Birmanie: « la journée la plus sanglante » depuis le coup d’État, des dizaines de morts

Répression de nouvelles manifestations pro-démocratie en Birmanie, où l'armée s'est livrée à une démonstration de force

Des dizaines personnes ont été tuées samedi dans la répression de nouvelles manifestations pro-démocratie en Birmanie, où l’armée s’est livrée à une démonstration de force, faisant défiler un impressionnant arsenal dans la capitale Naypyidaw.

Des dizaines de personnes ont été tuées dans la répression des manifestations pro-démocratie en Birmanie samedi, « journée des forces armées », qui a donné lieu à un gigantesque défilé militaire dans la capitale Naypyidaw. Citant des médias locaux et témoins, l’agence Reuters parlait samedi midi « d’au moins 50 manifestants tués », tout en précisant n’avoir pas pu vérifier ce nombre.

Alors que plusieurs médias ont rapporté la mort de six enfants entre 5 et 16 ans, l’Association d’aide aux prisonniers politiques (AAPP), une organisation pro-démocratique, parle d’au moins 77 morts dans 36 cantons, ce qui ferait de ce samedi « la journée la plus sanglante depuis le coup d’État ». L’Agence France Presse avait pu confirmer 24 victimes, samedi en milieu de journée.

Le bilan le plus lourd est à déplorer à Rangoun, la capitale économique du pays, où au moins cinq manifestants sont morts dans des affrontements nocturnes violents avec les forces armées. La junte militaire avait prévenu les manifestants qu’ils s’exposaient à être tués. « Vous devez apprendre que vous pouvez risquer le danger d’être visé par balle à la tête et le dos » avait fait savoir la télévision d’État, alors que les activistes pro-démocratie avaient appelé à de grandes manifestations contre le pouvoir.

Faible réaction internationale

« Cette 76e journée des forces armées restera gravée comme un jour de terreur et de déshonneur. Les meurtres de civils non armés, dont des enfants, sont des actes indéfendables », a réagi l’ambassade de l’Union européenne à Rangoun sur les réseaux sociaux. L’ambassade des États-Unis a condamné de son côté le « meurtre de civils non armés ».

Avant ce samedi, et depuis la prise de pouvoir par la junte militaire le 1er février, au moins 320 personnes avaient déjà été tuées, selon des chiffres de l’Association d’aide aux prisonniers politiques (AAPP). Selon ce groupe pro-démocratie, au moins le quart des victimes avaient succombé à des blessures par balle à la tête, laissant penser qu’elles ont été prises pour cible dans l’intention de leur donner la mort.

Jeudi, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur ce pays a demandé un sommet international d’urgence, jugeant trop lente et pas assez robuste la réponse au coup d’Etat des généraux. Tom Andrews a exhorté la communauté internationale à réagir « immédiatement et vigoureusement », alors que les sanctions ciblées imposées par certains Etats « n’ont pas coupé l’accès de la junte aux revenus qui contribuent à soutenir ses activités illégales ».