CADHP: « Cette décision prive les Béninois d’un moyen de recours contre l’arbitraire », Joël Aïvo

Les réactions se multiplient après le retrait du Bénin du protocole instituant la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Après plusieurs voix, c’est au tour du professeur de droit constitutionnel, Frédéric Joël Aivo d’y voir à travers, «une décision regrettable et un net recul» démocratique.

Quelques jours après le retrait du Bénin du protocole de la CADHP qui permet aux citoyens de saisir directement cette instance, Frédéric Joël Aivo s’est prononcé sur le fonds du sujet. Joint au téléphone par RFI, le professeur de droit constitutionnel regrette la décision du gouvernement béninois. A l’en croire, « cette décision prive les Béninois d’un moyen de recours contre l’arbitraire« .

A LIRE AUSSI: Le Bénin retire sa déclaration au Protocole instituant la CADHP

L’universitaire se désole le fait que le citoyen lambda n’ait plus à sa portée, le pouvoir de solliciter l’arbitrage du juge régional sur les droits et libertés garantis par la Charte africaine des droits de l’homme dont le Bénin est partie. Par conséquent, le crédit que le monde entier accorde au Bénin en matière d’approfondissement de la démocratie et en matière de mise en œuvre d’Etat de droit est mis à rude épreuve.

A LIRE AUSSI: Droit de l’homme: les citoyens béninois peuvent encore saisir la CADHP pendant un an

A l’ancien patron de la faculté de Droit et de sciences politiques de l’Université d’Abomey-Calavi de poursuivre: « Cela pose un certain nombre de problèmes de crédibilité, un problème de déclassement du Bénin, puisque de toutes les façons, le fait de sortir de ce mécanisme ne peut pas être considéré comme étant une avancée, c’est un recul, un net recul« .

Justification du régime Talon!

Annoncé dans la foulée et prise de facto comme une rumeurs la décision du retrait a été confirmée par le ministre Alain Orunla, porte-parole du gouvernement. Face à la presse, l’avocat a indiqué que le retrait du Bénin fait suite aux agissements répétés de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples qui tente de troubler l’ordre constitutionnel du pays. « Sous prétexte de préserver les intérêts d’un requérant, on voudrait mettre en péril les intérêts de toute une nation et les devoirs d’un gouvernement qui voudrait organiser ses élections à bonne date », a poursuivi ce cadre du Bloc républicain.

A LIRE AUSSI: CADHP: le Bénin donne les raisons du retrait de sa déclaration

Même si ce retrait ne signifie en aucun cas le départ définitif du Bénin de la CAHDP, la période de son intervention prête à confusion. Dans un arrêt rendu le 19 avril dernier, la Cour d’Arusha a ordonné à l’Etat béninois de surseoir à l’organisation des Communales du 17 mai prochain. Cette décision fait suite à une requête de l’opposant et homme d’affaires béninois Sébastien Ajavon, exilé à Paris après s’être tombé en disgrâce avec le pouvoir de Cotonou dont il a contribué à son avènement.

Président d’Honneur de l’USL, Ajavon avait été condamné par défaut à 20 ans de prison ferme par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour trafic de drogue. Un verdict que conteste de vive voix l’opposant.