Guinée: Emmanuel Macron refuse de féliciter Alpha Condé pour son troisième mandat
Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Emmanuel Macron juge la situation en Guinée de « grave » après la réélection d’Alpha Condé. « C’est pour ça que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations » a déclaré le président français.
Si les présidents français sont réputés pour leur connivence diabolique avec les dictateurs africains qu’ils aident à rester au pouvoir, Emmanuel Macron semble, pour le moment, se démarquer de cette politique perfide France-Afrique. Dans un entretien publié vendredi par l’hebdomadaire Jeune Afrique, le président de la République française est revenu sur les relations qu’entretient l’ex envahisseur et les pays africains en évoquant l’actualité du « troisième mandat » en cours sur le continent noir, particulièrement en Guinée.
« Je pense que la situation est grave en Guinée pour sa jeunesse, pour sa vitalité démocratique et pour son avancée« , déclare Emmanuel Macron, en regrettant qu’Alpha Condé ait « organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir ».
« Le président Condé a une carrière d’opposant qui aurait justifié qu’il organise de lui-même une bonne alternance. Et d’évidence, il a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir. C’est pour ça que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations », assène Emmanuel Macron. Et le président d’ajouter : « J’ai eu plusieurs fois des discussions avec le président Alpha Condé – des discussions très franches, y compris le 15 août 2019, quand il était en France. »
Le 7 novembre dernier, la Cour constitutionnelle a proclamé la victoire définitive d’Alpha Condé à l’élection présidentielle en Guinée pour un troisième mandat. La Cour a validé les résultats donnés par la CENI le 24 octobre, proclamant l’élection d’Alpha Condé, âgé de 82 ans, au premier tour avec 59% des suffrages contre 33 % pour son rival Cellou Dalein Diallo. Ce dernier a immédiatement rejeté ces « faux résultats ». Dès le lendemain du scrutin du 18 octobre, il avait revendiqué la victoire.
Après cette victoire contestée, le chef d’État guinéen est accusé de dérive autoritaire. Arrestation dans les rangs de l’opposition, répressions violentes des manifestations, celui qui incarnait un espoir pour la démocratisation de son pays en 2010 déçoit et inquiète de plus en plus de monde.
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