Enseignement au Bénin : toujours un flou artistique
Les différents maux qui minent l’école béninoise sont en train d’être résolus à petits pas. Mais à côté du discours politico-médiatique des dirigeants, 80% du corps enseignant est toujours « souffrant ».
Ils représentent près de 80% du corps enseignant dans le système éducatif béninois. Ils sont, pour la plupart, des jeunes qui n’ont pas suivi une formation professionnelle dans le domaine, mais qui ont une vocation pour l’enseignement. Autrefois appelés vacataires, puis honoraires ou contractuels communautaires, ces enseignants répondent aujourd’hui sous l’appellation d’aspirants.
Trois semaines après la rentrée scolaire, et malgré leur supériorité numérique très déterminante dans la formation des futurs cadres dirigeants du pays, ils peinent à avoir une idée claire et précise de leurs emplois du temps et des classes à eux affectés.
« Nous avons opéré des réformes. Ces réformes ont trait à la bivalence et à l’augmentation du nombre d’heures à exécuter. Des réformes du gouvernement qui permettront de rendre plus dynamique le système éducatif et de pallier à cette pénurie d’enseignants », a signifié, lors d’une de ses sorties médiatiques, le ministre de l’enseignement secondaire, de la formation technique et professionnelle.
Une telle réforme, malgré sa dénonciation et les différentes rencontres avec le Chef de l’Etat à ce sujet, n’a malheureusement pas eu un écho favorable, puisque maintenue presque en l’état.
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Anaëlle est l’une des aspirants. Affectée dans un des collèges d’enseignement général de l’Ouémé, elle dit être surprise de constater sur son contrat, l’inscription des 30 heures de cours par semaine alors que les conclusions issues de la rencontre syndicats – Chef de l’Etat font état de ce que ce nombre sera considérablement revu. « J’avais eu mon emploi du temps le jeudi 15 octobre dernier aux fins d’exécuter 24h de cours et 2h d’animation pédagogique (AP). Mais ce lundi (19 octobre 2020, Ndlr), cet emploi du temps a été réaménagé pour 28h de cours et 2h d’AP », nous a confié la jeune enseignante de 28 ans.
Au Collège d’enseignement général de Sèmè-Kraké, des enseignants aspirants ayant signé le contrat de l’Etat représenté par l’Agence nationale de promotion de l’emploi (ANPE), ont constaté l’inscription des 30h de cours règlementaires. Toutefois, sur le terrain, ils sont entre 26h et 28h, AP comprise.
Et pour l’un des responsables, « le nombre d’heures attribué à chaque enseignant aspirant dépend de la disponibilité des classes et le besoin sur place ; le plafond étant 30h de cours au total ».
En définitive, les négociations gouvernement – syndicats n’auraient pas évolué comme l’auraient souhaité les acteurs de l’école. La qualité de l’enseignement pourrait donc prendre un coup puisque l’enseignant sera peu performant avec un tel nombre d’heures.
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« Pour cette année, on m’a attribué une classe de terminale, de seconde, de troisième, deux classes de quatrième et deux de sixième. De différents groupes pédagogiques avec des efforts différents », témoigne, pour sa part, Albert, enseignant aspirant en Anglais à Cotonou, qui ajoute que la performance ne pourra être au rendez-vous, étant donné qu’il faut le même nombre d’heures de préparation avant le cours et d’évaluation après le cours.
Cet effort de ces aspirants ne sera pas aussi récompensé, puisque leur salaire d’antan est toujours maintenu avec seulement une prime variant entre 5 à 10 mille francs CFA, selon leur zone d’intervention. Paradoxalement, déplore Anaëlle, les responsables syndicaux qui fustigeaient une telle réforme sont aujourd’hui muets et ne se préoccupent que des arriérés à payer et annoncées par le gouvernement Talon.
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