Côte d’Ivoire : les révélations de Guillaume Soro sur ses rencontres avec Ouattara

Après sa démission de la tête du parlement ivoirien, Guillaume Soro se livre enfin sur ses deux dernières rencontres avec le président de la république Alassane Ouattara. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux il étale le contenu de leurs échanges.

Une première rencontre le 5 janvier et une autre le 24 du même mois, mais personne ne savait exactement ce que Guillaume Soro, alors président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire et Alassane Ouattara, président de la république, se sont dit. Les médias ont supposé qu’ils ont pu discuter des relations tendues qui existaient entre eux depuis un moment et bien entendu, de la probable adhésion de Soro au RHDP ou de sa démission. Cependant, le flou reste entier sur ce que les deux hommes ont bien pu se dire pendant ces rencontres discrètes. Guillaume Soro, qui avait affirmé, au soir de sa démission, qu’il n’est plus astreint au devoir de réserve, s’est exprimé ; il a livré les secrets de ces rencontres, rapporte Afrique sur 7.

« Le 5 janvier, le Président m’a reçu à sa demande et a souhaité que je milite au RHDP…Il (Alassane Ouattara, ndlr) m’a dit alors que le congrès était très important et que si je ne me rendais pas au congrès, il serait contraint de me demander de rendre ma démission. Ce que j’ai acquiescé sans hésitation d’ailleurs », a-t-il avoué. Il continue et parle de la seconde rencontre entre eux. « Le 24 janvier à nouveau, le président me convoque. Il demande à savoir si j’avais changé d’idée. Je lui ai dit non Monsieur le président, c’est tout réfléchi. Je ne suis pas Rhdp et que je ne comptais pas me rendre au congrès. Le président m’a dit bon dans ces conditions il faut que je rende ma démission. Je lui ai dit d’accord. Il ne restait que nous puissions nous mettre d’accord », a confié Soro avant de faire un long récit sur les démarches qui s’en sont suivies pour lui arracher sa démission.

 « Après le congrès, le 27 janvier, le président m’a appelé en colère pour dire que j’avais fait une démission orale et que par conséquent il m’enverrait des émissaires. Et ces émissaires sont arrivés chez moi, je dis bien le 28 janvier à 17H30, qu’ils m’ont envoyé une note et m’ont demandé de signer ma démission, d’autant plus que selon eux, j’avais fait une démission orale. Je leur ai dit « mais si j’ai fait une démission orale, je ne suis plus votre interlocuteur, on ne peut pas démissionner pour le même poste deux fois ».

Par la suite j’ai envoyé un courrier au président pour lui dire que je voulais qu’on préserve la dignité de l’institution parlementaire et que si je devais démissionner, je voulais que ça se fasse conformément à la Constitution, c’est-à-dire la convocation de l’actuelle session extraordinaire. On aurait pu attendre l’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée le 1er avril pour que je rende ma démission, rien ne pressait. Après tout ce que je viens de vous dire, si ce n’est pas du harcèlement, on peut parler d’insistance. »

Nombreux étaient les acteurs politiques qui ont dénoncé le harcèlement et surtout l’immixtion des tenants de l’Exécutif dans le Législatif. Ces révélations de Guillaume Soro viennent donc de leur donner raison, indique Afrique sur 7.