Bénin – Communales 2020: une élection à multiple facettes

Malgré le contexte sanitaire difficile, le Bénin a tenu le pari de l’organisation des élections communales du dimanche 17 mai 2020. Une élection à multiple facettes.

Depuis l’avènement du régime de la rupture, le Bénin n’a de cesse de se révéler à lui-même. Sur le plan politique, la mutation est profonde. C’est, en effet, la première fois qu’en 30 ans de processus démocratique, le Bénin parvient à installer un parlement où sont absents le parti de la Renaissance du Bénin, le parti du Renouveau démocratique, pour ne citer que ceux-là. C’est tout aussi la première que l’assemblée nationale post Conférence des forces vives de la nation est constituée uniquement de partis politiques, qui sortent des mêmes entrailles et qui parlent le même langage. Si les élections législative du 28 avril 2019 laissent pantois le Béninois le plus lucide, les élections Communales et municipales du dimanche dernier ne sont pas non plus sans surprise. Disons même que c’est une élection à multiple facettes.

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La première chose, qui attire l’attention dans ces élections, est le fameux principe des 10%, inséré dans le code électoral, alors que nous sommes dans le cadre d’une élection de proximité où les populations à la base sont invitées à élire celui qu’il juge le plus apte dans leur localité à s’occuper du développement de leur ville ou village. Si le principe des 10% constitue une thèse de réflexion pour politologues et analystes politiques, il n’est pas l’essentiel des facettes qui nous intéressent dans le cadre des élections Communales et municipales du dimanche 17 mai 2020. Des élections, dont les points caractéristiques sont les suivants.

Le Maire Luc Atrokpo transféré à Cotonou

La première surprise des élections Communales de 2020 est le positionnement du maire de la Commune de Bohicon à Cotonou, une ville naguère gérée par son leader, le président de sa formation politique qui n’a pu terminer son mandat, car révoqué et poursuivi. Si la candidature de Luc Atrokpo à Cotonou est perçue, pour certains, comme une manière de libérer une mairie sur laquelle il exerce toute sa suprématie, afin de donner la chance à l’un de ses poulains, soutien de première heure à l’actuel locataire du Palais de la Marina, pour d’autres, c’est le prix de la résistance à « l’autorité » que le maire déchu continue de payer. Quand on sait qu’entre Bohicon et Luc Atrokpo, c’est une histoire d’amour, le potentiel nouveau Maire de Cotonou donnera fort pour se faire aimer des Cotonois, qui restent des citoyens les plus difficiles à gérer dans la république. Mais la candidature de Luc Atrokpo à Cotonou n’est pas la plus grosse surprise, il y a mieux.

Le bras de fer entre Paul Hounkpè et Boni Yayi

Il est vrai que le jeu politique est un jeu d’intérêt et quand vous perdez le pouvoir d’Etat, vous perdrez également presque les plus affidés de vos proches collaborateurs, même ceux qui tremblent devant vous quand ils étaient dans votre appareil. La résistance, le bras de fer et l’indifférence affiché par Paul Hounkpè, Théophile Yarou et consorts, face aux leader charismatique de leur formation politique, fait également partie des surprises des élections Communales et municipales de 2020. Peu de gens parieraient que l’ancien ministre de la culture devienne subitement courageux au point d’affronter son leader charismatique, mieux le rétrograder au sein de la formation qu’il a lui-même entretenu, dix ans durant. Nul ne pourrait également imaginer qu’en lieu et place d’un retrait pour une fin de vie politique, l’ancien chef d’Etat serait contraint à la démission et le parti conduit aux élections sous la réprobation du leader charismatique. Cet exploit, Paul Hounkpè l’a fait et cela entre dans l’annale politique du Bénin.

Le PRD laminé sur son terrain 

L’autre des surprises des élections Communales et municipales du 17 mai 2020 est sans doute le cas du Parti du Renouveau Démocratique, qui a toujours gouverné en maître dans ses fiefs habituels. Depuis l’avènement du renouveau démocratique, aucune formation politique n’a osé tutoyé le parti arc-en-ciel sur le contrôle de la Mairie de Porto-Novo et d’autres mairies du département. Mais les Communales de 2020 ont fait effondré le mythe du parti « religion » ». Alors que ce parti politique, annexé de force par son Président Adrien Houngbédji à la mouvance au pouvoir, a été absent pour le compte des législatives dernières, beaucoup s’attendaient que le parti prenne sa revanche contre ces deux challengers, qui ont tenté de le phagocyter et, à défaut de réussir, lui ont chipé certains de ses membres. Mais, loin d’une revanche, le PRD s’est fait talonner par le Cheval cabré et pris par les cornes dans les branchages du Baobab. C’est la première fois dans l’histoire politique de cette formation politique qu’elle est absent dans le débat parlementaire et dans la gestion de la ville capitale politique. Cette débâcle autodestructrice du PRD, une formation politique, qui, encore, dans un passé récent, était le premier parti politique de l’échiquier national, reste l’une des surprises de ce scrutin.

L’activisme non payant de Gbadamassi à Parakou

L’autre déception des Communales du dimanche 17 mai 2020 reste le trio Gbadamassi-Toko-Adambi, qui n’a pas fait le miracle annoncé. L’honorable Gbadamassi, bravant la pandémie de covid-19 et passant de quartier en quartier, n’a pu laminer les FCBE. Même l’actif du maire Charles Toko, qui constitue le thème de campagne, n’a pas convaincu les Parakois. Rachidi Gbadamassi, qui se prenait comme maître incontestable de Parakou, a certainement compris qu’avec l’avènement du président Thomas Boni Yayi, la cité des « kobourou » a orienté son intérêt.

1 commentaire

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enfant de Dieu

Pourquoi aimez-vous encensez la fin du chemin et non le chemin? C’est le mal des Africains. Nous aimons encourager ce qui ne faut pas encourager.
Mr Paul Hounkpè n’a rien fait pour mériter si tant d »encouragement. N’importe qui à sa place aura ce résultat. IL n’a rien fait à fcbe: aucune vraie lutte, méconnu de tout le monde. Encourager ceux qui ont souffert ou mené des luttes courageuses à fcbe depuis sa création.
Merci