Célestine Zannou : « en toute circonstance, les ambitions d’accord mais le Bénin d’abord »
La présidente de la Dynamique du changement pour un Bénin debout a participé aux réflexions, sur le débat citoyen, organisées dans le cadre de la commémoration des 28 ans de la conférence nationale des forces vives de la nation.
Lire ci dessous la quintessence de sa réflexion en vue de la sauvegarde des acquis de la démocratie.
Réflexion de Célestine Zanou:
Comme tous les autres peuples sur terre, les Béninois parlent, discutent, échangent sur leur existence et devenir.
- Béninoises, Béninois,
- Chers Compatriotes,
Oui, ce qui s’est achevé ce 28 février 1990 était si grand et si prometteur pour notre Nation, que les Béninois se devaient nécessairement de le poursuivre dans leurs pensées, dans leurs cœurs et surtout dans leurs actes. Il en est ainsi. Tant et si bien que le Chef de l’Etat, dans son discours d’investiture du 06 avril 2016 a cru devoir marteler une autre forte : « Nous allons vaincre la fatalité », liant de fait son pouvoir à l’héritage de la Conférence nationale.
Aujourd’hui est un jour de commémoration. Une commémoration certes, mais des regards croisés sur le fait fondateur, donc un rituel, pour ainsi dire, critique. Et c’est à ce rituel ouvert sur les Béninois et sur toutes les sensibilités, que nous sommes de nouveau convoqués, ce 28 février 2018.
Jour d’émotion donc, et jour d’interrogations. Mais une chose est claire : l’histoire que nous sommes en train de perpétuer ainsi exige, aujourd’hui plus qu’hier, que le passage de témoin ne se fasse pas sans témoignages. Aussi mon propos portera-t-il essentiellement sur deux mots : héritage, bien sûr, mais aussi testament.
- Béninoises, Béninois,
- Chers Compatriotes,
C’est René Char, je crois, qui, parlant du 20ème siècle et plus particulièrement de sa génération, disait ceci : « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament. » Or, puisque le propre de tout héritage, c’est qu’il soit précédé de testament, que se passerait-il alors dans le cas où les héritiers se retrouveraient sans testament ? Cette question, je nous la pose parce que de sa réponse dépendent les réponses à d’autres questions que se posent les Béninoises et les Béninois. D’abord : Qu’en est-il aujourd’hui de l’héritage de la Conférence nationale ? En avons-nous tous pleinement conscience et également la quintessence ? Au-delà de sa lettre, savons-nous tous reconnaître l’esprit qui l’a portée, qui l’a vu naître et entretenue jusqu’à ce jour ? Ensuite : Qu’est-ce qu’un testament, parlant d’un peuple et d’un peuple comme le nôtre ? Car si testament il y a, si héritage et donc des héritiers il y a, c’est qu’incontestablement nous sommes en présence d’un testateur. Enfin : Existe-t-il au Bénin un testament par quoi les valeurs et les idéaux auxquels nous croyons nous ont été légués ? Si oui, où est-il, et comment l’identifier entre mille, dès lors qu’il peut y avoir – souffrez que je le dise – de faux testaments ? C’est à ces questions-là qu’il urge de répondre si nous voulons continuer à faire de ce pays un havre de paix et d’unité nationale, un pays de grande foi.
C’est dire, mes chers compatriotes, que nous ne devons manquer de payer chaque fois notre dette envers celles et ceux qui ont vécu comme une parturiente le haut fait consacré à travers la Conférence Nationale. Loin de nous l’intention de faire de la mémoire sélective, mais au moins trois noms font le consensus : Nicéphore Dieudonné SOGLO, feux Mathieu KEREKOU et Mgr Isidore de SOUZA.
Le Président SOGLO, en effet, peu importent les tractations qui l’ont porté aux devants de la scène post-Conférence Nationale, reste le symbole du consensus national, mais surtout, et je le crois profondément, l’agneau quasi sacrificiel du Renouveau démocratique. Loués soient Dieu et les Mânes de nos ancêtres pour le miracle grandiose, puisque l’homme est toujours parmi nous et le sera pour longtemps encore ; car il a failli y laisser sa vie. D’une façon ou d’une autre, il est de ceux et celles qui les premiers ont concrètement frayé la voie à notre démocratie comme acteur de premier plan. Est-il légataire ou testateur ou les deux à la fois ? C’est l’histoire qui nous le dira.
Mais ce que l’histoire a déjà dit clairement, c’est le statut hautement évocateur du général Mathieu KEREKOU et Mgr Isidore de SOUZA.
Le premier pour avoir eu l’inspiration et le génie fédérateur de la Conférence Nationale. Pour avoir véritablement porté cette Conférence, je veux dire, l’idée que seule la rencontre de tous les filles et fils de ce pays pouvait lui redonner espoir et vie. C’est vrai, l’homme fut un révolutionnaire, un révolutionnaire parfois très dur, mais c’est encore lui qui a dit que le Bénin n’avait pas besoin d’attendre 70 ans pour savoir jusqu’où il ne faut pas aller dans la Révolution et l’idéologie marxiste-léniniste. Inflexible dans cette démarche féconde et libératrice, il a sacrifié une partie entière de sa vie et de ce qui pouvait être ses intérêts existentiels.
Le second, Mgr Isidore de SOUZA, pour avoir exorcisé, par son charisme et sa foi irréductible, les anciens démons qui ont été toujours présents dans l’antichambre de tous les combats politiques dans ce pays. « Plaise au Ciel qu’aucun bain de sang ne nous éclabousse et ne nous emporte dans ses flots », nous a-t-il martelé. Que dire d’autre de l’icône nationale qui épuise sa mémoire en nous, sinon que son nom est devenu aussi impérissable que le testament lui-même. Il est donc co-testateur, pour ne pas dire le testateur principal.
C’est donc autour de toute cette mémoire que je voudrais, lancer un cri de cœur. Ce cri de cœur, que je le résume ainsi : En toutes circonstances, nos ambitions d’accord, mais le Bénin d’abord !
A cette occasion solennelle du mercredi 28 février 2018 où le Bénin entier célèbre les 28 ans de la clôture de la Conférence Nationale des forces vives de la Nation du mercredi 28 Février 1990, je souhaite que les témoignages de chacun se situent autour des axes ci – après.
- D’abord quels ont été les gains ou les acquis liés à la Conférence Nationale de 1990 ?
- Ensuite, quel usage en avons-nous fait concrètement depuis lors ?
- Enfin, quelles peuvent être les nouvelles résolutions et recommandations, à partir de cet instant où nous prenons autrement conscience de cet héritage que les béninois ont en partage ?
Pour ma part, je recommande outre l’esprit de dialogue et de consensus
- Que les Béninois s’inspirent, fort du consensus et de l’esprit de dialogue hérité de la Conférence Nationale, du modèle ghanéen du National Peace Council.
- Que les gouvernants s’engagent à célébrer annuellement et autour d’un thème général, la Conférence Nationale afin de pérenniser cet héritage qui doit commencer à être enseigné dans nos écoles et Universités et pour que témoignage et reconnaissance enfin rentrent dans nos mœurs au Bénin.
Témoigner, c’est se faire humble, pour respecter, honorer et inviter à l’excellence. La reconnaissance quant à elle, est l’expression même de la bonne foi, de la gratitude et du devoir. Elle rime avec le droit qui rencontre le devoir au point de s’oublier dans le devoir ; car dès que le droit s’oublie dans le devoir, le pays est sauvé.
- Toujours privilégier pour cet évènement national qu’est l’anniversaire de la Conférence Nationale, une lecture au-delà du visuel. Cette année c’est du 28 – 28 – 28 : A chacun sa lecture.
Je vous remercie.
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