Bénin: la fille d’Urbain Dangnivo brise le silence, 10 ans après la disparition de son père
Carmen Peace Dangnivo, fille d’Urbain Pierre Dangnivo, est revenue sur le dossier de disparition de son père, 10 ans après sa disparition. Interrogée par Saphiir, elle a exprimé ses retentissements après ces nombreux mois passés sans son géniteur.
Tristesse et déception; c’est en résume ce que ressent Carmen Peace Dangnivo, 10 après la disparition de son père. « Beaucoup de tristesse à cause de toute la souffrance endurée et beaucoup de déception à l’égard de la justice de mon pays », a-t-elle déclaré. Elle est déçue par la justice béninoise, parce qu’elle n’est pas encore arrivée à élucider la disparition de son père.
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« A la justice rien n’a évolué. Le dossier est resté tel quel depuis 10 ans après »
Carmen Dangnivo
Malgré tout ce temps, la famille Dangnivo n’a pas tourné la page et espère toujours des réponses à leurs nombreuses interrogations. « La page n’a pas été fermée. La page est restée bien ouverte avec beaucoup de douleurs et des questions sans réponses jusqu’aujourd’hui », précise Carmen Dangnivo. Elle garde à l’esprit que son père est porté disparu, car la justice n’a rien fait pour prouver son décès.
Deux attentes majeures
10 après la disparition d’Urbain Pierre Dangnivo, sa famille attend deux choses vis-a-vis de la justice et de l’Etat. « Nous attendons de la justice que le dossier soit jugé de manière transparente et impartiale afin que toutes les parties soient situées », fait savoir Carmen Dangnivo.
En ce qui concerne l’Etat, c’est la clarification professionnelle du disparu qui est attendue. « Nous attendons de l’Etat, une clarification professionnelle de Monsieur Urbain Pierre Dangnivo », a-elle déclaré. Pour finir, Carmen Dangnivo invite sa famille et toutes les personnes affectées par la disparition d’Urbain Dangnivo, à garder courage et foi en Dieu.
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Pour rappel, Urbain Pierre Dangnivo cadre du Ministère de l’Économie et des Finances du Bénin est porté disparu le 17 Août 2010. La nouvelle de sa disparition a été rendue publique le 23 Août 2010 par la fédération des syndicats du ministère chargé des finances (Fesyntra-Finances).
Kodjo Alofa, principal accusé…
Quelques jours plus tard, un charlatan repris de justice, voire un récidiviste, a avoué avoir tué Urbain Dangnivo, contre une forte somme d’argent, avant de l’enterrer à son domicile. A l’époque, les forces de l’ordre, les responsables syndicaux, des journalistes et des parents du disparu se sont rendus dans la banlieue nord de Cotonou pour découvrir le corps.
A l’ouverture du procès en 2016, le principal mis en cause qui aurait reconnu les faits lors des enquêtes préliminaires a changé de version. Lors des assises, il a révélé avoir reconnu les faits sous pressions et contre de fortes promesses qui lui ont été faites. Il avait été poursuivi avec Donatien Amoussou pour assassinat et complicité d’assassinat commis sur la personne de Mr Urbain Pierre Dangnivo en 2010.
Un scénario monté par des commanditaires?
Pour Kossi Codjo Alofa, c’est un scénario monté par des commanditaires dont Mr Alédji et Lucien Dégbo. En contre partie, il devrait recevoir en retour une somme d’environ vingt-cinq millions de francs CFA promise par les commanditaires, des soutiens en numéraires et des vivres des commanditaires.
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Dans ses déballages à la barre, l’accusé principal a évoqué que Sévérin Massegbo lui avait donné le numéro 97 59 17 58 de Mr Lucien Dégbo, ce qui lui permettait d’échanger avec ce dernier par téléphone. Mais dit-il, il a fini par perdre espoir de leur soutien de le libérer et de celui d’une bonne fin de l’épisode. Une situation qui l’a poussé à réclamer une audience afin d’avouer qu’il n’est pas le coupable de l’assassinat de Dangnivo Pierre Urbain.
Son évasion spectaculaire…
Dans la nuit du 03 au 04 février 2015 , Codjo Alofa s’est évadé de la prison d’Akpro – Missrété. Il s’est fait arrêter dans la nuit du vendredi 27 mars par les éléments de la gendarmerie Togolaise et Interpole Togo. Son extradition vers le Bénin a eu lieu samedi 28 mars 2015 à la frontière Bénino-Togolaise à Hillacondji. Après sa présentation à la presse, l’évadé a été embarqué dans un véhicule blindé (char) et escorté par les éléments de la Gendarmerie et de la Police nationale du Bénin vers la prison d’Akpro-Missrété dans laquelle il séjournait.
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Il n’est plus à démontrer que ce qui était au départ un fait divers est devenu une affaire ‘’d’Etat’’ au point d’être récupérée par l’Opposition et les activistes des droits de l’homme d’alors. 10 ans plus tard, l’affaire Dangnivo reste sans aucun doute, l’une des causes de la chute du régime Boni Yayi.
Des difficultés à élucider ce dossier…
Mais ce qui désole le peuple béninois, c’est l’incapacité du gouvernement de la Rupture à élucider ce dossier qui n’a fait que trop durer. Aujourd’hui, Alofa ne reconnait pas avoir assassiné le sieur Pierre Urbain Dangnivo. Or, dans un rapport d’expertise rendu public, des médecins légistes confirment que le cadavre retrouvé à Womey était bien celui du disparu.
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Toutefois, pour se faire entendre, les sieurs Codjo Alofa et Donatien Amoussou, détenus dans l’affaire Pierre Urbain Dnagnivo, depuis près d’une décennie, ont dû saisir la cour constitutionnelle à l’effet de constater la violation de leurs droits.
La cour exige un jugement immédiat
En réponse à leur demande, en audience plénière, le jeudi 23 janvier 2020, Joseph Djogbénou et les autres conseillers ont examiné le recours des sieurs Codjo Alofa et Donatien Amoussou, présumés auteurs de la disparition de l’ancien cadre du ministère des finances, Pierre Urbain Dangnivo.
A l’issue de cette audience, la cour constitutionnelle a exigé le jugement dans un délai raisonnable afin de situer les prévenus sur leur sort. « Il y a violation du droit d’être jugé dans un délai raisonnable », a indiqué la cour par décision Dcc 20-029 du jeudi 23 janvier 2020.
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