Crise sociopolitique au Bénin : l’ONU exprime ses inquiétudes et lance un appel aux parties
Les Nations Unies ont demandé jeudi au Bénin de faire preuve de retenue au lendemain des élections qui ont conduit à la violence.
Les forces de sécurité dans la capitale économique du Bénin, Cotonou, ont utilisé des armes à feu pour disperser des foules qui protestaient contre l’exclusion des partis de l’opposition des élections législatives de dimanche dernier. Des centaines de personnes ont manifesté depuis mercredi, appelant à la démission du président Patrice Talon, une agitation rare dans le pays, fort de 11 millions d’habitants, considérée depuis longtemps comme un bastion de la stabilité et un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest. La police a refusé de commenter et il n’y a pas eu de confirmation du nombre de victimes par les sources gouvernementales.
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté les parties prenantes béninoises à faire preuve de la plus grande retenue et à rechercher des solutions à leurs différends par le dialogue. « Nous suivons de près l’évolution de la situation en République du Bénin à la suite des élections législatives du 28 avril, auxquelles les partis de l’opposition ont été empêchés de participer », a déclaré Dujarric lors d’un point de presse régulier jeudi. « Nous notons avec inquiétude les tensions et les troubles en cours, qui ont entraîné la destruction de biens et la réaction brutale des forces de sécurité », a-t-il poursuivi. Il a également indiqué que le représentant spécial du secrétaire général en Afrique de l’Ouest et au Sahel, Mohamed Ibn Chambas, était en contact avec des collègues de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’avec des parties prenantes béninoises, afin d’encourager une solution consensuelle et pacifique au conflit à la situation et préserver la paix et la stabilité pour le pays.
Pour rappel…
Les troubles ont suivi la décision de la commission électorale d’interdire aux partis d’opposition de se présenter aux élections car ils n’étaient pas en mesure de respecter les critères stricts fixés par la nouvelle loi électorale pour présenter des candidats. Talon a nié que c’était l’intention de la loi. Des émeutes ont eu lieu dimanche dans le centre du Bénin, où des partisans de l’opposition ont incendié des maisons, ont indiqué des responsables. Les résultats annoncés mardi ont donné à deux partis fidèles à Talon le contrôle total du parlement. Les partisans du rival de Talon, l’ancien président Thomas Boni Yayi, ont manifesté.
Jeudi tard, la cour constitutionnelle a validé les résultats du vote de dimanche, avec une participation de 27%. Talon et Boni Yayi ont une relation tendue. En 2012, Boni Yayi a accusé Talon, un magnat du coton, d’essayer de le faire empoisonner. Talon a nié les accusations à l’époque. Talon a battu le successeur programmé de Boni Yayi lors d’une élection de 2016, alors que Boni Yayi devait se démettre de ses fonctions après dix ans au pouvoir.
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