Bénin – Rencontre Talon/Opposition: et si c’était le bloc Djènontin-Soglo-Usl qui avait raison ?
Très attendue et assez médiatisée, la rencontre de recherche de consensus entre le chef de l’Etat, le président Patrice Talon et les forces de l’opposition n’a fait bougé la situation d’un seul iota. Humiliée, l’opposition s’est retirée la queue entre les jambes au moment où le président de la République affiche à la face du monde l’image d’un président légaliste.
Très attendue, la rencontre du président de la République, son excellence Monsieur Patrice Talon avec l’opposition s’est finalement tenue dans la soirée du Lundi 25 Février 2019. A l’analyse, rien de concret. Après trois heures de discussions et d’échanges, les deux camps se sont séparés mais les lignes n’ont pas bougé.
Retour sur l’objet de la rencontre :
Le 21 Février 2019, date de l’ouverture officielle du dépôt des candidatures à la commission électorale nationale autonome, le ministère de l’intérieur et de la sécurité publique à travers une correspondance notifie aux forces de l’opposition le certificat de conformité de leur parti politiques aux nouvelles dispositions de la charte des partis politiques. Une situation qui vient se greffer sur les difficultés rencontrées par ces derniers dans l’obtention d’un autre document (le quitus fiscal) qui, tout comme le certificat de conformité représentent deux pièces essentielles pour la validation de leur dossier de candidature.
Le hic dans la correspondance du ministère de l’intérieur, c’est que les motifs avancés pour exprimer la demande de conformité n’ont pas été évoqués alors qu’on leur avait fait des observations sur leurs dossiers. Lesquelles observations, qu’ils se sont empressés de corriger. Le certificat de non-conformité délivré alors le jour de l’ouverture du dépôt de candidature sonne dans l’esprit des acteurs de l’opposition comme une manœuvre visant à les écarter de la compétition électorale.
Ils organisent donc une réunion de crise au cours de laquelle ils tiennent pour responsable le gouvernement du président Patrice Talon pour toutes les déconvenues qu’engendraient l’exclusion des partis de l’opposition de l’élection législative de 2019. Dans la foulée, ils lancent un appel à la mobilisation générale et demande au chef de l’Etat de convoquer en urgence toutes les forces politiques pour des solutions consensuelles de sortie de crise.
Et la rencontre eut lieu:
Après des questionnements sur « faut-il y être », « faut-il ne pas y être », une délégation des forces de l’opposition fut finalement reçue dans la soirée du Lundi 25 Février 2019 par le chef de l’Etat. Elle est constituée de six personnalités politiques à savoir, Justin Adjovi, Théophile Yarou du parti des forces cauris pour un Bénin émergent; de Eric Houndété, premier vice-président de l’assemblée nationale, de l’honorable Kounsoda du Madep et de Guy Mitokpè, secrétaire général du parti Restaurer l’Espoir. Précisons que la délégation a été conduite par le ministre Candide Azannaï.
Dès l’entame, le chef de l’Etat après avoir introduit les discussions a laissé la parole au porte parole de la délégation, le ministre Candide Azannaï. « Nous sommes venus ici vous dire que ces élections n’auront pas lieu sans l’opposition car, nos dossiers faisaient parti des meilleurs dossiers. Je réclame le récépissé de mon Parti ici même avant de quitter la salle. »
En réponse aux doléances des représentants de l’opposition, le chef de l’Etat répondra: » Si vous continuez à maintenir dans vos dossiers de fausses déclarations, l’administration ne peut pas fermer les yeux dessus…Ce n’est pas à moi de vous dire ce qu’il faut faire. Je serais à votre place que je serais capable d’être présent dans la compétition ». Une réponse qui en dit long sur l’incapacité de l’opposition à constituer un dossier valide.
Le mieux que l’on peut retenir de cette rencontre, c’est que le consensus recherché et qui est d’ailleurs l’objet de la rencontre n’a pas triomphé. Les problèmes soulevés par l’opposition comme un os est resté au travers de sa gorge. Ces trois heures de temps auraient pu servi à apporter des correctifs à son dossier de demande certificat de conformité.
A l’arrivée, la rencontre était inutile. Pas de solution dans le sens de facilitation de la procédure d’obtention de quittance. Au contraire, on leur demande de relever le défi à obtenir en 24 heures, un document qu’ils tentent désespérément d’obtenir pour certains depuis plus d’un mois. Pour ce qui est du certificat de conformité, on renvoie à la légalité des acteurs politiques alors qu’ils se disent convaincus eux-mêmes d’avoir constitué un dossier parfait. « Nous avons le meilleur dossier », avait dit Candide Azannaï.
L’opposition pourra-t-elle participer à l’élection après cette rencontre ?
La clôture du dépôt de dossiers étant rigoureusement fixée à ce mardi 26 Février, il est actuellement difficile d’oser un pronostic sur le fait que l’opposition pourra désormais participer ou non à l’élection législative du 28 Avril 2019. De plus, la commission électorale nationale autonome a précisé, lors d’un point de presse, qu’il n’y aura pas de prorogation de la date de dépôt de candidature. Le chef de l’Etat n’a pas non plus évoqué cette éventualité lors des discussions d’hier avec l’opposition.
En conclusion, il vaut mieux se référer à l’opinion du chef de l’Etat. » Ce n’est pas à moi de vous dire ce qu’il faut faire (…) Donnez le meilleur de vous-mêmes pour être aux élections ». Soulignons que le parti des forces cauris pour un Bénin émergent après réception de la notification de non conformité s’est empressée d’apporter des correctifs. Pourrait-il faire autre chose que d’attendre ?
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