Alain Orounla: « Le Bénin est très attaché aux droits de l’homme, mais… »
Dans un entretien exclusif accordé à Bénin Web Tv, le Ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, s’est prononcé sur l’injonction faite à l’Etat béninois par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), de surseoir à l’organisation des communales 2020. Dans son intervention, le Ministre Alain Orounla a montré que, malgré la bonne foi du Bénin, cette décision sera difficile à appliquer.
Contrairement à ce qui se dit, le Ministre de la Communication explique que le Bénin ne se rebelle pas contre l’ordonnance de la CADHP. A l’en croire, l’Etat béninois respecte la Cour africaine et ses décisions; mais parfois, il se trouve en difficulté pour les exécuter. C’est le cas de la dernière décision qui ordonne la suspension des élections communales, suite à une requête de l’opposant et homme d’affaires, Sébastien Ajavon.
Pour Alain Orounla, le Bénin n’est pas prêt à mettre en cause sa souveraineté et son autonomie face des décisions d’une juridiction qui semble outrepasser ses prérogatives. « Le Bénin est très attaché aux droits de l’homme; mais n’est pas prêt à aliéner sa souveraineté et son autonomie face à des injonctions qui sont d’ailleurs difficiles à mettre en oeuvre », a-t-il déclaré au micro de Bénin Web Tv.
« Le Bénin est un Etat sérieux… »
Pour le Porte-parole du gouvernement, le Bénin, à travers son adhésion à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, a fortement montré son attachement et son respect pour les droits de l’homme. Selon ses dires, le Bénin fait partie des rares pays qui ont donné leurs accords à tous les niveaux pour le fonctionnement de la CADHP. « Le Bénin fait partie des rares pays qui ont ratifié le protocole instituant la Cour africaine. Il fait partie des plus rares 9 pays qui ont fait la déclaration d’acceptation. C’est à dire, cette déclaration qui permet à un ressortissant d’un Etat de pouvoir saisir directement la Cour africaine des droits de l’homme », a-t-il précisé.
Le Bénin, étant un Etat sérieux qui respecte ses engagements, l’ordonnance de la CADHP, ne sera pas « jeté à la poubelle »; mais elle ne primera pas sur la sauvegarde de la souveraineté et de l’autonomie du Bénin. « Je ne dis pas que la décision pourrait être jetée à la poubelle. On ne fait pas ça quand on est un Etat sérieux. Le Bénin est un Etat sérieux… », a insisté le ministre Alain Orounla.
Que retenir de la requête de l’opposant Sébastien Ajavon?
La requête de Sébastien Ajavon, qui s’est présenté sous le statut de réfugié, a été enregistrée sous le N°062/2019 le 29 novembre 2019, suivie de la requête aux fins d’octroi de mesures provisoires en date du 9 janvier 2020 de Sébastien Ajavon. Après analyse des éléments de défense apportés par l’Etat béninois et les arguments du requérant, la Cour africaine a provisoirement donné raison à Sébastien Ajavon sur certains aspects; mais il l’a aussi débouté sur d’autres demandes qu’il a faites.
Dans sa requête, Sébastien Ajavon dénonce la violation de ses droits par l’État béninois vis-à-vis de la Charte africaine de la démocratie. Il estime être injustement écarté des élections Communales du 17 mai 2020, ce qui, dit-il, est susceptible de lui causer des préjudices irréparables. C’est pourquoi, il en demande la suspension. D’un autre côté, Sébastien Ajavon met en cause certaines lois votées par le Parlement et demande la suspension de leur application.
Si, sur la question des élections Communales, Sébastien Ajavon a eu provisoirement gain de cause, ce n’est pas la même chose sur sa demande concernant la suspension de la mise en application de certaines lois. En ce qui concerne cette deuxième demande, la Cour a débouté Sébastien Ajavon et s’est opposée à la suspension de la mise en application du : code pénal, la loi modificative de la constitution, le code du numérique, la loi sur la grève, la loi sur le Conseil supérieur de la Magistrature.
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