Niger – loi des finances 2018 : le gouvernement refuse de se laisser distraire par la rue

Depuis des mois, la société civile au Niger organise des manifestations pour protester contre la loi des finances 2018 qu’elle juge « antisociale ». Selon le ministre des Finances, le gouvernement n’entend pas abdiquer devant la pression de la rue.

« Je pense qu’ils ne vaincront pas. C’est un moment essentiel pour qu’il y ait un changement de culture par rapport à l’impôt », a déclaré mercredi Hassoumi Massoudou, le ministre nigérien des Finances, devant les partenaires extérieurs du Niger. « Nous ne pouvons pas continuer à quémander (de l’aide) sans prendre nos responsabilités », a expliqué le ministre dont les propos ont été rapportés jeudi par des télévisions locales.

Il a relevé que contrairement à ce qu’avancent ses détracteurs, le budget 2018 ne contient « pratiquement aucune mesure » affectant « les campagnes », où vivent 80% des 20 millions de Nigériens, en majorité pauvres. « En réalité, ceux qui aujourd’hui sont dans la rue considèrent que payer l’impôt est illégitime » et « nous nous battrons », a-t-il averti.

Des félicitations de l’UE

Le représentant de l’Union européenne, Raul Mateus Paula, a pour sa part « tenu à féliciter » et « encourager » le gouvernement nigérien « dans la voie des réformes », dans une déclaration faite lors de la rencontre entre le gouvernement nigérien et les partenaires extérieurs, retransmise à la télévision.

« Les (nouvelles) mesures fiscales n’ont rien d’excessif » et certaines répondent à une directive de 1998 de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) déjà en vigueur dans les huit Etats membres, avait affirmé mi-janvier le ministre nigérien de l’Intérieur, Mohamed Bazoum, un proche du président Mahamadou Issoufou.

Depuis octobre, un collectif de la société civile et l’opposition politique organisent des manifestations à Niamey et dans les grandes villes du pays pour demander « l’abrogation » de la loi de finances. Les protestataires reprochent au gouvernement d’avoir créé « de nouvelles taxes et de nouveaux impôts » qui vont « presser le peuple » et surtout d’avoir « accordé des cadeaux fiscaux d’une vingtaine de milliards de francs CFA » (une trentaine de millions d’euros) aux compagnies de téléphonie.

« Nous avons le devoir historique de poursuivre la lutte jusqu’à la satisfaction de nos justes et légitimes revendications », a prévenu dimanche dernier Nouhou Arzika, un des principaux meneurs de la contestation. Une autre manifestation contre la loi de finances est programmée le 11 mars. Pour répondre à ces vagues de protestation, la coalition des partis au pouvoir prévoit une contre-manifestation le 4 mars.