Recrutement des vacataires au Bénin: la grande manœuvre des chefs d’établissement

Le gouvernement béninois a décidé, à compter de la rentrée scolaire 2017-2018, de recruter directement les enseignants honoraires communément appelés « vacataires » dans les établissements publics d’enseignement général du pays. Le processus, si bien conduit, devrait permettre au gouvernement de doter ces établissements de personnel adéquat et  qualifié pour cette nouvelle rentrée. Mais à l’arrivée, certains directeurs, toujours ancrés dans leurs anciennes manœuvres, sabotent cette initiative pourtant saluée par les acteurs.

Par arrêté N°655/MESFP/DC/SGM/DESG/SA du 13 juillet 2017, le gouvernement du Président Patrice Talon a suspendu tout recrutement direct des enseignants vacataires par des chefs d’établissement d’enseignement secondaire en République du Bénin.

Par l’entremise du ministère de l’enseignement secondaire et de la formation professionnelle et technique et par arrêté N° 5278/MEPS/METFP/MFE/¬DC/SG du 04 novembre 2003 portant modalités de recrutement et d’emploi des enseignants vacataires des enseignements secondaire général, technique et professionnel, le gouvernement Talon a fixé les conditions que doivent désormais remplir les postulants avant tout recrutement dans les CEG du pays.

Et suivant les conditions, ces enseignants à recruter devraient être titulaire de leur matière, c’est-à-dire, avoir reçu les formations soit académiques ou professionnelles dans la ou les matières à enseigner. 

L’ambition du gouvernement était de jouer à la transparence afin que les dessous de tables que prenaient les directeurs chez ces enseignants cessent et que les plus qualifiés soient effectivement placés dans leur domaine d’intervention. Mais hélas.

Cette volonté du Président Talon et de toute son équipe gouvernementale semble ne pas recevoir l’adhésion de certains directeurs d’établissement qui se permettent, malgré le travail déjà abattu par les inspecteurs, conseillers pédagogiques de la commission (même s’il convient de relever également des coquilles à ce niveau), de saboter cette initiative pourtant applaudie par des acteurs du secteur de l’enseignement.

De la commune de Sèmè-Podji à Natitingou dans la partie septentrionale, des cas de substitution de noms ont été avérés.

Rodolphe est enseignant de Physique Chimie Technologie (PCT). Il a fait ses études à la faculté de la Physique et chimie à l’université d’Abomey-Calavi. Il a réglementairement déposé ses dossiers comme l’avait stipulé l’arrêté ministériel et ceci dans les délais.

Effectivement, la commission qui a étudié son dossier l’a retenu  au vu des documents produits.

A l’affichage, il a vu son nom mais grande a été sa surprise quand au censorat, ce directeur des études refuse de lui remettre son emploi du temps. Surpris, il s’est rapproché du directeur qui lui annonce qu’un autre enseignant, n’ayant même pas son nom sur la liste retenue ni sur celle additive, a déjà pris sa place sous prétexte qu’il ne se serait pas manifesté très tôt.

Hormis ce cas, des noms ont été substitués dans beaucoup de collèges et ceci, dans tout le pays. Et pour les recoupements après des dénonciations, des autorités étatiques sillonnent déjà les collèges et établissements publics d’enseignement général afin de rappeler ces directeurs indélicats à l’ordre.

« Mais au-delà de tout, c’est un fiasco et le gouvernement n’a fait que déplacer le niveau de la corruption. Les inspecteurs et conseillers qui ont travaillé ne sont pas si clean et les directeurs ont décidé également d’achever ce qu’ils ont entamé au plus haut niveau », s’est insurgé Samson Emènou, secrétaire général adjoint du syndicat national des enseignants vacataires du Bénin (SYNEVAB). Il exige donc une punition à la hauteur de leur forfaiture.