Pandémie de Coronavirus: aux Etats-Unis, « les Noirs meurent six fois plus que les Blancs »
Victimes d’un moindre accès aux soins et d’un racisme implicite, les Afro-américains sont plus durement frappés par la Covid-19, alerte la presse américaine.
Les Etats-Unis sont le pays le plus touchés par le coronavirus avec plus de 400.000 cas, presque trois fois plus qu’en Italie et près de 13.000 morts, dont 2.000 en une seule journée, le pire bilan journalier d’un pays face à l’épidémie de coronavirus. Dans cette catastrophe sanitaire, les habitants des Etats-Unis ne sont pas égaux, les Noirs sont plus durement touchés. « La génétique n’y est pour rien. La pauvreté pour beaucoup » : ainsi, le coronavirus est amené par des riches qui ont voyagé avant de se disséminer dans des quartiers pauvres où les gens n’ont pas d’argent pour aller chez le médecin.
Dans l’Illinois (nord) : les Noirs y pèsent 14 % de la population, mais 30 % des malades et 41 % des morts. Autrement dit, ils auraient deux fois plus de risques que les autres d’être contaminés, et surtout trois fois plus d’être emportés par la maladie. À Chicago, c’est 72% des morts, alors qu’ils représentent moins d’un tiers des habitants : des disparités qui «coupent le souffle», a dit la maire de la ville, Lori Lightfoot.
A Washington, 13 des 22 morts étaient noirs. « J’ai très peur de l’impact disproportionné que ce virus aura sur les Afro-Américains », a dit mardi la maire de la capitale américaine, Muriel Bowser, sur MSNBC. En Louisiane, où se trouve La Nouvelle-Orléans, la disproportion est également très importante : 33 % des habitants sont Noirs mais 70 % des morts l’étaient.
Inégalités sociales et raciales
Georges Benjamin, président de l’Association américaine de Santé publique (APHA), explique aussi à l’AFP que les Noirs, aux Etats-Unis, sont plus exposés au coronavirus que des populations plus aisées, dans leur vie quotidienne ou leur travail. « Cette population fait plus face au grand public, dit-il. Ils sont plus souvent chauffeurs de bus, ils prennent plus les transports en commun, ils travaillent plus dans les maisons de retraite, les magasins et les supermarchés. »
La distanciation sociale est plus compliquée lorsqu’on habite des quartiers plus denses, des logements plus petits. Quant au télétravail, il est souvent impossible, en raison des types d’emplois. Et se faire livrer des courses à domicile est souvent un luxe.
« La génétique n’y est pour rien. La pauvreté pour beaucoup » : ainsi, le coronavirus est amené par des riches qui ont voyagé avant de se disséminer dans des quartiers pauvres où les gens n’ont pas d’argent pour aller chez le médecin.
La peur d’être pris pour un truand
Sur CNN, le professeur d’économie à l’université d’Ohio, Trevon Logan, lui-même Noir, a avancé une autre explication : selon lui, de nombreux Afro-Américains rechigneraient à porter des tissus sur le visage pour se protéger, comme cela a été conseillé par les autorités dans certaines villes ou Etats, par peur d’être pris pour cible par la police car perçus comme des voyous. « Nous avons de nombreux exemples de la présomption de culpabilité qui pèse sur les hommes Noirs en général, a-t-il expliqué. Et là, nous recevons le conseil de sortir en public avec quelque chose qui pourrait être interprété comme criminel ou néfaste, surtout chez les hommes noirs. »
Une réflexion illustrée par un tweet d’Aaron Thomas, un homme noir éducateur dans l’Ohio, qui a reçu plus de 120 000 « likes » : « Je ne me sens pas en sécurité en portant un foulard ou quoi que ce soit qui n’est pas CLAIREMENT un masque de protection sur le visage, parce que je suis un homme Noir. Je veux rester en vie, mais je veux aussi rester en vie », a-t-il écrit.
https://twitter.com/Aaron_TheThomas/status/1246493711032356866
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