Côte d’Ivoire: nommé au ministère de la réconciliation nationale, KKB pourra-t-il réussir la mission?
L’ancien candidat à la présidentielle d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire, Kouadio Konan Bertin, a été nommé dans le gouvernement en tant que ministre de la réconciliation nationale. La question est donc de savoir si le rebelle du PDCI saura être à la hauteur de la mission à lui confiée.
Alassane Ouattara a été investi président de la république de Côte d’Ivoire après une élection contestée qui a débouché sur une crise sociopolitique. Lors de son investiture, le chef de l’Etat a indiqué que l’une de ses priorités était de faire en sorte que la paix et la réconciliation règnent dans le pays. Il a donc annoncé la création d’un ministère de la réconciliation nationale qu’il a aussitôt mise en place et nommé à sa tête, Kouadio Konan Bertin (KKB). Cette nomination n’est pas en soi une grande surprise pour plusieurs observateurs qui avaient déjà prédit une « récompense » d’ADO à KKB, après l’élection présidentielle.
KKB et les politiques
Vu de loin, KKB vient de recevoir sa récompense pour sa candidature et pour avoir été le seul à ne pas avoir boycotté l’élection présidentielle d’octobre. Mais au-delà de l’aspect « tractation politique », il faut souligner que cette nomination n’est surement pas pour réconcilier les politiques ivoiriens. Un rebelle du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui d’ailleurs est considéré comme un « traître » par toute l’opposition de Côte d’Ivoire, mandaté pour aller discuter avec ces mêmes personnes, ne pourrait réussir son job. Aussi, pour que cette mission réussisse, il faut qu’elle soit conduite par quelqu’un à la fois de neutre (plus ou moins) et de respecté par tous les bords. Un portrait loin de ressembler à KKB.
D’un autre côté, Ouattara lui-même ne peut pas vouloir la paix et la réconciliation en Côte d’Ivoire, et se permettre ce qu’il convient d’appeler un caprice de gouvernant. En effet, cette nomination, le président sait en son âme et conscience, que cela va encore plus frustrer l’opposition et consolider leur sentiment de méfiance en quelqu’un qui leur a déjà tourné le dos une fois. Il faut donc en déduire simplement que le président est dans une sorte de calque, de semblant, en ce qui concerne la réconciliation dans le pays.
KKB et les ivoiriens
Enfin, notons que Konan Bertin n’est pas très représentatif en Côte d’Ivoire pour insuffler une nouvelle dynamique à la population, principalement à la jeunesse. Malgré le boycott de la présidentielle par Bédié et Affi N’Guessan, KKB n’a fait qu’un score de 1,99% des voix ; il va sans dire que même s’il met de côté la classe politique ivoirienne et se concentre sur la population, pour tenter une quelconque réconciliation, il n’est pas évident qu’il y arrive, étant donné qu’il ne constitue pas, aux yeux des ivoiriens, un leader.
La tâche de Kouadio Konan Bertin se présente plutôt mal, vue de loin, et l’issue est presque connue de tous, mais il pourrait sortir la ruse, le renard qui est en lui, et surprendre. Seul la politique du « wait and see », dans ce cas de figure, est à adopter.
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