Vie des partis politiques au Bénin : PRD, c’est fini ?

Me Adrien Houngbédji

 Après son absence au scrutin législatif du 28 avril 2019, due aux réformes électorales, le Parti du renouveau démocratique (PRD) assistera impuissant à l’installation de la prochaine mandature de la décentralisation. Le quota des 10%, validé par le leader charismatique du parti alors Président de l’Assemblée nationale, propulse le PRD dans le délabre. Fin lamentable d’une hégémonie ou descente aux enfers d’un parti politique victime de l’instabilité de ses dirigeants ?

Dura lex, sed lex ! Adrien Houngbédji l’apprend à ses dépens. Le PRD est inéligible pour n’avoir pas franchi le cap des 10%  même si les Tchoco-Tchoco se sont imposés, lors du scrutin communal du 17 mai dernier, dans plusieurs villes du département de l’Ouémé, reconnu comme la chasse gardée du parti.  Porto-Novo, Adjarra et bien d’autres localités tombent d’emblée dans l’escarcelle de l’Union progressiste ou du Bloc républicain, deux partis politiques proches du pouvoir. Adrien Houngbédji, la queue entre les jambes, au-delà de la performance de son parti à ce scrutin pourtant inclusif, serait dans l’angoisse et l’anxiété pour avoir contribué et voté les textes électoraux. Quel avenir pour le parti après avoir loupé deux consultations électorales successives ?

Un choix qui n’a pas marché  

En 2016, le Parti du renouveau démocratique a soutenu mordicus Lionel Zinsou contre Patrice Talon lors de la présidentielle. Le parti n’entend plus faire l’opposition, avait clamé haut et fort Me Adrien Houngbédji. Le choix était donc tout fait. Le candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) portait un espoir messianique et son élection était un acquis. Hélas ! Le choix n’a pas marché. Les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Président de l’Assemblée nationale, à l’époque, Adrien Houngbédji s’est rangé du côté de l’exécutif après l’alternance au pouvoir parce que las de faire l’opposition.

Il s’en est suivi le vote des lois jugées à polémiques et lois électorales décriées. C’est sous son égide que l’article 184  qui stipule que seules les listes ayant recueilli au moins 10% des suffrages valablement exprimés au plan national, sont éligibles à l’attribution des sièges, a été introduit dans le nouveau code électoral, entériné par la Cour constitutionnelle puis promulgué par le chef de l’Etat. Le parti vient malheureusement de faire les frais d’une disposition bénie par son premier responsable alors aux commandes de la représentation nationale.

Une option qui se révèle suicidaire

Le Parti du renouveau démocratique a voulu faire cavalier seul, bien que se réclamant de la mouvance présidentielle. Après moult conciliabules et tractations, le PRD a choisi de ne pas se fondre dans le Bloc républicain (Br). Les raisons sont diverses. A quelques jours du congrès constitutif de ce grand rassemblement, le PRD conditionne son appartenance à plusieurs requêtes. En plus du maintien en l’état de son logo comme logo du parti en création (BR), les responsables estiment que les organes dirigeants et les organes de direction tels que adoptés ne favorisent pas  le parti arc-en-ciel. Le parti a donc pris ses responsabilités en décidant de voler de ses propres ailes mais c’est sans compter avec les nouveaux textes électoraux.

Un regard sur les chiffres issus du scrutin communal et l’on se rend à l’évidence. Le PRD n’est pas un parti politique véritablement national mais plutôt très influent dans certaines localités du pays. La preuve, il n’a pu obtenir les 10% conformément aux exigences du code électoral. Un revers pour le parti qui, après  avoir raté le scrutin législatif, assistera impuissant à l’installation des tout nouveaux conseillers communaux.

Cap sur la présidentielle ?

Le Parti du renouveau démocratique peut-il encore espérer se refaire une santé politique ? Difficile de répondre par l’affirmatif même si la présidentielle pointe à l’horizon avec son cortège d’exigences. Le système de parrainage introduit dans les textes le 1er novembre 2019 vient sceller le sort du parti tout comme d’autres micros partis ou des présidentiables. Tout candidat à l’élection présidentielle au Bénin devra, au préalable, recevoir l’adhésion d’un certain nombre d’élus municipaux et de la représentation nationale.

Un verrou ou du moins une barrière qui a suscité un tollé dans le rang des politiques et des aspirants à la fonction présidentielle.  N’ayant ni députés ni élus communaux qui sont désormais les grands électeurs, il est à redouter le sort de l’UBF de feu Mathieu Kérékou. Et pour éviter le requiem, le PRD devra changer son fusil d’épaule.