Etats-Unis – Immigration : un bébé d’un an comparaît sans ses parents devant un juge

Scène surréaliste à la cour d’Arizona : un enfant âgé d’à peine un an a comparu, sans ses parents, devant un juge de l’immigration à Phoenix, dans le sud-ouest des Etats-Unis. Johan, petit hondurien, fait partie des centaines d’enfants qui ont été séparés de leurs parents à la frontière en application d’un décret pris par Donald Trump.

Le juge s’est dit « gêné » de demander à l’avocat de l’enfant s’il comprenait la loi sur l’immigration.

A la cour, le petit Johan était vêtu d’une chemise verte. Il a bu du lait dans une bouteille et a joué avec une petite boule violette qui s’allumait en heurtant le sol, a raconté l’agence Associated Press. Il était aussi défendu par un avocat.

A ce dernier, le juge John W. Richardson a dit son malaise, rapportent nos confrères d’AP. « Je suis gêné de demander, parce que je ne sais pas à qui vous l’expliqueriez, à moins que vous pensiez qu’un enfant d’un an pourrait apprendre la loi sur l’immigration. »

Son avocat a dit au juge que le père du garçon l’avait amené aux Etats-Unis, mais qu’ils avaient ensuite été séparés. Son père, a-t-il dit, a été expulsé et vit depuis au Honduras. Au final, le petit Johan a obtenu « un ordre de départ volontaire » afin que le gouvernement américain puisse le ramener au Honduras rejoindre son père.

Un juge de San Diego a ordonné le 26 juin la réunification sous 15 jours des enfants de moins de 5 ans avec leurs parents, et sous 30 jours pour les autres, fustigeant la politique de « tolérance zéro » sur l’immigration qui ordonnait l’arrestation systématique et les poursuites au pénal de tous les clandestins franchissant la frontière.

Alors que la justice américaine veut désormais réunir les familles d’immigrés qu’elle a séparées via le décret anti-immigration «tolérance zéro» de Donald Trump, les controverses se multiplient concernant des enfants présentés seuls devant le juge en vue d’être reconduits à la frontière.

Atmosphère «anxiogène» et «effrayante»

Circonstance aggravante : tous les avocats des enfants qui se sont succédé devant les juges ont dénoncé l’atmosphère «anxiogène» et «effrayante» des procédures, évoquant une cour inadaptée. «Il n’y a pas de siège d’appoint, pas d’ours en peluche. C’est un tribunal d’immigration froid, et ces enfants sont assis sur des sièges trop grands pour eux, leurs pieds ne touchent même pas le sol», a expliqué l’avocat spécialiste de l’immigration Lindsay Toczlowski sur CNN.

Plus de 2.300 enfants, dont environ 100 de moins de 5 ans, avaient été séparés de leur famille et hébergés dans des centres d’accueil gérés par le ministère de la Santé (HHS) en quelques semaines. Plus de 500 ont déjà retrouvé leurs parents mais le gouvernement peine à tenir le rythme.

Si, depuis, une grande partie d’entre eux ont déjà retrouvé leurs parents, le gouvernement a encore du pain sur la planche. Pour accélérer les retrouvailles, l’Etat a annoncé jeudi sa volonté de recourir à des tests ADN et à des procédures accélérées pour simplifier l’identification des familles. Mais les associations de défense des migrants dénoncent un possible fichage génétique des étrangers.