Bénin – Condamnation d’Ignace Sossou: CFI doit aller au-delà des communiqués
Accusée d’avoir participé à la condamnation du journaliste Ignace Sossou, CFI Médias tente depuis plusieurs jours de se rattraper dans ce dossier qui oppose Ignace Sossou au procureur Mario Mètonou. En voulant montrer sa bonne foi, l’Agence française de développement médias, qui a plongé le journaliste avec un courrier adressé au ministre béninois de la Justice, se contente de faire des communiqués et déclarations. Mais en réalité, si CFI souhaite vraiment la libération d’Ignace Sossou comme elle tente de le faire croire, elle devrait aller au delà des déclarations.
Le dossier qui oppose le procureur Mario Mètonou au journaliste Ignace Sossou a pris une nouvelle tournure ces derniers jours. CFI Médias, sous pression depuis la condamnation du journaliste, sort de son mutisme et fait son mea–culpa. Après avoir dénoncé la lourde peine de 18 mois de prison ferme et 200 mille FCFA d’amende infligée au journaliste, elle revient à la charge dans un autre communiqué le 8 janvier et présente ses excuses.
« Suite à l’arrestation et la condamnation au Bénin à 18 mois de prison ferme du journaliste béninois Ignace Sossou après la publication de posts sur les réseaux sociaux, CFI, l’agence française de développement médias, demande sa libération dans les plus brefs délais, présente ses excuses quant au déroulement des événements dont il a été victime et s’indigne d’avoir été instrumentalisée dans le cadre de cette décision », CFI Médias.
A y voir de près, les dernières déclarations de CFI ressemblent bien à une opération de charme pour refaire son image « traînée dans la boue » par le fameux courrier adressé au ministre béninois de la Justice. Se réclamant militante de la préservation de la liberté de la presse, CFI se doit donc d’aller au delà des déclarations et communiqués, qui au fond ne changent en rien la situation du journaliste incarcéré depuis plusieurs jours.
Ce que CFI devrait faire…
Dans sa déclaration du 8 janvier, CFI reconnaît qu’un mauvais usage avait été fait de son courrier envoyé aux autorités béninoises. D’une manière ou d’une autre, l’Agence semble reconnaître le rôle crucial qu’a joué son courrier dans la condamnation du journaliste Ignace Sossou.
« CFI, qui reconnaît un dysfonctionnement interne sur ce dossier caractérisé par un courrier en total décalage avec ses principes déontologiques et envoyé aux autorités béninoises, est choquée de l’utilisation qui en a été faite à dessein », CFI.
Il est donc clair que pour montrer sa bonne foi, démontrer qu’elle a été vraiment instrumentalisée dans ce dossier comme elle le dit, CFI devrait se soumettre au principe du parallélisme des formes. CFI Médias devrait prendre l’initiative de saisir à nouveau le ministre béninois de la Justice par un autre courrier officiel. Ainsi, elle pourra officiellement porter à la connaissance des autorités béninoises son mécontentement et restituer les faits. C’est visiblement le seul moyen qui s’offre aujourd’hui à CFI pour montrer sa bonne foi. Les déclarations et communiqués publiés depuis quelques jours ne changeront visiblement rien, car ils font de CFI, un médecin après la mort.
Pour rappel, le journaliste a relayé sur les réseaux sociaux des propos du procureur en live-tweet lors d’un séminaire organisé à Cotonou par CFI. Il sera par la suite accusé d’avoir sorti les propos de leur contexte. Un acte qualifié de « harcèlement » par l’accusation qui soutient que le journaliste en agissant ainsi a causé une détresse émotionnelle au plaignant. Malheureusement, à l’éclatement de l’affaire, CFI a pris ses distances vis-à-vis du journaliste qui participait aussi au séminaire. Elle ira d’ailleurs plus loin en envoyant un courrier aux autorités béninoises pour plonger le journaliste Ignace Sossou.
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