits. Dans sa réponse longue de sept (07) pages, le mis en cause à communiquer au ministre Sacca Lafia, ses observations sur les faits qui lui sont reprochés. Il a saisi l’occasion pour partager avec l’autorité ses vues sur l’état de l’administration qu’il dirige avant de lui signifier que juridiquement sa « posture [qui lui est reprochée] est l’expression d’une résistance à l’illégalité ».
Sur les faits de propos discourtois à l’égard du Secrétaire général du ministère…
Dans sa réponse à la demande d’explication, Louis Philippe Houndégnon a indiqué que la tension est montée au cours d’une séance de travail le 26 mars suite au constat « amère » des experts du Secrétariat permanent de la modification « unilatérale » de l’avant-projet de décret portant création, attribution, organisation et fonctionnement de la Commission nationale de lutte contre la radicalisation, l’extrémisme violent et le terrorisme en République du Bénin alors qu’une énième version définitive du texte avait été déjà conjointement validée avec le ministre de l’Intérieur.
« Monsieur le ministre, cette manière de fonctionner du Secrétaire général est un manquement grave à l’article 35 de la Constitution du 11 décembre 1990 (…) Le Secrétaire général appartenant à la Police Républicaine, son grade de Contrôleur général le place d’office sous la préséance d’un officier général. En le réprimant verbalement, j’ai exercé les prérogatives que la loi me reconnait au titre de l’ordre d’autorité et de grade », a-t-il expliqué.
A en croire Louis Philippe Houndégnon, le texte de moins d’une cinquantaine d’articles soumis à l’appréciation du ministre deux semaines après sa nomination, a fait l’objet d’une dizaine d’amendements et de modifications, souvent à la demande du Secrétaire général du ministère. « Depuis plus de neuf (09) mois, je garde l’arrière-goût du sentiment d’avoir perdu mon temps… Pris en analyse objective, le rythme de lenteur imprimé au processus d’institutionnalisation de la Commission nationale de lutte contre la radicalisation, l’extrémisme violent et le terrorisme porte gravement atteinte à ma réputation professionnelle… », a-t-il indiqué.
Sur les faits posture agressive, irrespectueuse à l’égard du ministre…
Rappelant le contexte de sa rencontre avec le ministre le 27 mars au lieu du 28 comme mentionnée dans la demande d’explication, Louis Philippe Houndégnon a affirmé ce qui suit : « vous [le ministre de l’Intérieur – ndlr] avez reconnu être l’auteur des modifications apportées au document, modifications qui pour moi ont vidé le texte de son contenu, parce que limitant les attributions de la Commission seulement à la prévention, négligeant donc les volets « répression », « riposte », et « coordination » de la politique et de la stratégie de lutte contre la radicalisation, l’extrémisme violent et le terrorisme ».
Après avoir insisté, dans sa réponse, sur le fait que la limitation des attributions de la commission induit un déséquilibre dans la cohérence de la politique et de l’agenda institutionnel du gouvernement et que sa réputation professionnelle encourt un risque parce que finalement, le Secrétariat permanent risque de recevoir la patate chaude de la responsabilité de l’incapacité à conduire l’agenda gouvernemental, Louis Philippe Houndégnon dit refuser, en dernière analyse, de prendre la responsabilité historique d’adopter pour la Commission, une architecture institutionnelle à l’inverse de celle que l’expertise technique requiert. Un refus qui, selon sa réponse, a fait piquer au ministre une crise de colère.
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