Côte d’Ivoire – Crise sociale et politique : L’Union Européenne tire la sonnette d’alarme
Dans son rapport sur la situation politique en Côte d’Ivoire, les représentants diplomatiques de l’Union européenne (UE) s’alarment de la situation politique et sociale à l’approche de l’élection présidentielle de 2020.
Dérive autoritaire du pouvoir, corruption, flagrantes inégalités sociales…, ce dernier rapport est très ferme. À en croire l’UE, le pays est « moins solide et démocratique » qu’on pourrait le penser. Le président Alassane Ouattara n’est plus aux yeux des ambassadeurs de l’Union européenne l’homme de la stabilité qu’ils voyaient en lui pour la Côte d’Ivoire. Il est accusé de restreindre les libertés individuelles dans le pays en plus de faire la promotion d’une croissance inexistante ou non inclusive.
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« La Côte d’Ivoire affiche l’image rassurante d’une stabilité retrouvée, portée par des taux de croissance élevés » (8% par an en moyenne depuis 2011, ndlr), mais « les indicateurs sociaux stagnent (taux de pauvreté à 46% en 2015) » et « la population s’interroge de plus en plus ouvertement sur cette croissance qui ne lui semble pas ou peu bénéfique », écrivent les ambassadeurs de l’UE dans ce rapport commun rédigé début juillet et qui ne devait pas être publié, selon une source de l’UE, contacté par AFP.
La population ivoirienne « tolère d’autant moins les largesses financières dont bénéficient les cercles du pouvoir », « une ‘classe dirigeante’ dont l’enrichissement ces dernières années est parfois spectaculaire », selon le rapport.
L’UE pointe « les failles politiques importantes de la reconstruction » après la décennie de crise politico-militaire qui a divisé le pays dans les années 2000, et « les fragilités non résorbées d’un pays peut-être moins solide et démocratique que sa bonne image pourrait le laisser penser ».
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« Face à ces difficultés, les autorités se montrent hermétiques aux critiques internes et externes, et semblent désireuses de ne laisser aucun lieu de pouvoir leur échapper », selon le texte.
« La confrontation entre un pouvoir qui restreint progressivement les espaces d’expression, et une contestation sociale grandissante, n’augurerait rien de bon pour l’échéance de 2020 », s’inquiète l’UE.
Sur le plan politique, la création d’un « parti unifié » voulue par le président Alassane Ouattara, « annoncé comme la solution à l’instabilité passée (…) a été dès le début compris par tous comme une manière pour la coalition au pouvoir de s’assurer une réélection systématique, en reléguant les éventuels mouvements d’opposition à la périphérie du jeu politique ».
Les chefs de mission de l’UE estiment encore que « la relation de l’Union européenne avec la Côte d’Ivoire est affectée par le manque de dialogue politique », une « situation (qui) n’est pas compatible avec la relation forte entre l’Europe et la Côte d’Ivoire, dont témoigne notamment le haut niveau de soutien politique et financier apporté par l’Union européenne ».
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