La résolution de la crise libyenne n’est pas pour aujourd’hui

Les dirigeants mondiaux et les responsables libyens se sont retrouvés à Berlin pour une rencontre sensée aider à trouver un compromis à la guerre qui secoue le pays. À la fin de ladite conférence, le constat est qu’aucun accord n’a été signé.

Les différentes puissances ont convenu de respecter l’embargo sur les armes contre la Libye et de cesser de soutenir militairement des parties en conflit dans la crise qui secoue ce pays d’Afrique de l’est riche en pétrole. Sans aucun doute, la conférence de Berlin a été un véritable fiasco, une sorte de déjà vu. Des discussions il y en a eu, mais aucun accord au final n’a conclu la rencontre et les deux principaux acteurs du conflit, le PM du GNA Al Sarraj et le chef de la LNA, Haftar, ne se sont pas rencontrés. L’impression que donne cette conférence de Berlin est le même sentiment à l’issue  de la conférence de février 1885 qui a procédé à la balkanisation de l’Afrique entre grandes puissances.

En effet, les discussions se sont déroulées sans la présence autour de la table, des principaux concernés, qui d’ailleurs ont refusé de se rencontrer. Il va sans dire que cette rencontre n’avait nullement pour but de faire cesser la guerre mais plutôt de montrer que l’Allemagne et l’Europe aussi pourraient bien avoir un mot à dire dans la résolution de la crise et donc, dans le partage du « gâteau ». C’est là aussi l’évidence de la guerre de leadership qui se déroule au sein de l’Union européenne. Cette conférence sur la Libye à Berlin s’est terminée en laissant l’impression d’un exercice de politique publique mis en place par l’Allemagne dans le but de revendiquer son rôle de leader en Europe.

La géopolitique complexe en Libye

Selon une analyse de Basil A. Coronakis, fondateur de New Europe, « la guerre civile libyenne est un problème géopolitique très compliqué d’une importance économique considérable pour l’Europe, et de nombreux acteurs sont déjà impliqués. Tellement nombreux qu’il est difficile de parvenir à un accord ». Cette importance de la Libye dans la sphère géopolitique mondiale ne permettrait en réalité, pas de trouver un compromis à moins qu’une des parties en conflit ne remporte la guerre. Coronakis donne un exemple simple qui illustre la complexité de l’affaire libyen. Il s’agit de la guerre des missiles cubains de 1962.

« La crise des missiles cubains d’octobre 1962 a duré 12 jours et a été diffusée car seules deux parties étaient impliquées, les États-Unis et l’Union soviétique. Cuba n’a pas participé aux pourparlers car elle n’avait pas accès aux installations nucléaires soviétiques. Dans le cas de la Libye, outre les partis belligérants, l’Égypte, la Russie, les États-Unis et la Turquie ont un mot à dire tandis que l’Union européenne revendique un rôle sans toutefois disposer d’une armée pour soutenir ses thèses », indique Basil A. Coronakis. Il va sans dire que la résolution de la crise libyenne n’est pas pour aujourd’hui et que les différentes rencontres, conférences ou réunions sur la crise, ne sont que pur effet de façade. La crise est plus profonde et avec les intérêts en jeu, on est en droit de croire que les « pseudo médiateurs » ne font que discuter de comment partager le gâteau et non de comment éteindre le feu.