Togo: sans langue de bois, l’église s’en prend aux politiques et demande le report des élections
La situation sociopolitique togolaise semble ne pas aller en s’améliorant et le pays végète depuis des années dans une sorte d’instabilité politique chronique sur fond de tensions ambiantes. Une situation qui préoccupe les responsables religieux du pays qui sont sorti de leur silence pour rappeler les politiques à penser aux intérêts de leur pays.
Lundi, les Eglises Évangélique et Méthodiste ont tenu un point de presse à Lomé, pour s’exprimer sur la situation du pays sur le plan sociopolitique. Pour les « hommes de Dieu », « la situation sociopolitique que nous vivons au Togo en cette fin d’année nous invite chacun et chacune en ce qui le concerne à réfléchir sur notre capacité à vivre ensemble et à dépasser les crises ». Ils estiment que la crise va en s’empirant malgré les différentes interventions, dont celle de la CEDEAO, pour y remédier. « Malgré les multiples efforts, malgré les différentes initiatives porteuses d’approche de solutions, la crise togolaise semble réfractaire aux différents remèdes administrés depuis 28 ans », indiquent-ils dans leur déclaration.
« L’église » s’en prend de façon énergétique aux hommes politiques togolais et, sans langue de bois, elle exprime toute sa déception face aux comportements narcissiques de ces derniers devant le ras le bol du peuple qui aspire à une meilleure vie. « La dernière tentative de la CEDEAO avec l’adoption de la Feuille de route de sortie de crise n’a pas donné les résultats attendus : aux querelles d’interprétation du document, ont succédé les difficultés de mise en œuvre des mesures pourtant acceptées par les protagonistes. »
Cette attitude de notre classe politique viscéralement obnubilée par la défense de ses intérêts politiciens amène légitimement à se poser des questions sur son attachement pour le peuple qu’elle aspire à diriger, et sur la considération qu’elle a pour les efforts de la communauté internationale, et les facilitateurs de la crise », déplorent les responsables de l’église.
Demande de report des élections
Les Eglises Évangélique et Méthodiste ont revisité la feuille de route établie par la CEDEAO afin de parvenir à un consensus et d’aller à de nouvelles consultations électorales. Elles ont indiqué que « force est de constater que d’une part les réformes n’ont toujours pas été faites, et que d’autre part la révision du fichier électoral a été faite par la CENI sans la « participation inclusive » de l’ensemble de ses acteurs » ; ajoutant que « le climat de tension et d’inquiétude qui semble régner en ces moments où toute la communauté chrétienne s’engage dans l’espérance de l’Avent exige de nous responsables d’Eglise d’interpeller toute la classe politique togolaise sans exception sur le risque d’une exacerbation de la crise sociopolitique et d’une nouvelle dégradation du tissu social ».
C’est donc, au regard de ces constats et des arguments avancés, que les Eglises Évangélique et Méthodiste ont appelé les différents acteurs politiques à accorder encore plus de temps pour la mise en œuvre des recommandations de la CEDEAO afin que les prochaines élections se passent dans la quiétude et la paix. « Au vu de tout ce qui précède, nous voudrions, au nom de la primauté de la paix, appeler les autorités compétentes à privilégier la recherche de solutions consensuelles et durables de la crise actuelle, et à repousser de quelques mois les élections législatives prévues le 20 décembre ; si elle était prise, une telle décision ne devrait pas être interprétée comme le signe d’une quelconque faiblesse mais plutôt comme une preuve d’amour pour le peuple et une manifestation du sens de la responsabilité de ceux-là qui sont aux affaires », implorent les églises.
Et d’ajouter, que « un report de quelques mois des élections législatives donnerait, par ailleurs, une nouvelle occasion aux acteurs politiques, éventuellement avec l’aide des institutions religieuses, d’approfondir le dialogue pour lever les pesanteurs (psychologiques et autres) qui empêchent d’aller aux réformes et d’embrasser un processus électoral consensuel ».
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