RDC: élections sénatoriales, la coalition de Kabila portée en triomphe

La coalition de l’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a clairement remporté la majorité des sièges aux élections sénatoriales vendredi 15 mars, affaiblissant davantage la capacité de son successeur Felix Tshisekedi à gouverner de manière indépendante.

Le chef de l’opposition, Tshisekedi a remporté une victoire surprise à l’élection présidentielle du 30 décembre contre le candidat choisi par Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary. Kabila s’est vu interdire par limite de mandat de briguer un nouveau mandat après 18 ans au pouvoir. Mais la coalition du Front commun pour le Congo (FCC) de Kabila a remporté environ 70% des sièges à la chambre basse du Parlement et une majorité écrasante des sièges aux assemblées provinciales lors des élections qui ont également eu lieu le 30 décembre. Felix Momat, un haut responsable de la FCC, a déclaré que la coalition avait remporté plus de 80 des 108 sièges au Sénat, ou chambre haute, lors des élections de vendredi, où seuls les membres de l’assemblée provinciale peuvent voter.

« Voilà une autre démonstration que la plus grande majorité parlementaire appartient bel et bien à la coalition FCC dans les deux chambres », a déclaré Momat. Jean-Baudouin Mayo, un responsable de la coalition CACH de Tshisekedi, a reconnu que la FCC avait remporté une nette majorité. En plus des 108 sénateurs élus, Kabila obtient automatiquement un siège à la chambre haute en tant qu’ancien président en vertu de la constitution du Congo.

Kabila toujours très influent

Les résultats des élections législatives et provinciales suggèrent que Kabila conservera une influence notable au Congo, un vaste pays d’Afrique centrale riche en minerais et comptant environ 80 millions d’habitants. Au cours de la campagne pour l’élection présidentielle, Tshisekedi a promis de rompre avec le mandat de Kabila, caractérisé par une corruption persistante, des violences meurtrières perpétrées par les milices à l’est et une production prodigieuse de cuivre et de cobalt qui n’ont toutefois pas permis d’améliorer les conditions de vie de la population. Les partisans de son adversaire, Martin Fayulu, ont accusé Tshisekedi d’avoir conclu un accord avec Kabila pour truquer l’élection présidentielle lorsqu’il est devenu évident que le candidat de Kabila ne pourrait pas gagner. Tshisekedi et le camp de Kabila nient tous deux que l’élection ait été truquée, mais reconnaissent qu’ils sont engagés dans des discussions sur les nominations au cabinet dans le cadre d’un accord de partage du pouvoir conforme au système semi-présidentiel du Congo.

Les élections sénatoriales de vendredi ont été entachées par de nombreuses accusations de corruption. Une vingtaine de candidats de tous les horizons politiques se sont retirés de ce qu’ils disaient être des demandes de pots-de-vin de dizaines de milliers de dollars. Le procureur général du Congo a demandé à la commission électorale de reporter le vote sur les allégations, mais elle a refusé de le faire. Bien que M. Tshisekedi ait pris ses fonctions en janvier lors du premier transfert de pouvoir du Congo par le biais des urnes, le gouvernement de Kabila est toujours en place alors que les négociations sur la nomination du Premier ministre progressent. Tshisekedi a rompu avec les politiques de l’ère Kabila, notamment en annonçant mardi qu’il libérerait trois prisonniers politiques bien connus et 700 autres emprisonnés sous le gouvernement de son prédécesseur.