Bénin – Décès de l’étudiant Théophile Djaho: requis dans un recours, Patrice Talon répond
Interpellé par une requête déposée à la Cour constitutionnelle, Patrice Talon a réagi à la mort de l’étudiant Théophile Djaho, décédé lors d’un affrontement entre policiers et étudiants à l’Université d’Abomey-Calavi. Sacca Lafia, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, a aussi donné sa part de vérité dans cette affaire.
Requis dans le recours 2002/577/REC-20 portant sur la mort de l’étudiant Théophile Djaho, le Président de la République et le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique ont apporté leur réponse à l’audience de mise en état du mardi 15 décembre 2020. Selon le requérant, Habib Ahandessi, qui a reçu les correspondances comportant les réponses, Patrice Talon et Sacca Lafia « reconnaissent la mort du camarade Théophile Dieudonné Djaho; mais méconnaissent les causes de son décès », rapporte-t-il.
A lire aussi : Bénin – Etudiant tué par balles à l’UAC: Habib Ahandéssi introduit un recours à la Cour
Dans la suite de sa réponse, le « Président de la République estime que ce n’est pas son rôle de s’immiscer dans un dossier de justice. Il évoque le principe de séparation des pouvoirs ». Quant au Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, il a démenti « l’usage disproportionné de la force publique dans les affrontements entre étudiants et policiers ayant occasionné la mort de l’étudiant Théophile Dieudonné Djaho ». Pour finir, le Président de la République et le Ministre ont estimé que la requête d’Habib Ahandessi est non fondé et demandent à la Cour constitutionnelle de le débouter.
Le requérant dénonce la violation de plusieurs articles de la Constitution
Dans sa requête, Habib Ahandessi demande à la Cour constitutionnelle de faire constater la violation des articles 15, 19, 34, 35 et 41 par le Président de la République et le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique. L’article 15 stipule que « Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne ». En ce qui concerne l’article 19, il met l’accent sur la punition de tout agent qui se rendrait coupable d’acte de torture et autres dans l’exercice de sa fonction, soit de sa propre initiative, soit sur instruction.
A lire aussi : Bénin – Etudiant tué par balle à l’UAC: la cour convoque Habib Ahandéssi à une audience publique
Les articles 34 et 35, quant à eux, soulignent le respect de la Constitution et les lois de la République en toutes circonstances par les agents civiles ou militaires de l’Etat et leur devoir d’agir en toute conscience, compétence, probité, dévouement et loyauté dans l’intérêt et le respect du bien commun. Enfin, l’article 41 évoqué par le requérant, stipule en son alinéa 1 et 2 que « Le président de la République est le Chef de l’Etat. Il est l’élu de
la Nation et incarne l’unité nationale. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité territoriale et du respect de la Constitution, des traités et accords internationaux ».
Retour sur la mort par balles de Théophile Djaho
Théophile Dieu-donné Djaho, étudiant en première année de géographie, a été touché par balles à l’Université d’Abomey-Calavi le 24 mars 2020. Tout serait parti de la volonté des étudiants de sauver leurs vies et de lutter contre la propagation de la covid-19. Ainsi, la Fédération nationale des étudiants du Bénin (FNEB) avait annoncé la veille, soit le 23 mars, la suspension des cours. Le lendemain, les étudiants ont envahi les amphithéâtres pour faire respecter le mot d’ordre: la suspension.
A lire aussi : Bénin: tué en pleine manifestation, l’étudiant Théophile Djaho inhumé ce jour
Alors que les responsables étudiants vidaient les amphithéâtres, la police a arrêté trois parmi eux. Une arrestation qui a provoqué l’affrontement à la suite d’une mobilisation pour exiger la libération de leurs camarades. Dans ce tohu-bohu, Théophile Djaho aurait été abattu alors qu’il fuyait les éléments de la police républicaine.
Des témoins rapportent que l’étudiant n’a pas résisté longtemps à la balle reçue. La même source précise qu’il était déjà mort avant son transfert à l’hôpital. Toutefois, les étudiants arrêtés lors de la manifestation ont été par la suite libérés.
Boni Yayi dénonce une bavure anti-démocratique
Dans un tweet, l’ancien président de la république, Boni Yayi, a dénoncé la mort de l’étudiant qu’il qualifie de bavure “anti-démocratique”. Par la même occasion, il a présenté ses condoléances à la famille éplorée. “Un étudiant abattu par la police béninoise pour avoir réclamé le confinement du monde universitaire face à la propagation du COVID-19. En ma qualité d’ancien Président, je condamne cette bavure anti-démocratique. Mes Condoléances à la famille de la victime”, a-t-il écrit sur son compte Twitter.
La mise au point du gouvernement
Selon Alain Orounla, lors d’une conférence de presse animée le vendredi 03 avril 2020, le gouvernement est informé de la mort de l’étudiant Théophile Djaho. D’après lui, pour le moment, le gouvernement ne peut prendre position sur ces drames sans le rapport des investigations en cours.
“Nous avons appris ces informations. Des investigations sont en cours. On veut savoir exactement dans quelles circonstances ces drames sont survenus avant que le gouvernement ne prenne une position. On ne peut pas parler de choses dont on n’a pas connaissance”
Alain Orounla, Porte-parole du gouvernement.
Pour Alain Orounla, ce qui se dit à travers les réseaux sociaux, par des personnes qui ne sont pas qualifiées, n’est pas conforme à la réalité. Il souligne que la réalité résulte des investigations qui sont en cours et qui permettront de déterminer exactement ce qui s’est passé.
1 commentaire