Bénin – Décentralisation: la victoire des FCBE à Parakou n’est pas une chance pour la commune
A l’issue des dernières élections communales et municipales, le parti des Forces cauris pour un Bénin émergent a obtenu la majorité qualifiée pour élire le Maire de cette commune. Mais la victoire du parti Cauris est-elle une chance pour Parakou? Tout présage le contraire.
Le scénario de l’installation manquée du maire de la cité des Kobourou, ce jeudi 28 mai 2020, n’est qu’un avant-goût de ce que la gestion de cette municipalité sera, avec les Fcbe à la commande. Pour une ville, qui a amorcé son développement, ce virage ne pourra que freiner cet élan, d’autant plus que nous savons comment la politique se fait au Bénin.
Il faut interroger l’histoire des communes pour se rendre compte que, lorsqu’une mairie est constituée de deux forces qui cherchent à s’exclure, le développement en prend fatalement un coup. Et c’est malheureusement ce qui menace la municipalité de Parakou.
Aboubacar Yaya, maire, doit faire profil bas
Avec les expériences des mandatures finissantes, si, par extraordinaire, les responsables du parti des Forces cauris pour un Bénin émergent, après les conciliabules en cours, maintiennent la candidature de l’ancien ministre de la fonction publique, celui-ci doit gérer dans la plus grande humilité, au risque de voir son mandat perturbé puis écourté. Il doit donc gouverner sans tenir compte du passé.
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Les déclarations du maire sortant, Charles Toko, en disent long: « Pour nous, dans notre tête, dame Alimatou a été élue maire de Parakou« , avait-il confié à la presse; pour la raison que la reprise du vote n’a pas eu lieu. L’interprétation la plus simple que l’on puisse faire des déclarations de Charles Toko est que tout le monde peut être maire à Parakou mais pas Aboubacar Yaya.
Aboubacar Yaya dans le fauteuil de maire, un affront pour le BR
Dans une vidéo commentée, qui a circulé sur les réseaux sociaux, peu avant l’installation du conseil communal de Parakou, les proches de l’ancien ministre, Aboubacar Yaya, ont comparé l’élection de l’universitaire, pour remplacer Charles Toko, comme l’élection de 2016 où le président Talon est venu remplacer Boni Yayi, alors que ce dernier, lorsqu’il avait le pouvoir, lui a fait la misère au point de l’envoyer en exil.
Ainsi, après le désaveu de sa gestion à la tête de la municipalité, ce serait une double humiliation pour le maire sortant de pouvoir passer le témoin à celui-là même qu’il a traîné devant le conseil des têtes couronnées pour une bourde.
La seconde raison pour laquelle le parti Bloc Républicain ne saurait laisser le maire Aboubacar Yaya gérer en toute quiétude, c’est que la ville métropole du septentrion a été toujours considérée comme un fief politique naturel des leaders de ce parti politique, notamment le trio Gbadamassi, Adambi et Toko. L’honorable Rachidi Gbadamassi, le spécialiste des stratégies politiques, a toujours considéré cette cité comme une ville imprenable.
Il sera donc hors de question pour cet acteur politique de laisser un adversaire étendre son hégémonie sur un territoire qu’il considère comme acquis. Si Gbadamassi perd son influence à Parakou, il cesse d’être un leader politique; et ça, il en est conscient. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à quelques mois des communales, il avait assiégé la ville, malgré la pandémie de la Covid-19, pour être en permanence en contact avec la population.
C’est dire qu’après la mandature du développement, celle qui va s’ouvrir, risque d’être le mandat de la « haute politique » où les manœuvres de tout genre risquent de prendre le pas sur le développement, et c’est les fils et filles de la cité des kobourou qui en sortiront perdants.
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