Bénin – Rencontre Talon/Partis politiques: à la recherche d’une caution morale?
A la suite d’une relecture du code électoral, le chef de l’Etat, Patrice Talon, annonce une séance de travail avec les 09 formations politiques, qui étaient initialement en lice pour le compte des élections communales du 17 mai dernier. Quel sens peut-on vraiment donner à cette rencontre? Telle est l’interrogation qui taraude l’esprit des Béninois.
A quelques mois de la prochaine élection présidntielle, le landerneau politique béninois s’empêtre dans l’incongruité politico-juridique. Alors que le processus d’installation des conseillers communaux et municipaux est en cours et que l’élection des maires se déroule avec des difficultés dans certaines communes, l’assemblée nationale, sous une étrange inspiration, soumet le code électoral à la relecture et adopte la loi modifiée dans une procédure d’urgence.
Dans la volée, le chef de l’Etat, à travers son cabinet civil, convoque, pour ce jour, l’ensemble des partis politiques, ayant eu à déposer leur dossier de candidatures pour les élections communales et municipales, à une séance de travail. Cette rencontre ne se justifie pas aux yeux de plusieurs observateurs de la vie politique du pays. Si, à travers la loi, les difficultés actuelles peuvent être contournées, à quoi sert alors la rencontre de ce mercredi ? Se demandent plus d’un.
Cette rencontre, aux dires de certains, ne peut être que la recherche d’une caution pour entériner et légitimer l’erreur de trop, commise par les parlementaires, ce mardi 2 juin 2020. En effet, comment peut-on comprendre que des partis politiques qui ne sont mêlés ni de près ni de loin au spectacle, qui s’observe dans certaines communes dans le cadre de l’élection du maire soient conviés à la rencontre de ce jour qui s’articule autour des difficultés de désignation des candidats au poste de maire dans certaines communes ?
Certes, ces formations politiques invitées à cette rencontre, en dehors du parti Restaurer l’Espoir, qui dispose aussi d’une existence légale, sont ceux qui sont actuellement reconnues comme partis politiques dans le pays. L’absence du parti Restaurer l’Espoir, faute d’invitation, écarte la thèse que la séance de ce jour vise à réfléchir sur un problème de fond lié à ce texte qui crée des difficultés. A l’analyse, la rencontre d’échange entre Patrice Talon et les partis politiques invités est une fois encore un déni de trouver des solutions pérennes à une situation politique crisogène.
Ce que le chef de l’Etat devrait faire
Après l’adoption en procédure d’urgence, ce mardi 2 juin 2020, de la loi portant code électoral, deux options se présentent au chef de l’Etat. Soit il donne son appréciation dans un délai de 5 jours en promulguant la loi modificative; soit il soumet la loi à la conformité du juge constitutionnel qui en fait une interprétation.
Si la séance avec les partis politiques vise à obtenir leur avis sur la loi avant sa promulgation, cette démarche, à notre avis, est totalement inopportune. Le président de la République aurait mieux fait de rencontrer les deux blocs politiques qui lui sont favorables et qui brillent actuellement par l’indiscipline, afin de régler un problème interne en leur sein. Cela aurait l’avantage de lui éviter le désagrément de devoir promulguer une loi pris dans des conditions les moins orthodoxes. Une fois cette entente à l’interne obtenue, la loi envoyée devant le juge constitutionnel sera déclarée contraire à la constitution et c’est la république qui en sortira grandie.
Le cas du parti des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) n’est pas pas difficile à gérer. En effet, le parti ne bénéficie que d’une dizaine de communes, où il a la chance d’obtenir le poste de maire. En dehors de la Commune de Parakou, où le jeu politique peut se déployer, l’élection ne doit point poser problème, si les deux blocs politiques proches du chef de l’Etat se soumettent aux directives de leur leader.
Ainsi, loin d’une loi modificative et loin d’une rencontre élargie à 9 partis politiques, le président Patrice Talon peut régler le problème de blocage dans l’élection des maires. Il en a la carrure et, pour plus que ça, il parvient à soumettre ses partisans à sa volonté. C’est-là, la voie de l’honneur.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.