Côte d’Ivoire : pour avoir giflé une policière en service, un député en prison

L’honorable Yah Touré va devoir passer sa première nuit dans une cellule de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), en attendant son jugement prévu dans quelque deux semaines. C’est la décision prise ce lundi 29 par le procureur du tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau après l’interrogatoire du député du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié.

Yah Touré, député élu sous la bannière du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle) mais issu du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI d’Henri Konan Bédié) avait été placé en garde à vue, ce dimanche 28 janvier 2018 à la préfecture de police d’Abidjan, suite à une altercation avec une policière. Le député avait été mis en examen pour « outrages » et « violences sur agent de police, dans l’exercice de ses fonctions ».

Les témoignages sont concordants. Vendredi, au feu tricolore d’un centre commercial de Cocody, habituellement embouteillé, une altercation éclate entre le député Yah Touré et une agent de police affectée à la circulation à ces lieux.

Le député affirme transporter un malade et veut de ce fait, doubler la file. Le député s’approche de l’agent – en vue de découvrir le nom inscrit sur sa plaquette patronymique, affirme-t-il. Celle-ci le repousse. Les éclats de voix qui s’en suivent attirent les passants. Le député remonte précipitamment dans son véhicule, pris d’assaut par la foule.

Après quelques minutes de troubles, le calme revient quand les deux protagonistes échangent leurs numéros de téléphone. L’incident semble clos, mais le lendemain, vers 17h, le député reçoit à son domicile abidjanais la visite d’un capitaine de police porteur d’une convocation de la préfecture de police.

La version de la foule soutient que l’honorable a administré une claque à la policière en service. À en croire les témoignages, le député se serait précipité dans son véhicule pour se sauver si la foule attirée par la dispute n’avait pas encerclé sa voiture.

Placé en garde à vue

Le député répond à la convocation. Suite à son interrogatoire qui a débuté à 18h, dimanche soir, il est placé en garde à vue. Le lundi matin, il était déféré devant le parquet du tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau. Il est poursuivi pour « outrages » et « violences sur agent de police, dans l’exercice de ses fonctions ». Mais l’honorable va devoir passer sa première nuit dans une cellule de prison selon la décision prise par le procureur du tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau après l’interrogatoire du député.

Une procédure de flagrant délit, alors que le député bénéficie de l’immunité parlementaire ?

Ce lundi 29 janvier, le bureau de l’assemblée nationale s’est prononcé sur l’incident. Le bureau « requiert la suspension de la poursuite du député en application des dispositions de l’article 92 alinéa 3 du règlement de l’Assemblée nationale », peut-on lire dans une déclaration de l’assemblée. Cette disposition est relative à l’immunité parlementaire du député.