Tunisie – Remaniement ministériel: le président désapprouve les changements

Le président Béji Caid Essebsi « désapprouve » le remaniement ministériel annoncé par le chef du gouvernement Youssef Chahed lundi soir, a déclaré la porte-parole de la présidence tunisienne, Saida Garrach, peu après l’annonce des nouvelles recrues de l’exécutif.

« Le président n’a pas été consulté sur l’amendement et en a été informé tardivement », a déclaré Garrach à la radio locale « Mosaique FM ». Selon la porte-parole du président tunisien, « celui-ci n’accepte pas cet amendement précipité qui le met devant le fait accompli ». Plus tôt dans la soirée, le chef du gouvernement tunisien a annoncé un vaste remaniement ministériel. Selon l’agence de presse officielle, le remaniement ministériel comprend 13 portefeuilles ministériels et cinq secrétaires d’État. Un homme d’affaires de confession juive, René Trabeslsi, a été nommé au poste du ministre du Tourisme.

En vertu de l’article 92 de la Constitution tunisienne, le chef du gouvernement est compétent en matière de « création, modification et suppression des ministères et des secrétariats d’État, ainsi que la fixation de leurs attributions et prérogatives, après délibération du Conseil des ministres ». Selon le même article, le chef du gouvernement est habilité à « révoquer et à recevoir la démission d’un ou plusieurs membres du gouvernement, après consultation du président de la République dès lors qu’il s’agit du ministre des Affaires étrangères ou du ministre de la Défense ». Ces deux ministères n’ont pas été concernés par le remaniement. En riposte à Chahed, le président de la République peut recourir à l’article 99 de la Constitution qui lui permet de « demander à l’Assemblée des représentants du peuple de procéder à un vote de confiance au gouvernement ».

Malaise au sein de Nidaa Tounes

Depuis 2015, le parti au pouvoir Nidaa Tounes (fondé par Essebsi) traverse une crise politique qui s’est marquée par plusieurs scissions et s’est approfondie au printemps dernier. La relation entre Youssef Chahed et le directeur exécutif du parti, Hafedh Caid Essebsi, le fils du président, s’est significativement détériorée depuis des mois ; chacun accusant son rival de nuire au parti et à ses intérêts.

Nidaa Tounes avait remporté les élections de 2014, en raflant 87 sièges des 217 sièges du parlement. Son bloc parlementaire s’est toutefois délité en raison des divisions et des dissidences passant à la deuxième place avec 51 députés. Bien qu’il ait perdu la majorité au profit du mouvement Ennahdha (68 députés), Nidaa Tounes conserve toujours la présidence du parlement (Mohammed Ennacer), la présidence de la République (Essebsi) et la présidence du gouvernement (malgré le gel des activités de Chahed au sein du parti).