« C’est maintenant qu’il faudrait mettre en place les cordons sanitaires », Dr Alexis Agbéssi
Dans le cadre de la gestion de la pandémie de la Covid-19, le Bénin, tout comme les autres pays africains, a fait l’option d’un confinement précoce. C’est, du moins, ce que pense le docteur Célestin-Alexis Agbéssi.
Alors que les cordons sanitaires sont levés et que les activités reprennent timidement leur cours normal, le spécialiste de santé publique, Dr Célestin-Alexis Agbéssi, affirme qu’en principe, c’est maintenant que le Bénin, à l’instar des autres pays d’Afrique, devrait aller en confinement. « A partir de la courbe anticipatrice, nous avons été quelques-uns à avoir alerté en disant que nous sommes en train de nous tromper d’orientation », rappelle-t-il, lors d’un entretien accordé, en fin de semaine dernière, à un forum de tribune libre et débat.
Pour le docteur Célestin-Alexis Agbéssi, le Bénin s’est imposé un confinement partiel en installant un cordon sanitaire dans lequel il s’est vite retiré, alors que l’épidémie, pour la plupart des pays africains, était encore devant. Le médecin rappelle qu’il avait, en son temps, prévenu de cette anticipation à aller en confinement, alors que la crise est encore devant nous. « Je vais faire de la provocation en disant que nous avions même dit que le confinement était trop précoce en Afrique : c’est quasiment maintenant qu’il faudrait le faire et mettre en place les cordons sanitaires ou le confinement partiel.« , a-t-il indiqué.
Sur les mesures du gouvernement par rapport à la reprise des classes
Le médecin a également donné son avis sur la formule trouvée par le gouvernement pour la réouverture des classes. Selon le professeur Célestin-Alexis Agbéssi, il s’agit d’un non sens épidémiologique.
Selon lui, on aurait pu faire des classes alternées. Se concentrer sur les primaires, les 6ème, 3ème, 1ère et terminale. Cela aurait, à son avis, l’avantage de réduire le nombre d’apprenants en réduisant les risques de cluster et de casser les chaines de contaminations. Pour le spécialiste de santé, les populations ne comprennent pas que les députés, à 83, arrivent, malgré les gestes barrières, à se contaminer et même en mourir, alors que les salles de classe sont bondées d’enfants, qui, devant développer des formes mineures, voire asymptomatiques, mais iront contaminer leurs parents et leurs grands-parents à domicile, qui, eux, pourraient avoir des formes graves.
Pour lui, il faut réussir à casser les chaines de contaminations. « C’est un impératif de santé publique. La pauvreté ne justifie ni n’excuse pas tout. On doit investir aujourd’hui dans la santé et le social plus que jamais« , martèle-t-il.
Si le gouvernement a pu trouver de l’argent, malgré la crise pandémique, pour organiser les élections, on doit également pouvoir en trouver pour la santé des populations. » Je ne suis pas le Gouvernement. Mais je vais risquer une litote : on a trouvé l’argent pour faire les élections qui d’ailleurs n’ont sans doute pas aidé à rassurer les épidémiologistes du pays. Ils ont dû avoir des sueurs froides et nous aussi avec eux. Regardons en arrière : la France, le Mali, la Guinée : il y avait des précédents avec des conséquences sanitaires gravissimes aujourd’hui.« , fait-il remarquer.
Pour le docteur Célestin-Alexis Agbéssi, les décisions gouvernementales sont donc politiques et pas sanitaires. « Mais il a les prérogatives de son action et il doit agir en conséquence. Il a la destinée de la nation des individus qui la composent. Que choisissons-nous ? telle était la question posée. Et la réponse a été donnée. Chacun devra l’analyser calmement.« , a-t-il fait savoir.
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