« Ces élections vont consacrer l’enterrement définitif de la décentralisation », Sylvain Akindes

Le 17 mai 2020, les béninois iront aux urnes pour désigner leurs élus locaux. Cette élection est pour l’ancien ministre, Sylvain Akindes, une grande déception car, à son avis, elle n’est pas de nature à faire grandir la décentralisation.

A quelques semaines des élections communales de 2020, les partis politiques s’activent sur le terrain. On note de part et d’autre des démissions et des adhésions. Ce mouvement des acteurs politiques d’un parti à un autre laisse indifférent l’acteur politique et ancien ministre, Sylvain Akindes, qui n’attend pas grand-chose des élections en préparation. Reçu dans un entretien par le quotidien « Fraternité », l’ancien collaborateur du général Mathieu Kérékou exprime toute sa déception sur ce qui se prépare. Il justifie la transhumance actuelle par le pesanteur qu’il y a actuellement dans le pays. « Si quelqu’un veut être élu, il cherche à se retrouver dans les rangs de la mouvance. Il pense que s’il est maire d’une commune et qu’il n’est pas en de bons termes avec l’Exécutif, il n’aura pas les moyens de développer sa commune« . Cette situation, explique-t-il, « dénature complètement l’idéal démocratique. Ce qu’on fait-là, on verra ce que ça va donner. Ma déception est grande, parce que ces élections vont consacrer l’enterrement définitif de la décentralisation.« , se désole-t-il.

A Lire aussi Bénin: « Le patriotisme n’est pas inné. Il s’enseigne et se fortifie » Sylvain Akindes

Selon Sylvain Akindes, la décentralisation veut que chacun gère chez lui. Et c’est ça qui fait la nation, indique-t-il. Maintenant, si vous n’avez pas 10% des suffrages au plan national, vous ne pouvez pas gérer chez vous. Qu’est-ce qui va advenir ?, s’interroge-t-il. Ce qui va advenir, explique-t-il, c’est que des gens indésirables dans nos localités seront les patrons, tout juste parce qu’ils sont dans un groupe qui a 10%. « L’élection locale est ainsi conditionnée par des considérations au plan national.« , fait-il remarquer. « Dans une commune où la majorité a voté pour une liste qui n’a pas 10% au plan national, les candidats de cette liste ne sont pas élus. Même s’ils ont 80% des suffrages au plan local, ils ne sont pas élus« , précise-t-il. En ce moment, ceux qui auront 5% au plan local et obtenir 10% au plan national seront déclarés vainqueurs.  » C’est avec ça qu’on construit un pays ? C’est ça la démocratie ? C’est ça la décentralisation ?« , se demande-t-il. Pour lui, ce qui se prépare sera la plus grande bêtise que nous allons faire.