Gabon: la révision de la constitution initiée par Ali Bongo, validée par le parlement
Le parlement gabonais, réuni en congrès à Libreville, a adopté mardi une révision de la Constitution confiant le pouvoir au président de l’Assemblée nationale, au président du Sénat et au ministre de la Défense, en cas d’empêchement temporaire ou définitif du président de la République.
Avec 89,1% des voix, « le Congrès réunissant les deux chambres du Parlement a adopté la loi portant modification de la Constitution », a déclaré le président de l’Assemblée nationale Faustin Boukoubi lors d’une session retransmise en direct à la télévision nationale.
Autre disposition nouvelle: l’article 78 prévoit que « le président de la République qui a cessé d’exercer ses fonctions ne peut être mis en cause, poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé » pour les faits commis dans l’exercice de ses fonctions.
« Le chef de l’Etat a souhaité que soient tirées toutes les leçons de ses ennuis de santé qu’il a rencontrés fin 2018« , a déclaré le porte-parole de la présidence, Jessye Ella Ekogha, lors d’une récente conférence de presse.
Après un accident vasculaire cérébral (AVC) en octobre 2018, le président gabonais Ali Bongo Ondimba était resté plusieurs mois en convalescence avant de revenir aux affaires, laissant le Gabon dans un vide juridique.
Le vote ne faisait guère de doutes puisque le Sénat et l’Assemblée nationale sont largement dominés par le parti du président de la République.
« C’est un projet qui a été fait dans la précipitation, qui dissimule mal un problème connu de tout le monde qui est que M. Bongo n’est plus en capacité de diriger le pays », a réagi à l’AFP l’opposant Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, du parti Union nationale et du collectif Appel à agir, qui avait demandé une expertise médicale pour faire constater la « vacance du pouvoir » par la cour constitutionnelle après l’AVC dont avait été victime le chef de l’Etat.
Pour M. Ntoutoume Ayi, ces mesures et notamment l’impunité dont va jouir le président sont symptomatiques d' »une grande peur », et de « la preuve que les actes de ces gens-là relèvent de la haute trahison ».
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