Situation politique au Bénin: Macron appelé au chevet de la démocratie

Le Président français Emmanuel Macron ©

Le président français, Emmanuel Macron, est, à travers une correspondance des citoyens béninois, invité à s’intéresser à la situation politique du pays.

Ils sont au total quatre opposants au régime de la rupture dont la pluopart sont hors du territoire en exil en France à saisir le président français sur les « graves reculs » démocratique au Bénin.

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Les quatre auteurs de la correspondance, à savoir Léonce Houngbadji, Bertin Koovi, Ganiou Soglo et Omar Arouna, ont évoqué la situation politique préoccupante au Bénin et ont demandé au président Emmanuel Macron de s’exprimer publiquement au sujet des menaces sur la démocratie béninoise.

Selon les auteurs de la correspondance, qui date du 10 Septembre dernier, le pays glisse inexorablement dans une crise institutionnelle et judiciaire qui menace la paix et la stabilité dans un contexte sous-régional déjà caractérisé par l’insécurité liée aux attentats terroristes.

Comptant sur l’ardent défenseur des valeurs démocratiques qu’il est et sur l’attachement de la France à la démocratie, les auteurs de cette correspondance invitent Emmanuel Macron à être du côté du peuple béninois dans le combat qu’il mène pour la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit.

Lettre adressée au président Macron

Le Président de la République
Monsieur Emmanuel MACRON
Palais de l’Élysée
55 rue du Faubourg-Saint-Honoré
75008 Paris

Paris, le 10 septembre 2020

Objet : Urgence maximale sur le grave recul démocratique au Bénin.

Excellence, Monsieur le Président de la République,

Nous souhaitons attirer votre attention sur la situation sociopolitique très préoccupante au Bénin, depuis l’arrivée au pouvoir de Monsieur Patrice Talon.

En effet, comme vous le savez, le Bénin était la référence en Afrique de l’ouest, en matière de démocratie. Un modèle d’Etat de droit dont les pays africains s’inspiraient pour avancer paisiblement dans leur processus démocratique. Toutefois, aujourd’hui, le Bénin glisse irrémédiablement dans une crise démocratique, institutionnelle et judiciaire. La question des Droits de l’Homme est un lointain souvenir, dans un contexte de tension politique et sécuritaire dans la sous-région.

Les Droits de l’Homme restent le fondement de toute forme de liberté, de justice, ou de paix et leur respect contribue au développement de l’humanité. Malheureusement, ils sont impunément violés aux dépens de la population béninoise qui souffre et s’inquiète sérieusement du rétrécissement de son espace démocratique et des libertés. Des appréhensions se sont généralisées en raison de multiples lois liberticides adoptées par un Parlement privé, illégitime et corrompu.

Nous sommes des citoyens patriotes, engagés par amour profond pour notre Patrie et notre devoir est de vous alerter, non seulement du fait des liens historiques entre la France et le Bénin, mais également par rapport aux valeurs républicaines que vous défendez et qui sont les nôtres. Il est dans notre intérêt commun de sauver le Bénin, avant que le régime autocratique du président Talon n’apporte encore plus d’instabilité dans le pays et la sous-région. Nous sommes profondément attachés à la démocratie. La situation qui prévaut au Mali et ailleurs doit nous servir de leçon et nous interpeller afin que le Bénin, berceau des conférences nationales souveraines en Afrique francophone, ne sombre davantage dans le chaos ; les mêmes causes produisant les mêmes effets.

A partir du 6 avril 2016, un système arbitraire a été instauré dans le pays, incitant des milliers de Béninois et Béninoises, à s’exiler dans d’autres pays africains, en Europe, aux Etats-Unis ou ailleurs. Un exil forcé, vécu comme un dernier recours à la survie et à la sauvegarde de leurs opinions. En France particulièrement, les réfugiés politiques béninois n’ont eu de cesse d’arriver, s’ajoutant à ceux déjà sur place.

Tous autant qu’ils sont, dans les quatre coins de la planète, Sébastien G. Ajavon, Valentin A. Djènontin, Komi Koutché, Léonce Houngbadji, Bertin Koovi, Martin Rodriguez, Fatouma Amadou Djibril, Léhady Soglo, Jean Panti, Hugues Sossoukpè, Renaud Bossou, Joël Ajavon, Zakari Yaho Atta Adam Aboubakari, Valentin Biaou, Léonard Biaou, « Frère Hounvi », Gilbert Makou, Simplice Dossou Codjo, Ghislain da Silvéira, Issaou Yakpa, Jean Cyprien Sèna Loko, Francis Loko… ont été contraints à l’exil ou à la clandestinité, uniquement du fait de leurs opinions.

Les prisons béninoises regorgent d’opposants politiques, web activistes et journalistes tels que Laurent Mètongnon, Eléonore Okoumassou (tout juste sortie de prison), Hamiss Dramane, Ferdinand Combéti, Loth Houénou, Adam Sounon Kondé, Anicet Zantchio, François Hounsinou, Aimé Sassi, Daniel Atchokossi, Bio-Tourou Alassane, Mounirou Odjo, Gilbert Semassa, Florentin Gbèdohoun, Aristide Adéyémon, Génève Agbédjiko, Ignace Sossou (journaliste d’investigation, 6 mois injustement passés en prison), etc.

A ce jour, aucune enquête indépendante n’est diligentée pour faire la lumière sur les massacres des populations civiles. Il n’y a eu aucune justice pour les martyrs de la démocratie, froidement assassinés en février-mai-juin 2019 et janvier-mars 2020 dans plusieurs localités du Bénin (Kilibo, Cadjèhoun, Tchaourou, Savè, Kandi, Abomey-Calavi). Des victimes tuées par balles, dont les noms : Prudence Vioutou Amoussou, Kandissounon Abdel Djayane, Mama Assouma, Sito Rahmane, Kpéra Bachirou, Chabi Taïrou, Sanni Orou, Gbingniré Arouna Moussiliou, Mama Mamadou, Ambroise Biaou, Fidèle Combetti, Daniel Elécho, Worou Imorou Assika, Dimon Oscar, Kouagou M’po Daniel, Dadjè Etienne, Broda Souradjou, Bariba Tchatchou, Abdou Issaou, Théophile Dieudonné Djaho, Bio Zakari Adam, résonnent toujours dans la mémoire des survivants.

Dans le même registre de violation des Droits de l’Homme, les anciens chefs d’Etat Nicéphore Dieudonné Soglo et Thomas Boni Yayi, ainsi que l’ex-première dame Rosine V. Soglo ont été violemment agressés et gazés par les forces de sécurité en avril 2019, au marché Dantokpa de Cotonou. Ils ne demandaient que la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit. Plus grave encore, le président Thomas Boni Yayi a été séquestré dans sa résidence pendant 52 jours en raison de ses opinions politiques.

Il a fallu de multiples interventions et médiations pour qu’il soit libéré et autorisé à quitter le pays. A cela s’ajoutent les condamnations politico-judiciaires de la majorité des principales figures de l’opposition – Sébastien G. Ajavon, Komi Koutché, Lionel Zinsou, Valentin A. Djènontin, Léhady Soglo, etc. – pour des motifs fabriqués de toutes pièces, purement politiques, à l’effet de « soumettre les grands électeurs et empêcher la compétition électorale », afin de s’éterniser au pouvoir.

Et comme si cela ne suffisait pas, par arrêté interministériel, les ministres de la Justice, Séverin Maxime Quenum, et de l’Intérieur, Sacca Lafia, au nom du gouvernement, ont « interdit à tout agent public de délivrer des actes administratifs aux personnes recherchées par la justice », des opposants politiques pour la plupart.

Il s’agit d’extrait d’acte d’état civil, certificat de nationalité, carte d’identité nationale, passeport, laisser passer, du sauf-conduit, carte de séjour, carte consulaire, bulletin no3 du casier judiciaire, certificat de vie et de charges, certificat de résidence, certificat de possession d’état, permis de conduire, carte d’électeur et du quitus fiscal. Les personnes ciblées, des figures emblématiques de l’opposition béninoise, sont donc considérées comme des apatrides par le gouvernement de leur propre pays ; et les membres de leurs familles sont également visés par cette mesure autoritaire.

Sur le plan politique, le jeu électoral est totalement vicié. Depuis le 6 avril 2016, l’opposition est exclue de toutes les élections. Le chef de l’Etat contrôle entièrement les 83 députés et les 77 maires des communes et municipalités, tous issus de la mouvance présidentielle. Les institutions chargées de l’organisation, du contrôle et de la validation des élections sont à sa solde, rendant ainsi, toutes résolutions de contentieux impossibles.

Le président de la Cour Constitutionnelle fut son avocat personnel et son ancien ministre de la Justice, Me Joseph Djogbénou. La Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) et le Conseil d’Orientation et de Supervision de la Liste Electorale Permanente Informatisée sont des chambres d’enregistrement à sa disposition.

Les prochaines élections présidentielles sont prévues en 2021, mais le régime despotique de Monsieur Patrice Talon ne montre aucun signe d’ouverture pour des élections présidentielles apaisées, libres, inclusives et transparentes. Le peuple béninois est vent debout, et lutte pour inciter le gouvernement à :

► réintégrer le système démocratique et l’Etat de droit avant toute initiative électorale ;

► abolir toutes les lois qui menacent nos droits, sources d’insécurité judiciaire et d’injustice pour les citoyens (charte des partis politiques, codes électoral, numérique et pénal, lois sur la révision constitutionnelle et la Cour de Répression des Infractions économiques et du Terrorisme etc) ;

► cesser toutes formes de harcèlements et persécutions à l’encontre des opposants politiques, médias et journalistes indépendants, activistes du web et défenseurs des Droits de l’Homme ;

► faire libérer tous les détenus politiques ;

► créer les conditions favorables à un retour serein au pays, des exilés politiques ;

► abolir toute forme de censure, de surveillance de masse et de restriction de la liberté d’expression et d’opinion ;

► s’assurer que le droit à la liberté d’expression et d’opinion, ainsi que le droit de réunion pacifique, d’association et de manifestation soient pleinement protégés, dont notamment le droit d’être informé par tous moyens ;

► assurer la protection des journalistes nationaux et étrangers dans l’exercice de leur fonction ;

► faire la lumière sur les crimes de sang commis avant, pendant et après les élections législatives exclusives du 28 avril 2019 ;

► organiser sans délai, des assises nationales sous formes d’Etats Généraux du Peuple, en vue de tracer un nouveau chemin démocratique pour le Bénin, car notre pays mérite mieux.

Monsieur le Président de la République, tous les éléments que nous portons ici à votre connaissance sont le fidèle reflet des réalités palpables du terrain, des inquiétudes et questionnements des Béninoises et Béninois, qui se battent chaque jour pour récupérer leurs libertés confisquées.

Nous saluons votre engagement en faveur de la paix, la démocratie, l’Etat de droit et des Droits de l’Homme dans le monde. Raison pour laquelle, nous vous adressons cette lettre avec l’espoir d’attirer votre attention sur la situation désastreuse au Bénin. C’est un cri d’alarme, car nous ne pouvons nous taire face aux nombreuses tueries, emprisonnements arbitraires et à la destruction des acquis démocratiques, sur fonds de corruption systémique et de népotisme mis en place depuis plus de quatre ans. La pauvreté extrême sévit dans le pays où la jeunesse au chômage n’a plus d’espoir. Le Bénin risque inexorablement de s’éteindre.

Notre désir de survivre à ces tragédies et de vivre dignement, nous laisse espérer que vous soutiendrez la population béninoise dans la lutte contre l’autocratie en place. Nous souhaitons que la grande démocratie qu’est la France, s’engage clairement dans la défense ferme et publique des principes démocratiques au Bénin. La France ne peut rester silencieuse devant les atrocités perpétrées par le pouvoir de Monsieur Patrice Talon, ni sur les graves atteintes portées aux libertés individuelles des Béninois. La communauté internationale doit prendre la pleine mesure de la situation avant qu’il ne soit trop tard, en mesurant bien les conséquences de la dégradation avancée de la situation dans une région déjà menacée par des attaques terroristes et conflits.

Veuillez croire, Excellence, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de notre très haute considération.

Ont signé :

1- Léonce HOUNGBADJI : Président du Parti pour la Libération du Peuple (PLP), journaliste de profession et auteur des ouvrages : « Bénin : Le casse du siècle – Comment Patrice Talon fait main basse sur le Bénin, son élite, sa démocratie et son argent » et « Résistons : Le Bénin à l’épreuve du dictateur Patrice Talon ».

2- Ganiou SOGLO : Ancien député, ministre des Sports puis de la Culture de 2007 à 2011, fils cadet du Président Nicéphore Dieudonné SOGLO.

3- Omar AROUNA : Ancien ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bénin aux États-Unis d’Amérique et représentant du Bénin au Mexique et à l’Organisation des États américains.

4- Bertin KOOVI : Président de l’Alliance Iroko, ancien candidat à la présidentielle de mars 2016 au Bénin.

8 comments

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La police

Pendant qu’on y est pourquoi ne pas demandé directement l’intervention militaire française au Bénin pour installer un membre le des démocrates , et la la démocratie serait en pleine marche

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Anonyme

Ces quatre individus sont certainement d’une autre époque, celle où la France dictait au peuple béninois ce qu’il doit faire. Sachant qu’ils ne représentent que leurs ombres, ils refusent de se conformer aux lois en vigueur pour être candidats aux élections. On attend que leur petit maître de macron vienne les installer à la tête de notre pays. Et le monde entier verra ce que leur réservera le peuple béninois !

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Martial Codjo

Ils réfléchissent bien ceux là? La France!!!

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Claude

Pendant que tout le monde cherche a s’écarter de la France, on parle de France Afrique, de CFA qu’on cherche tous a laisser, ces traites ont le courage de fouler aux pieds tout le travail fait par de dignes fils du pays. C’est honteux et affligeant de se révéler ainsi.
Soglo père a crié vouloir lutter contre France Afrique et son fils qu’il épaule appelle le maitre français a l’aide.

On a changé d’époques et ils doivent le savoir. Rien ne sera caché longtemps.
Pauvres de vous.

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TOUTOUOLA

Des personnes qui aspirent diriger un pays mais qui sont incapables de faire un combat politique dans leur pays pour rectifier ce qu’ils appellent « restaurer la démocratie ». Il faudra vraiment que le peuple béninois soit stupide pour croire et faire confiance à des imposteurs caractérisés dans leur genre. Mais les béninois savent toujours se ranger du bon côté le moment venu.
« Pour restaurer quelque chose, fallait-il que cette chose ait exister. »

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Danielle

j’étais d’abord révolté par cette option de l’opposition, mais après avoir lu la lettre qui rappelle la gravité de la situation que nous avons tendance à oublier, conscient du fait que le régime en place également use de tous les moyens internationaux à sa disposition pour se protéger (y compris ses relations avec la France)…pourquoi l’opposition n’userait-elle pas des mêmes moyens et même d’adhérerait pas à la logique du  »tous les coups sont permis »…
Je ne pense pas que ceqs opposants écrivent à la France de gaité de coeur ils savent bien qu’ils envoient un mauvais signal, cependant c’est u pari risqué qu’on comprend, il faudra aussi informer d’autres nations aussi influentes que la France et on verra ou ça mènera.
C’est la politique et le game a été vraiment ramené à un niveau très bas au Bénin donc  »tous les coups sont permis »

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Anonyme

La seul solution c’est de se battre pour prendre ce qui t’appartient face a un dictateur pas de négociation

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Gans

??‍♂️??‍♂️??‍♂️??‍♂️??‍♂️
La HONTE,
Des idiots.
On dirait des colonisés entrain de se plaindre de leur gouverneur. Africains a problème hein … soixante ans que nous sommes indépendant pourtant …
Vous étiez les 4 au pouvoir, dite moi sincèrement, qu’avez vous fait au pays de concret sauf bouffer l’argent et vous enrichir personnellement ???
Ayez un peu de dignité et jouez vos rôles d’opposants au lieu d’aller pleurer dans les seins de la France que toute nation digne cherche à fuir.
Bande d’enfant