[Exclu] Bénin: dans les coulisses de la quarantaine des voyageurs étrangers
Face à la pandémie du Coronavirus, le Bénin, à défaut de fermer ses aéroports, a décidé de mettre en quarantaine tous les voyageurs débarquant ou en transit sur son territoire. Une mesure dont la mise en oeuvre crée des grincements de dents dans le rang de plusieurs voyageurs, notamment ceux étrangers en transit qui se plaignent et dénoncent les conditions dans lesquelles ils sont gardés.
Elle fait partie des onze mesures prises en conseil des ministres extraordinaire du 17 mars 2020 et constitue en la mise en quarantaine systématique et obligatoire de toute personne venant au Bénin par voie aérienne. En conséquence, le Gouvernement a décidé de la réquisition d’un millier de chambres d’hôtel à cette fin. Les frais de quarantaine des nationaux seront assurés par l’Etat tandis que les non nationaux supporteront par eux-mêmes lesdits frais.
Selon les témoignages reçus de certains d’entre eux, des étrangers qui n’avaient pas assez de moyens pour supporter cette dépense ont souffert le martyr, surtout les premiers jours. « Les étrangers devraient payer 60.000 fcfa (92€) par jour; à cela, il faut ajouter 25.000 fcfa pour le manger. Ceux qui n’ont pas d’argent ont dormi sur une chaise à la réception de l’hôtel sans se laver ni manger pendant des jours. Tel était mon cas aussi, après la première nuit que j’ai dû payer avec le peu d’argent que j’avais sur moi », a confié J. E., un voyageur, mis en quarantaine forcée.
Dépenses imprévues
Le problème que soulève la plupart des voyageurs mécontents, ce sont les dépenses engendrées par la mise en quarantaine « forcée ». Il s’agit pour la plupart des gens qui sont en transit et dont la destination finale n’est pas le Bénin. Ils se retrouvent donc face à des dépenses qui n’étaient pas prévues dans leurs budgets de voyage.
« Je devrais aller au Congo Brazzaville là où habitent ma femme et mes enfants, je devrais prendre un autre vol le 22 mars de la compagnie Air Côte d’Ivoire pour Brazzaville via Abidjan. Dès notre arrivée à Cotonou, on nous a conduits directement à l’hôtel. Après l’annulation de mon vol sur Brazza, suite à la fermeture des frontières du Congo, j’ai passé la nuit au hall de l’hôtel avec plusieurs autres étrangers qui n’ont pas les moyens de payer une chambre à ce prix », a confié un voyageur à Bénin Web Tv.
Avec son statut de réfugié, le sieur J. E a dû recourir à l’assistance du Hcr. « Le lundi, j’étais obligé de contacter le Haut commissariat des Réfugiés de l’Espagne qui à leur tour ont appelé le ministère des affaires étrangères Béninois et le Hcr Bénin qui sont venus à mon secours en me changeant d’hôtel et en payant les 1 140 000 fcfa (1740€) pour le reste des jours de quarantaine », a-t-il confié.
Et si ce dernier a eu de la chance et a été régulièrement admis dans une chambre et a pu continuer son séjour, pour les autres, le calvaire a malheureusement continué.
La désillusion d’un autre voyageur
Un autre voyageur qui s’est aussi confié à Bénin Web Tv, relate sa désillusion et se dit très surpris par le traitement qu’il a subi. En effet, étant marié à une Béninoise (mariage célébré dans une commune environnante de Cotonou), Il ne s’attendait pas à être traité comme un étranger. « Moi je suis marié à une Béninoise. Normalement, j’aurais dû avoir le logement gratuit », a-t-il déclaré.
Mais sur place, il a vécu une autre réalité. Considéré comme un étranger, il devrait désormais prendre en charge les frais de sa quarantaine; ce qu’il n’avait pas prévu avant son arrivée.
Un suivi sanitaire rigoureux
Sur le plan sanitaire, les autorités béninoises semblent avoir joué leur partition. En tous cas, selon les dires des voyageurs écoutés, des équipes de professionnels de santé passent régulièrement pour contrôler l’état clinique des personnes mises en quarantaine. « Ils viennent deux fois par jour », a confié un voyageur.
Du côté des autorités, des sources précisent, contrairement aux dires de certains voyageurs, que les hôtels ne sont pas imposés. Les voyageurs étrangers auraient donc la possibilité de choisir des hôtels qui répondent à leur capacité financière. « La logique, c’est de les conduire directement de l’aéroport à l’hôtel. On ne les éconduit pas. C’est comme ça pour tout le monde », a confié une source proche du ministère de la Santé.
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