Pillage du trésor de Mouammar Kadhafi: un couple intercepté en France avec des milliers d’euros

Deux mois avant sa mort, le colonel Mouammar Kadhafi a appelé ses partisans à défendre la Libye des envahisseurs étrangers.

En France, deux personnes ont été arrêtées début octobre avec plusieurs dizaines de milliers d’euros en billets «moisis», faisant partie du pillage d’une banque de Benghazi en 2017, relate Le Parisien. Le couple a été placé sous contrôle judiciaire.

Selon les informations rapportées par Le Parisien, un couple a été interpellé à Limoges, ville du centre sud-ouest de la France à 397 km de Paris, avec plusieurs dizaines de milliers d’euros en billets « moisis ». Le pactole provient du pillage de 160 millions d’euros dans une banque à Benghazi en 2017. Ce pactole a financé les rebelles, mais a aussi été écoulé en Europe et en France.

Blanchiment du trésor de l’ancien chef d’État libyen

Selon le journal Français, le couple a été interpellé début octobre en possession de 20 000 € en billets moisis. D’après les enquêteurs, l’homme et la femme, âgés de 39 et 42 ans, avaient déjà écoulé 40 000 € en quelques mois. Bien que le chef d’État libyen déchu soit mort en 2011, une partie de son trésor a été pillé par les rebelles en 2017, durant la guerre civile.

En effet, tout commence en 2017 en pleine guerre civile. L’armée nationale libyenne du commandant Khalifa Haftar tente de prendre la ville de Benghazi. Au passage, les rebelles mettent la main sur la banque et la pillent. À l’intérieur de la salle des coffres, ils découvrent 160 millions d’euros en espèce. Uniquement des grosses coupures de 100 et 200 euros. Ces euros ont été fabriqués en 2010 en Allemagne à la demande du « Guide de la Révolution » Mouammar Kadhafi, tué en 2011, plusieurs mois après la chute de Tripoli. « On ne saura jamais à quoi était destinée cette monnaie européenne », indique une source proche de l’enquête.

Écoulé par les rebelles, et la mafia

La moitié du pactole aurait servi « à acheter des armes, du matériel. Cet argent a aussi été vite dilapidé ou placé dans d’autres banques en sécurité », selon une source judiciaire citée par le quotidien régional. Les 80 millions restants étaient, semble-t-il, en mauvais état. Marqués, noircis, moisis, collés, les billets avaient été détériorés, immergés sous l’eau par le système de défense des coffres ou touchés par des bombardements.

De fait, l’argent devenait plus difficile à écouler pour les rebelles. La monnaie aurait finalement été vendue « entre 20 et 40 % de leur valeur faciale à la mafia turque », selon un rapport européen. Les premiers euros dévalués ont commencé à circuler en Europe dès 2018, indique Le Parisien.

De l’argent récupéré en Turquie

Concernant le couple de Limougeauds interpellé, l’homme a été arrêté en Belgique en janvier dernier. Il était en possession de 15 000 € provenant du magot de l’ancien dirigeant libyen. Sa femme, déjà connue pour des faits d’escroquerie, serait à l’origine de l’arnaque présumée. Elle aurait effectué plusieurs allers-retours en Turquie pour récupérer cette monnaie, avant le confinement.

Le duo a été placé en garde à vue et a d’abord nié les faits, avant de les reconnaître, précisent nos confrères. Ils ont retrouvé la liberté vendredi 2 octobre et ont été placés sous contrôle judiciaire. L’enquête se poursuit pour remonter la piste de ce réseau turc. Une source proche du dossier confie au Parisien qu’il s’agit « de la plus grosse saisie de ces billets libyens sur le sol européen. » Et les suspects français sont également les seuls inquiétés pour blanchiment en bande organisée et recel de vol aggravé, note le journal francilien. L’ONU estime qu’entre 6 et 8 millions d’euros de ce trésor a été écoulé en Allemagne et près d’un million en France.