Robert Mugabe reviendrait-il en politique après son éviction ?

L’ancien président du Zimbabwé s’est fait photographier au côté d’un ancien général, candidat d’opposition à la présidentielle de 2018. Cette photo crée un vent de panique au sein de la classe politique du pays et aussi dans tout le pays.

Sur la photo, l’ancien homme fort du Zimbabwe, costume de couleur et cravate, se tient debout auprès de l’officier à la retraite Ambrose Mutinhiri, en chemise noire et tout sourire.

Ce dernier dirige la nouvelle formation politique du Front national patriotique (NFP), créé discrètement dans la foulée de la chute de Robert Mugabe le 21 novembre. Et cette semaine, Ambrose Mutinhiri, qui a démissionné de la Zanu-PF, a annoncé sa candidature à la présidentielle prévue d’ici août.

La photo des deux hommes, placée en haut du communiqué de presse du NFP, a fait l’effet d’une bombe au sein de la Zanu-PF, que Robert Mugabe dirigeait encore jusqu’à mi-novembre.

Un problème avec Mugabe

La Ligue des jeunes de la Zanu-PF, qui a pendant des décennies soutenu Robert Mugabe, a dénoncé avec virulence l’attitude de l’ancien président, scandant « A bas Mugabe » pendant une réunion mercredi à Harare. Une situation impensable il y a encore quelques mois.

Le nouveau chef de l’Etat, Emmerson Mnangagwa, patron de la Zanu-PF et candidat à la présidentielle, a reconnu qu' »il y avait un problème avec l’ancien président ». « On voit, dans les médias, différentes conjectures » sur les activités de Robert Mugabe, « nous ne savons pas ce qui relève de la réalité ou pas, mais c’est un sujet sur lequel nous nous penchons », a-t-il assuré sans plus de précisions.

La photo « conforte l’idée que la famille Mugabe est bien derrière le projet » du NFP de présenter un candidat à la présidentielle contre la Zanu-PF, estime l’analyste Gideon Chitanga interrogé par l’AFP. Pour les experts, Emmerson Mnangagwa a toutes les raisons d’être « mal à l’aise ». « C’est la panique en coulisses, en particulier à la Zanu-PF », affirme l’un d’eux, Brian Kagoro du centre de réflexion UHAI Africa.