Tchad: l’Assemblée nationale valide la création d’un Sénat et un poste de vice-président
L’Assemblée nationale du Tchad, largement dominée par la majorité du président Idriss Déby Itno, au pouvoir sans partage depuis 30 ans, a voté jeudi une révision de la Constitution instaurant notamment un Sénat et le poste de vice-président.
Cette réforme de la loi fondamentale avait été présentée au Parlement à l’issue d’un Forum national rassemblant fin octobre les partis de la majorité présidentielle et des personnalités et membres de la société civile proches du pouvoir, mais boycotté par l’opposition et les organisations de défense des droits Humains.
Le projet a été voté par 145 voix pour, 10 contre et aucune abstention, a constaté un journaliste de l’AFP présent à l’Assemblée nationale. « Le Vice-Président est nommé par le Président de la République », selon le texte. Il « supplée et représente le Président (…), exerce les pouvoirs et prérogatives qui lui sont délégués par le Président », selon cette révision constitutionnelle. Elle doit être promulguée prochainement par M. Déby, 68 ans, récemment promu Maréchal et qui vient de fêter les 30 ans de son accession au pouvoir après un coup d’Etat en décembre 1990.
Cependant, « en cas de vacance de la Présidence de la République pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement définitif, les attributions du Président de la République sont provisoirement exercés par le Président du Sénat », précise la nouvelle disposition.
Un simple collaborateur du Chef de l’Etat
« Le poste tel qu’il est conçu renforce les pouvoirs du Président et le fait qu’il soit nommé par ce dernier en fait un simple collaborateur » du chef de l’Etat, analyse pour l’AFP le politologue Gilbert Maoundonodji, enseignant chercheur de l’université de N’Djamena.
« C’est l’accaparement du pouvoir par le Président Déby, qui veut en avoir davantage et nomme quelqu’un qui n’aura qu’un rôle de secrétaire général de la présidence. On ne fait que reculer », a déploré auprès de l’AFP Saleh Kebzabo, un des rares députés de l’opposition et célèbre pourfendeur du régime.
La réforme instaure également un Parlement bicaméral avec la création d’un Sénat qui représentera les collectivités locales. Désigné par un collège de grands électeurs, essentiellement les élus municipaux, il verra le jour après les élections législatives, fixées l’été dernier au 24 octobre 2021 après avoir été maintes fois repoussées depuis cinq ans. L’élection présidentielle, elle, aura lieu le 11 avril.
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