Armée européenne: une vieille idée dont l’évocation par Macron met Trump en boule
A l’occasion de la commémoration du centenaire de l’armistice de la première guerre mondiale le week end passé, le président français Emmanuel Macron a réitéré une vieille idée à savoir, la création d’une armée exclusive à l’Europe susceptible de lui octroyer l’autonomie vis à vis des États-Unis, la Chine et la Russie en matière militaire et en cas de besoins d’affirmer la force européenne dans le monde. Cette idée a mis Trump dans tous ses états obligeant l’Élysée a parlé de confusion dans l’interprétation que le locataire de la maison blanche a fait de l’intention de son homologue français qui du reste n’est pas une idée nouvelle. A quand remonte alors l’idée de la création d’une armée européenne?
Macron a communiqué le vendredi 09 novembre, le jour même où Trump foulait la France pour participer à la commémoration de la fin de la première guerre mondiale, sur son désir de voir ce vieux vœux de l’Europe de se doter d’une armée propre, se concrétiser. C’est d’ailleurs depuis le tarmac de l’aéroport d’Orly près de Paris en France, ce même vendredi, que Trump, par l’entremise d’un tweet très véhément, s’en ai pris au comeback d’Emmanuel Macron sur cette idée. « Très insultant, mais peut-être que l’Europe devrait d’abord payer sa part à l’Otan que les États-Unis subventionnent largement! », avait vomis Donald Trump.
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En effet, cette idée a suscité chez Donald Trump une colère doublée de raillerie ce qui l’a poussé à évoquer avec légèreté, la mémoire dramatique des première et seconde guerre mondiale : « Emmanuel Macron a suggéré la création de leur propre armée pour protéger l’Europe contre les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Mais c’était l’Allemagne dans la Première et la Seconde Guerre mondiale », a encore Twitté, ce mardi 13 novembre, Trump une fois de retour de Paris où il a pris part à la commémoration du centenaire de l’armistice de la Grande Guerre.
Le président américain a conclu son tweet toujours sur un ton ironique et encore en manquement grave à la mémoire des deux guerres mondiales. En ce sens, il a fait une allusion maladroite à l’occupation allemande: « Ils commençaient à apprendre l’allemand à Paris » « Comment ça a marché pour la France ? Ils commençaient à apprendre l’allemand à Paris avant que les Etats-Unis n’arrivent », a-t-il persiflé, « Payez pour l’Otan ou non », a-t-il badiné.
Donald Trump avait déjà l’habitude de demander aux pays européens membres de l’Otan de payer plus dans les dépenses militaires de l’organisation en se justifiant que les États-Unis paient la plus grosse part du budget de l’alliance atlantique et avait même menacé de quitter l’organisation.
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La France a réagit à la critique de Trump qu’elle a perçue comme une méprise : « L’armée européenne » prônée par Emmanuel Macron ne vise pas les États-Unis, a fait savoir la présidence française, évoquant une « confusion » dans l’interprétation des propos du président français par Trump.
A quand remonte l’idée de créer une armée européenne et pour quelle raison elle ne voit jamais le jour?
L’idée d’une armée européenne transcende l’idée même de la création de l’union européenne qui, elle, a pourtant été réalisée, il y a maintenant un quart de siècle. En effet, en 1952, la France, l’Allemagne, l’Italie et les trois pays du Benelux (Belgique, Pays Bas, Luxembourg), se réunissent d’abord au sein de la Communauté européenne de défense (CED). Mais Coup de théâtre, deux ans après, des députés se réclamant de De Gaulle ainsi que des communistes s’opposent à la communauté et refusent de ratifier son traité. L’idée était d’empêcher son éclosion. Le fruit n’a donc pas tenue la promesse des fleurs et ce désir de créer une communauté européenne de défense est resté jusqu’à ce jour un vœux pieux pour ne pas dire une lettre morte. Néanmoins, l’Europe n’a jamais cessé depuis lors de caresser ce rêve.
A preuve en 1999, l’Europe avait planifié de créer avant 2003, une force d’intervention rapide composée de 50.000 à 60.000 hommes capable de se déployer en trois mois pendant un an. De plus, la possibilité d’instaurer à terme une véritable union européenne de la défense est inscrite dans l’article 42 du traité sur l’Union européenne, révisé en 2009. Mais à toutes les occasions où il s’est agit de donner corps à ce projet, il suscite des oppositions aussi bien internes qu’externes.
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Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne a évoqué en 2015 lors d’une interview accordée à un journal allemand, la nécessité de doter l’UE d’une armée commune, ce qui avait suscité un tollé. Selon le chercheur Philippe Moreau Defarges, spécialiste de la construction européenne, deux raisons majeurs expliquent l’échec de la création d’une force de défense à l’échelle européenne.
« D’abord, les États sont très susceptibles en matière de souveraineté. Ensuite, les efforts de défense sont très variables au sein de l’UE : seuls deux États, la France et le Royaume-Uni, ont une réelle politique de défense. L’Allemagne, de son côté, a toujours développé son armée avec réticence. Pour le reste, il est très difficile de trouver comment harmoniser le potentiel militaire du Luxembourg et celui de la France, par exemple », avait confié l’expert, à Europe 1.
La seconde raison évoquée par l’expert: « Le dernier obstacle, énumère-t-il, c’est la paresse des États européens. Tant que l’Alliance atlantique existera, beaucoup de pays européens s’estimeront suffisamment protégés ».
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