Télécommunication : Maroc Télécom à la porte du marché béninois
Le climat des affaires au Bénin sous le régime du nouveau départ est de plus en plus défavorable aux investisseurs qui auraient pourtant aimé le contraire avec l’arrivée à la tête du pays d’un membre issu des sérails des affaires. De l’acharnement contre les opérateurs économiques ne partageant pas la même vision que le régime en place à ceux intervenant dans le secteur de la télécommunication exerçant sur le territoire béninois, le gouvernement Talon est décidé à, est-on tenté de l’évoquer ainsi, leur pourrir la vie. Après les nombreux coups reçus par Sébastien Germain Ajavon, ce sont les opérateurs de téléphonie mobile qui sont désormais dans l’œil du cyclone. Vision, faire la place pour d’autres qu’il convoite si fièrement.
Le secteur de la téléphonie mobile au Bénin connaît un assainissement et cette réforme engagée par le régime Talon pourrait favoriser l’arrivée, sur le marché béninois, d’autres opérateurs téléphoniques en remplacement de ceux existant sur le territoire et qui ne seraient pas en mesure de respecter les clauses contractuelles que seul le gouvernement est habileté à fixer.
C’est du moins l’avis que tente-t-on d’émettre au sujet de la nouvelle pression qui s’exerce sur ces investisseurs qui ont préféré injecter leur fortune dans la télécommunication et qui ont également choisi la destination Bénin pour mener leurs activités.
Le Bénin compte environ, selon les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (INSAE), près de dix (10) millions de population. Un chiffre qui serait insignifiant compte tenu du nombre d’opérateurs téléphoniques déjà existant sur le territoire. Il y a quelques mois, on en comptait six (6). Avec ce nombre, deux (2) ont toujours été considérés de « menu fretins » puisque ne disposant pas assez d’abonnés et un comme une société moribonde en attente d’un nouveau souffle pour se reprendre.
« Avec ce nombre sur le territoire béninois, on devrait assister à une bataille concurrentielle à la faveur et à l’avantage des consommateurs, des abonnés. Mais hélas, ils usent, chacun, d’autres politiques « trompeuses » pour mieux gruger ces consommateurs », se désole Robin Acrombessi, président de l’association des consommateurs du Bénin.
Inutile d’évoquer les failles observées au niveau de la fourniture des services et offres de ces opérateurs téléphoniques sur le territoire béninois étant donné que ces défaillances communicationnelles sont constatées par tous les abonnés presque et même l’autorité de régulation de la communication en République du Bénin. Mais ce qui fait l’actualité depuis quelques semaines, c’est le renouvellement des contrats et licences de ces sociétés téléphoniques exerçants sur le territoire national béninois.
Le gouvernement Talon, au cours de son conseil des ministres du 2 août 2017, a pris la décision du retrait de la convention d’exploitation de Bell Bénin communications. Selon le relevé de ce conseil des ministres, la décision fait suite aux différentes recommandations de l’Agence pour la régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP).
Les faits reprochés à cet opérateur téléphonique national trouvent entre autre leurs sources du non-respect des obligations du réseau vis-à-vis de l’État béninois. Ce qui d’ailleurs se traduit par son incapacité à solder la contrepartie financière de la licence évaluée à si (6) milliards de francs CFA. Il lui était aussi reproché les redevances dues au titre de cette licence qui s’élève à plus de douze (12) milliards de francs CFA avec d’autres dettes au niveau des structures étatiques s’élevant à plus de neuf (9) milliards de francs CFA.
« Au regard de la gravité de ces fautes, on ne peut que suspendre cette licence surtout après moult interpellations », conclut le relevé du conseil des ministres du 2 août 2017.
Mais pour beaucoup et surtout au vu des explications fournies par l’avocat-conseil de cette société de télécommunication, il en ressort que depuis juillet 2016, Bell Bénin communications de l’opérateur économique béninois, Issa Saley, avait déjà cédé ses actions à l’opérateur nigérian Global Tecomnet Limited à hauteur de 90%. « Le gouvernement béninois ne peut nier ce rachat puisque le régulateur qui est l’ARCEP a approuvé le plan d’accompagnement de l’État au profit de BBCom afin de l’aider à sortir de ses difficultés en offrant au repreneur stratégique le temps nécessaire pour implanter son plan de restructuration », a signifié l’avocat-conseil de la société Belle Bénin communications. Lentement donc et de façon politiquement diplomatique, Bell Bénin a été retiré du marché béninois alors qu’elle appartient à un opérateur national.
La décision, comme on pouvait en douter, a mis au chômage et sans emplois, des milliers de Béninois qui survivaient grâce à cet emploi dans cette société.
Glo mobile sur les traces de Bell Bénin ?
Les derniers de l’actualité dans le secteur de la télécommunication semblent faire croire qu’il s’agit d’un assainissement dans le domaine. Cinq (5) au départ, tout porte à croire qu’il restera deux (2) quant on se fie à l’éviction de Bell Bénin communication, de l’état moribond de Libercom et surtout les derniers soucis liés au renouvellement de licence de l’opérateur téléphonique nigérian Glo mobile.
Depuis août 2017, la licence de Glo mobile a expiré et pour son renouvellement comme l’exigent les clauses contractuelles, le gouvernement béninois propose une licence troisième génération (3G) à cinquante (50) milliards de francs CFA. Et selon les informations qui nous sont parvenues, cette société nigériane appartenant au deuxième homme le plus riche du continent noir a estimé que cette licence vendue il y a cinq (5) ans environ à cette somme ne pourra avoir la même valeur aujourd’hui car les opérateurs qui ont déjà acquis cette licence ont aujourd’hui le meilleur de ce service.
Afin donc de mener les négociations, le Président directeur général (PDG) de cette société, Mike Adenuga était, lui-même, au Bénin afin de voir dans quelle mesure il pourrait revoir cette clause avec le ministre béninois en charge de l’économie et des finances, Romuald Wadagni. Au cours des échanges, le richissime nigérian aurait proposé vingt six (26) milliards de francs CFA pour le renouvellement de cette licence avec cette formule de 3G. Mais le gouvernement béninois est resté campé à sa première offre.
Les deux visites de Mike Adenuga au Bénin ont été infructueuses et ses trois lettres de demande d’audience auprès du Président de la République n’ont malheureusement pas connu une suite favorable. Ce n’est que dans cette perspective que l’État béninois a saisi son frère Nigérian comme l’exigent aussi les règles diplomatiques. Saisi donc officiellement du dossier, le gouvernement nigérian a demandé à l’État béninois d’appliquer juste les règlementations en vigueur en République du Bénin.
Et pour certains analystes économiques et géopolitiques, « il s’agirait d’un piège tendu au gouvernement béninois puisque cette réaction si simple ne rassure aucunement un dénouement de cette situation qui plonge pourtant un des leurs dans l’abîme ». A l’allure où se conduisent les négociations et vu l’échec de ces dernières, on est en passe d’évoquer le même sort que celui subvenir à l’opérateur Bell Bénin communication il y a seulement quelques mois.
Deux opérateurs GSM à la porte du Bénin
Le Gouvernement du Bénin, dans son Programme d’action quinquennale (PAG), ambitionne d’utiliser les Technologies de l’information et de la communication (TIC) comme catalyseur de dynamique économique et de modernisation du Bénin pour l’accélération de la croissance économique et l’inclusion sociale d’ici à 2021. Cette volonté du gouvernement Talon fait suite à l’enjeu qui est désormais de transformer à moyen terme le Bénin en une plateforme de services numériques pour toute l’Afrique de l’Ouest.
Et suivant les écrits de ce PAG, cette nouvelle stratégie s’appuiera, notamment, sur le développement massif des infrastructures et la dernière généralisation de l’accès au haut débit en vue d’atteindre un taux de couverture de 80% ainsi que sur l’assainissement et la dynamisation du secteur. Au regard des efforts quotidiens du gouvernement Talon qu’il sera bienséant de reconnaître, il est sans dire que l’atteinte d’un tel objectif ne pourra être effectif que si le marché est mieux concurrencé. Ce qui pourrait donc justifier la pression mise sur les opérateurs téléphoniques quant au renouvellement de leur licence d’exploitation sur le territoire béninois afin d’inclure, dans cette nouvelle clause, les dernières innovations technologiques.
Suite donc à l’incapacité de Bell Benin télécommunication à accompagner cette vision du régime Talon, ce dernier a dû prendre les mesures du retrait de sa licence d’exploitation. Les mêmes travaux sont également en cours avec l’opérateur Glo mobile qui, depuis deux mois, n’a pas encore renouvelé sa licence pour, dit-il, une licence à forte somme contre un service qui semble être révolu. Si rien n’est fait à ce sujet par les deux parties (Glo mobile Bénin et l’État béninois Ndlr), cette société nigériane risque de mettre sa clé sous les paillassons. Au même moment, l’on apprend le « cococo » de deux autres opérateurs téléphoniques qui aimeraient bien envahir le marché béninois. Il s’agit, selon nos informations, Orange France et Maroc Télécoms. Deux géants de la téléphonie mobile reconnus internationalement compte tenu de la qualité et des services qu’ils offrent à leurs abonnés.
« Orange France et Maroc Télécoms ont tous deux exiger la libération de l’espace avant toute acceptation des clauses contractuelles pour leur implantation sur le sol béninois », nous a confié un agent du ministère de la télécommunication sous l’anonymat. Si Orange France envisage prendre les actions de Libercom pour ses opérations au Bénin, Maroc Télécoms lui, entend s’implanter après « libération » de l’espace pouvant lui permettre de conquérir autrement le marché qui, à priori, ne sera pas facile. Est-ce une telle exigence qui caractérise l’inflexibilité du gouvernement béninois quant aux négociations pouvant permettre aux opérateurs déjà sur place de renouveler et de continuer leurs activités dans le pays ? Rien n’est encore si affirmatif mais les mêmes sources nous renseignent que les négociations avec Maroc Télécoms ont déjà beaucoup évolué.
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